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Forum sur le renforcement de la cohésion sociale à Diffa : La prévention des conflits communautaires au centre des échanges entre le Chef de l’Etat et les différentes couches sociales de la région

Au dernier jour de sa mission de travail à Diffa, le Président de la République Mohamed Bazoum a présidé, hier dimanche 19 décembre 2021, un forum sur le renforcement de la cohésion sociale. Organisée par les autorités régionales et la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP), cette initiative vise entre autres à échanger sur les préoccupations des populations, notamment les questions des conflits communautaires, mais aussi à proposer des solutions durables à ces problèmes. L’ouverture de cette rencontre s’est déroulée dans la salle de conférences de la Maison des Jeunes et de la Culture de Diffa en présence des présidents des institutions de la République, de certains membres du gouvernement, du Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, du gouverneur de la région de Diffa, des responsables des Forces de Défense et de Sécurité et de plusieurs participants.

 Cette rencontre d’échange a regroupé, autour du Chef de l’Etat, les autorités administratives et coutumières, les élus locaux, les ONgs et Associations de développement, les organisations des jeunes et des femmes, les forces de défense et de sécurité, et certains partenaires qui interviennent sur les questions mises en discussion. La rencontre s’est tenue à huit-clos, même si avant le démarrage des échanges, le gouverneur de la Région de Diffa, M. Issa Lemine et le Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP), le Général de Brigade Mahamadou Abou Tarka ont intervenu pour situer le contexte et souligner les objectifs dudit forum.

Ainsi, le gouverneur de Diffa a dans son mot de bienvenue exprimé, au nom de la population de sa région, sa reconnaissance au Chef de l’Etat pour l’attention qu’il ne cesse d’accorder à leurs préoccupations et cela, depuis sa prise de fonction. M. Issa Lemine a rappelé toutes les actions menées par le gouvernement sur instruction du Chef de l’Etat, en faveur de la population de Diffa en vue de l’accompagner à faire face à toutes les préoccupations qui sont les leurs. Il a rappelé l’acte inoubliable que constitue la visite du Président de la République à Baroua et dans plusieurs autres villages environnants dans le cadre de son engagement de faire retourner les populations déplacées dans leurs villages respectifs.

Le Gouverneur a également précisé que ce forum se tient sur instruction du Président de la République qui a souhaité rencontrer les différentes communautés pour échanger directement et ouvertement avec elles sur les questions des conflits communautaires. M. Issa Lemine a profité de ce moment pour rafraichir la mémoire des uns et des autres sur les différentes préoccupations des communautés dont les plus récurrentes sont les conflits communautaires liés à l’exploitation des ressources naturelles, l’élevage, la pêche, l’agriculture, etc., des conflits qui, dit-il, conduisent souvent à des affrontements meurtriers. C’est cette situation principalement qui préoccupe, le plus, le Président de la République. Ce forum permettra de faire le point sur les engagements des chefs traditionnels pour le renforcement de la cohésion sociale dans la région de Diffa.

Pour sa part, le président de la HACP, le Général Mahamadou Abou Tarka, a rappelé que les questions de paix et de stabilité sont au cœur des missions de l’institution dont il a la charge. « L’objectif principal de ce forum est de sauvegarder et renforcer la cohésion sociale dans une perspective de consolidation de la paix sous-tendue par une gestion durable des ressources naturelles», a-t-il souligné.

Le Président de la HACP a, ensuite, présenté le contexte socioéconomique de la région de Diffa qui fait face à des multiples défis dont celui, lié, depuis 2015, aux agressions du groupe terroriste Boko Haram, les effets du changement climatique caractérisés ici, par des inondations et des sécheresses récurrentes. «Le changement climatique a réduit les espaces viables et exacerbé la compétition pour l'accès et l'utilisation des ressources naturelles. L'insécurité à son tour, a eu comme effet de limiter l'accès aux opportunités du Lac et de la Komadougou qui étaient des soupapes de sureté pour les pasteurs et constituaient la base essentielle pour l'agriculture et la pêche. La superposition de ces différents types de crises a accru les besoins humanitaires dans la région et a aggravé la vulnérabilité et la pauvreté des communautés et des ménages», a expliqué le président de la HACP.

Cette crise, a-t-il notifié, a, à son pic, occasionné le déplacement forcé de près de 350.000 personnes recensées dans la région de Diffa, comprenant également des réfugiés nigérians et des Nigériens déplacés internes ou retournés. «La situation s'est sensiblement améliorée grâce aux mesures ordonnées par le Président de la République qui a accédé à la demande des populations, qui, éprouvées par les conditions de plus en plus intenables des camps de réfugiés, avaient souhaité retourner dans leurs villages et lieux de production économique», a souligné le général Mahamadou Abou Tarka. D’après le président de la HACP, l’amélioration sensible de la situation sécuritaire a facilité ce retour et la réinstallation des déplacés dans leurs villages abandonnés.

«De plus, la présence des populations protégées par les forces de sécurité, l'accompagnement de l'autorité administrative et la mise en œuvre des projets de relèvement et de stabilisation, se sont conjugués pour créer un cercle vertueux interdisant à Boko Haram de se déployer aisément. On a pu dire à un moment que le retour des populations, qui s'est traduit par la densification de l'occupation de l'espace, participe de la stratégie militaire du combat contre Boko Haram», a précisé le Président de la HACP. Cependant, a-t-il ajouté, la combinaison des risques et vulnérabilité sécuritaires et naturels a entraîné des résurgences sporadiques de conflits intra et intercommunautaires : pasteurs contre pasteurs, pasteurs contre agriculteurs, pasteurs contre pêcheurs, agriculteurs contre pêcheurs, agriculteurs contre agriculteurs, etc.

Ces conflits, a expliqué le président de la HACP, ont pour causes entre autres : d'abord la méconnaissance des textes de loi et de règlement qui organisent le domaine rural.

Ensuite, lorsque des aspects de ces textes étaient trop évidents pour être méconnus, ils ne sont pas appliqués. Cette non application n'expose à aucune sanction du fait de l'absence d'un contrôle et de supervision hiérarchique et enfin, il faut regretter les interférences politiques, les pressions de toute sorte dans la gestion des infrastructures de services, en particulier des ressources hydrauliques pourtant cruciales pour l'équilibre des terroirs et la répartition des populations dans l'espace.

«Le présent forum nous donne une occasion importante pour avancer (…). Il nous donne une occasion pour anticiper et endiguer l'aggravation des conflits intra et intercommunautaires qui perturbent régulièrement les dynamiques de développement dans la région de Diffa», a souligné le général Mahamadou Abou Tarka.

Selon le président de la HACP, les deux jours de réflexions et discussions devraient aussi donner l'occasion aux participants de rappeler le niveau de mise en œuvre de tous les engagements précédents pris par les chefs traditionnels pour la prévention des conflits communautaires dans la région ; rappeler les causes connues des conflits, identifier et analyser les meilleures manières pour y faire face ; rappeler encore une fois, l'importance des textes législatifs et réglementaires en vigueur pour une gestion durable et pacifique des ressources communes, formuler des recommandations ; mettre en place un comité de suivi des recommandations et résolutions», a-t-il précisé. En somme, les participants échangeront longuement pour faire des propositions de solutions en vue d’accompagner les efforts du Chef de l’Etat dans ce sens. 

Ali Maman(onep),envoyé spécial