Gouvernance au Niger : les Assises nationales peuvent-elles vraiment changer les choses ?
Les Assises nationales tant attendues se sont achevées. Pendant cinq jours, le Niger a été le théâtre de débats intenses, porteurs d’espoir et d’attentes légitimes. L’objectif affiché était clair : poser les bases d’une gouvernance nouvelle, fondée sur la justice, le travail et le progrès. Mais au-delà des discours et des résolutions, une question fondamentale demeure : que va-t-il réellement changer ?
Si la justice sociale a été placée au cœur des discussions, il est impératif qu’elle se traduise en actions concrètes. Le peuple nigérien n’a que trop entendu de promesses sans lendemain. Il ne s’agit plus d’édicter de nouveaux textes, mais de faire respecter ceux qui existent déjà. La loi pénale nigérienne prévoit la peine capitale pour tout détournement de fonds publics atteignant 500 millions de francs CFA. Combien de responsables ont été traduits en justice ? Quels mécanismes ont été mis en place pour récupérer les milliards détournés qui dorment dans des comptes étrangers ou dans des villas cossues hors du pays ?
Les Assises ont mis en lumière l’urgence d’une refondation réelle et profonde. Mais le risque est grand de voir ces résolutions finir dans les tiroirs, comme tant d’autres avant elles. Le Niger ne peut plus se permettre d’être le théâtre d’un populisme débridé, où la vérité est sans cesse éludée au profit d’intérêts égoïstes. Si nous voulons réellement bâtir un Niger nouveau, la justice ne doit plus être une simple incantation, mais une réalité vécue.
L’histoire jugera ceux qui ont eu l’occasion de redresser le pays et qui ont choisi de détourner le regard. L’après-Assises est le moment de vérité : soit les résolutions adoptées seront appliquées avec rigueur et impartialité, soit le pays s’enfoncera davantage dans le cynisme et la désillusion. Le peuple nigérien attend des actes, pas des discours.
Seyni I.