GOUVERNANCE - Conseil Consultatif de la Refondation : une mangeoire pour contenter d’éventuels dissidents et autres contestataires ?
Le CCN, le Conseil Consultatif National, est dans sa phase d’installation, ce, après la nomination de ses membres, des responsables des différentes commissions et du président de l’institution. Le Président nommé ayant eu une rencontre de prise de contact avec les différents acteurs désignés, président de commissions, met ainsi en marche le processus devant conduire à l’installation officielle de l’institution. L’initiative, en elle-même, politiquement, est importante mais les gens se demandent, quand on voit le nombre de personnes cooptées pour y siéger, si elle ne va pas être une institution de trop qui ne peut pourtant se réduire à être une caisse de résonance, et qui, plus, devrait dans le contexte actuel difficile, être une institution budgétivore qui ne sert qu’à contenir ceux qui,répulsifs et connus pour être trop bavards, sont appelés à palabrer là pour s’occuper dans le luxe taillée sur mesure pour oublier les problèmes du pays pour lesquels, naguère, ils se battaient.
Quand on regarde la qualité des personnes appelées à travailler dans le cadre du Conseil, l’on peut bien craindre s’il ne s’agisse là juste que d’une stratégie pour se mettre à l’abri de contestation, de dénonciations relativement à la gestion du pays par le CNSP. On connait les combats que bien d’acteurs aujourd’hui membres du Conseil Consultatif National ont menés dans le pays pour craindre qu’on ne les éloigne de leurs convictions et de leurs combats par lesquels ils ont une certaine aura dans le pays. C’est donc, à juste titre, que les Nigériens s’inquiètent de ce que le CCN ne serve que de décor à une transition qui voudrait se donner un certain habillage républicain qui donnerait à ses acteurs la stature de dirigeants fréquentables du fait que le pays ait pu faire le choix d’une certaine normalité républicaine avec, aujourd’hui, une république décrétée, plus offerte au monde qu’au Niger où les populations, du moins à jusqu’à une certaine date, ne se gênaient pas d’avoir des militaires à la tête du pays.
Ceux qui en avaient eu le privilège, avaient-ils compris l’enjeu du travail qu’ils auront à faire là, rien que pour le pays, non pour servir des agendas autres que ceux de la refondation du pays ?
C’est pourquoi, les motivations chez les uns et les autres qui se bousculaient à trouver une place là, mettant en avant leur engagement dans le mouvement Zantchankassiste qui avait fait fureur dans le pays, certains pouvant même préciser le faut qu’ils seraient parmi les premiers qui avaient soutenu le coup d’Etat et qui avaient occupé la Place de l’Escadrille, étaient diverses. Pour ceux-là, il ne s’agit que d’un opportunisme qui a fait que nombre de ceux-là ne partaient pas soutenir de bonne foi, car motivés par quelques calculs. De ceux-là, il y a surtout ceux qui ont misé sur la visibilité de leur action ou du moins de leur activisme débridé par lequel, en tout, ils voulaient se faire voir, comme les plus engagés de la refondation. Pourtant, le soutien à la patrie n’avait pas besoin de ces extravagances car agir pour le pays, commande de le faire par amour pour la patrie, par le seul fait que l’on sait que l’on est redevable vis-à-vis de sa patrie, se donnant sans compter, non pour espérer pour soi-même mais pour seulement vouloir que le pays aille mieux pour que tous s’y sentent mieux.
Mais l’on a vu le bouchon que cela avait fait aux portillons de l’institution, chacun se servant de quelques relations, de quelques bras longs pour trouver un asile réparateur au Conseil. D’ailleurs, certains jusqu’ici ne se sont pas remis de leurs déceptions quand, la liste publiée, ils devront réaliser qu’ils ne devraient pas y figurer, obligés, s’ils y croient encore au Zantchankassa, de tenir malgré tout, maintenant leur élan de soutien en faveur de la transition. Depuis, les Nigériens ont fini par comprendre que le Zantchansassa, pour certains, était devenu un espace d’orpaillage où, chacun, à force de coups de binette et de pelle, forcent l’essai qui leur fera découvrir la pépite attendue depuis des temps d’une démocratie qui ne leur avait pas donné la chance d’une ascension espérée.
Maintenir les lignes
L’heure, dans ce pays, n’est plus aux calculs, à ce que l’on peut tirer comme dividende du fait de son engagement aux côtés du CNSP et de la transition, entendu que chaque Nigérien est appelé, par sa bonne foi, à agir de manière désintéressée pour que l’aspiration à la souveraineté soit une réalité et que le Niger, enfin, retrouve les chemins, pour ouvrir la page d’une nouvelle épopée. Il est question de laisser à nos enfants un pays dont ils peuvent être fiers demain, pour apprécier l’héritage qu’on leur aura laissé. C’est notre devoir commun vis-à-vis de l’Histoire, et personne ne peut s’y dérober. Ce pays doit absolument se redresser après des décennies d’errance démocratique qui ont ruiné le pays et dégoûté souvent les populations de la politique et de la démocratie telle qu’ils l’ont vécues depuis la conférence nationale sous nos tropiques.
Le Niger, à l’instar des deux autres pays de l’AES, vit une heure cruciale de son histoire qui oblige à faire attention à tout.
En choisissant d’intégrer l’AES, le Niger a fait le choix d’une révolution qui est pour le continent une voie ouverte vers l’indépendance, la vraie. Les pays du Sahel ne peuvent donc pas prendre le risque d’échouer quand on sait le large soutien dont ils bénéficient à travers le monde, y compris de la part de populations de pays impérialistes qui ont conscience du tort que leurs Etats leur avaient causé. L’on sait que, sournoisement ou de manière souterraine, comment certaines forces s’activent à récupérer cette Afrique perdue au Sahel, utilisant mille et une ruses pour saborder les transitions et réussir à s’y réinstaller. On voit d’ailleurs l’Amérique manoeuvrer pour revenir prendre une place qu’elle perdait. Ces pays peuvent surtout, se servant de voies diplomatiques, réussir à faire rêver des dirigeants qui ont souvent des difficultés à gérer leurs transitions, faisant face à une multitude de défis auxquels, peut-être, dans l’immédiat, ils n’ont pas de solutions. Ainsi, en leur miroitant dans le cadre d’une redéfinition de la coopération avec le Sahel, à savoir des investissements nouveaux et des accords alléchants, le but étant seulement, de détourner le Sahel de certains de ses choix qui fâchent comme l’alliance avec la Russie, l’Iran, la Turquie, etc. ces pays pourraient céder au plus offrant, toute chose qui serait alors dommage pour l’Afrique et pour le Nègre. C’est aux pays sahéliens qu’il revient alors de savoir ce qu’ils veulent, pour résister à ces tentations qui ne peuvent qu’être de nouveaux pièges de la part de partenaires qui ne peuvent jamais changer en vérité. Pour le moment, ils peuvent vouloir jouer franc jeu car ils savent ce qu’ils perdent au Sahel en perdant les trois pays du Sahel, si riches en ressources diverses.
Il faut donc rester vigilants et c’est pourquoi les populations doivent rester sur la défensive, alertant toujours, ainsi que le Général Tiani l’a luimême demandé aux forces vives, pour l’interpeller chaque fois que de besoin.
Korombeyzé (Le Canard en Furie)