Gaz : est-il possible de rassurer les Nigériens ?
Le Niger est un pays souvent bizarre. Quand il importait du pétrole et du gaz il n’en avait jamais connu de pénurie. Curieusement, c’est quand il en produit qu’il vient à en manquer si fréquemment, créant fréquemment des désagréments aux populations. Et l’on se demande pourquoi cela arrive maintenant ? Ce pétrole et ce gaz, sont-ils entre les mains d’une mafia interne qui en a fait sa chose pour miser sur des pénuries artificiellement créées afin de servir son business ? Ou bien faut-il croire que c’est parce qu’il y aurait quelques bisbilles avec le partenaire chinois que cela arrive, le Chinois boudant le partenariat ?
C’est peut-être crédible comme raison quand on apprend auprès d’Africa Intelligencequ’ « En grande difficultés financières, les militaires au pouvoir à Niamey [voudraient] contraindre le géant chinois CNPC à payer des pénalités records au titre d’un très lourd redressement fiscal ».
Mais revenons au cas du gaz.
On se rappelle que depuis des années, il avait été décidé de réduire le prix du gaz, mais les tarifs décidés n’ont presque jamais fonctionné,parce qu’on apprend au niveau des services compétents, que l’Etat n’a pas la maîtrise de la chaîne de distribution, où certains acteurs non prévus s’y sont fait de la place pour rapprocher le produit des consommateurs, prenant également leurs marges pour ne pas rouler en perte, et faussant ainsi l’applicabilité de la décision de l’Etat et compliquant la situation du consommateur nigérien. Mais puisque l’Etat le sait, ne peut-il pas, en tenant compte de cet impondérable, réajuster les prix afin que le gaz soit le plus disponible et le plus accessible possible aux ménages nigériens qui s’y sont habitués, et pouvoir préserver notre environnement pour lequel se décident de grandes politiques ambitieuses de reboisement ?
Mais il n’y a pas que cet aspect du gaz qu’il faut corriger. Il y a aussi le problème de la qualité et de la quantité. L’Etat doit enquêter pour vérifier le poids des bouteilles remplies et vendues aux consommateurs. Aujourd’hui, quand on soulève une bouteille de 12kg, l’on a l’impression qu’il n’a plus le poids d’une bouteille des années 2000-2009, donnant ainsi l’impression que quelques distributeurs véreux jouent également sur le remplissage pour se faire trop de bénéfices. Ah, on connait ces gens qu’on chassait du pouvoir, ils ne voient en tout que des moyens de se faire de l’argent ! On peut d’ailleurs facilement s’en rendre compte, parlant du poids des bouteilles, quand on voit qu’une bouteille de 12kg aujourd’hui, ne peut faire deux bonnes semaines. Pire, alors que le gaz ne dégage pas de la fumée noire, aujourd’hui, le gaz que l’on a souvent sur le marché, noircit les ustensiles et même les intérieurs des cuisines comme si l’on cuisine encore avec le bois.
Enfin, il y a à considérer l’aspect sécurité de l’utilisation du gaz domestique qui, sans qu’on en parle trop, fait ses victimes silencieuses dans le pays. Combien de fois a-t-on en effet entendu parler d’explosions de bouteille de gaz, suite aux quelles des personnes – et très souvent des femmes – perdent la vie, rajoutant aux tragédies des accouchements ? Les bouteilles que l’on a sur les marchés, sont-elles véritablement conventionnées, pour sécuriser l’usage du gaz à des fins domestiques ? Certaines ne sont-elles pas vétustes pour ne pas garantir une sécurité aux consommateurs ? C’est sans doute pour cette raison de la sécurité que beaucoup de familles résistent encore à mettre le gaz dans leurs maisons pour s’en servir.
Tous ces problèmes doivent être pris au sérieux pour que le gaz soit une alternative au bois et au charbon. Régler les problèmes des coûts, notamment de la quantité, de la qualité du gaz, et le problème non moins important de la sécurité de l’usage du gaz domestique est un impératif de notre refondation.
Gobandy (Le Monde d’Aujourd’hui)