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Entretien avec Elhadj Moustapha Kadri Sarkin Abzin, Président de la Confédération de la filière oignon de Tahoua et Président de l’Observatoire régional de l’oignon en Afrique de l’Ouest et du Centre

Vous êtes l’un des principaux leaders de la filière oignon au Niger et en Afrique. Quelle est votre vision pour l’oignon à cette ère d’industrialisation de l’Afrique?

Ça fait longtemps que nous cherchons à industrialiser la production de l’oignon, son stockage, et aussi sa transformation et sa commercialisation. Si nous voulons réellement développer la filière oignon, surtout l’oignon violet de Galmi qui est Nigérien, il faut passer à une mise à l’échelle de tout ce que je viens de citer. Toutes les étapes doivent être renforcées, y compris la production d’oignons de qualités supérieures et respectueuse de l’environnement.

Quels sont les grands producteurs d’oignons en Afrique de l’Ouest et du Centre ?

Les plus grands producteurs d’oignon de la région de l’AOC, c’est-à-dire de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, sont incontestablement le Niger et le Nigeria. Ces deux pays sont une référence dans le secteur. En plus du Niger et du Nigeria, le Ghana, le Tchad et le Cameroun sont aussi des producteurs d’oignon.

Par rapport au violet de Galmi qui a déjà pris une avance sur les autres types d’oignons, quels sont les projets qui permettront au Niger, dans le cadre de la ZLECAF, de conquérir le continent et au-delà, le monde ?

La libre circulation des personnes et des biens doit être effective sur l’ensemble du continent, en partant notamment de son application par les sous-régions en priorité. Il faut que nous ayons la libre circulation de l’oignon et des acteurs de la filière oignon partout où le besoin s’impose. Car, c’est cela la base du développement du secteur même de l’oignon dans sa globalité.

Avec la nouvelle stratégie de soutien à la filière oignon au Niger, vous pouvez transporter sur l’ensemble du territoire l’oignon du Niger, donc le violet de Galmi inclus, sans débourser le moindre franc. Alors même que dans un passé récent, pour ramener l’oignon à Niamey à partir des villes de Galmi, Madaoua, Tamaské et Keita, il fallait débourser jusqu’à 200.000f CFA. Le gouvernement aide le développement de la filière oignon en nous octroyant le bon d’enlèvement. C’est l’occasion pour nous de le remercier pour cet effort.

«Le gouvernement aide le développement de la filière oignon en nous octroyant le bon d’enlèvement»

Malheureusement, de l’autre côté, après la frontière du Niger, pour traverser le Burkina Faso, il nous faut débourser plus de 200.000f CFA. Quand vous amenez l’oignon du Niger, produit au Niger, au Ghana, il vous faut payer plus de 400.000f par camion et quand vous l’amenez en Côte D’ivoire, il vous faut débourser, en faux frais, 450.000f, toujours par camion. C’est pour cela que nous insistons sur cette liberté de circulation. Comme le Niger a facilité la libre circulation de l’oignon et des acteurs de la filière, il revient aux autres Etats de nous faciliter la tâche. Parce que, il n’est pas question de payer toute cette enveloppe-là pour faire traverser un camion d’un pays à un autre a un moment où nous parlons d’inclusion et de marché commun. Les choses se passent comme si on n’est pas dans la CEDEAO alors que nous sommes dans l’espace commun et que notre produit, produit au Niger, doit pouvoir circuler librement.

Nous attendons donc à ce que, avec la mise en œuvre de la ZLECAF, la libre circulation de l’oignon soit effective. Apres la circulation, il va falloir s’attaquer à la transformation pour maximiser sur la valeur ajoutée. Et enfin, Il faut veiller à  l’industrialisation. Le Niger a de l’expérience dans la filière oignon. On maitrise la production, le stockage, la commercialisation, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’exportation. Nous savons transformer l’oignon en lanière, semoule, poudre, et même en biscuits et chocolat.

Et quelle valeur ajoutée de la poudre d’oignon ?

La poudre d’oignon est un levier sûr sur lequel le Niger peut compter pour lancer véritablement l’industrialisation de sa filière oignon, tirée par la renommée internationale du violet de Galmi. Actuellement, nous produisons en moyenne 1,4 millions de tonnes d’oignons. Si nous transformons cette quantité en poudre, on n’aura que 140.000 tonnes de poudre d’oignon. Cela ne représente même pas un dixième des besoins de Nestlé à lui seul. Alors même qu’on a Nestlé, Unilever, et bien d’autres gros clients qui seront ravis de se procurer notre poudre d’oignon.

Il nous appartient, nous Nigériens, en tant que propriétaires légitimes du violet de Galmi, d’être les principaux fournisseurs de poudre d’oignon dans cette variété. Ce débouché qui est à portée de main, permettra de rendre quasi inexistantes les pertes après récolte, de réduire le temps de stockage et booster la production d’oignon et surtout, de développer une main d’œuvre qualifiée dans la transformation industrielle de l’oignon. Nous demandons au gouvernement et ses partenaires de nous appuyer à organiser cette industrialisation afin de nous permettre de produire et de transformer notre oignon tout en respectant les normes de qualité que la Nestlé nous demande.

Est-il souhaitable que le Niger déploie une offensive diplomatique en faveur de l’oignon nigérien, tout comme il l’a fait avec succès dans le cadre de la ZLECAF ?

Oui, il s’agit de cela. C’est ce que nous recherchons et toute notre offensive tourne autour de cela. Il fallait mettre tout l’effort que le pays peut déployer, de la même manière qu’il l’a fait pour la ZLECAF, en faveur de l’industrialisation de la filière oignon dans laquelle nous sommes leader en Afrique. Il faut que le Niger fasse en sorte que notre produit phare, le violet de Galmi, soit vraiment exporté dans le monde entier. Le violet de Galmi est recherché à travers le monde entier à cause de sa saveur de ses vertus authentiques.

L’appui du gouvernement à la filière est-il donc concret ?

Le gouvernement nous a aidé à nous structurer. On a des coopératives et des unions de coopératives au niveau des communes, des fédérations au niveau des départements et des bureaux régionaux. On a aussi un bureau national au Niger et on preside au destin du bureau de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Cette structuration-là, sans l’appui du gouvernement nous ne pouvons pas l’avoir. Mais, nous disons que ce n’est pas suffisant. Il faut nous aider à nous former et à nous équiper. Nous former par exemple dans les normes de qualité. Nous équiper avec des petits équipements. Vous avez vu tout ce que les femmes font au Niger. Elles transforment l’oignon en poudre et pour transformer l’oignon en poudre il y’a des équipements qui sont faciles d’utilisation et qui peuvent couper l’oignon, le sécher et l’écraser pour le transformer en poudre.

Souleymane Yahaya (ONEP)

Source : http://lesahel.org/