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Entre zèle et manque de réalisme de la part de Tinubu, le nouveau Président en exercice La CEDEAO

 (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), depuis quelques années qu’elle s’éloignait de ses principes directeurs, et des peuples, était tombée en panne, devenant, sous la férule de quelques Etats francophones qui, en invitant leurs maîtres blancs dans le financement de l’organisation, une pauvre chose qui a fini par dégoûter les peuples de l’espace. Ceux-ci, ne peuvent donc plus croire en elle, n’y voyant qu’un instrument au service de ses leaders qui l’ont réduite en un syndicat pour se serrer les coudes, notamment lorsque, par leur mal gouvernance, un membre du « syndicat » venait à rentrer en difficulté avec son peuple. On savait que l’organisation sous-régionale, au moment où elle était sous le leadership du Nigéria, nourrissait de grandes ambitions et réussissait à fédérer tous les peuples de l’espace qui y voyaient le cadre de leur émancipation politique, économique et culturelle. Hélas, la mainmise des Francophones, qui ne peuvent marcher sans leurs « maîtres », a fini par placer l’organisation sous tutorat impérialiste Qui peut dire combien elle a souffert depuis qu’elle s’est souvent retrouvée sous la direction de Chefs d’Etat francophones et qui, le plus souvent, gouvernent mal, ne respectent aucun des principes que la communauté s’est fixés comme objectifs à atteindre et à suivre afin de reconstruire l’identité politique d’un espace qui a la chance de réunir, quand même, des peuples de deux histoires coloniales différentes : française et anglaise. Mais, voilà que depuis le dernier sommet se tenait en Guinée Bissau, la direction de la CEDEAO revenait au Nigéria, et à son tout nouveau président élu démocratiquement – pas à la manière francophone – donnant à espérer qu’enfin, les conditions peuvent être réunies pour que la CEDEAO renoue avec ses valeurs, dirige avec principe la communauté en imprimant le leadership qu’on lui a toujours reconnu. Dès lors, avant toute chose, n’est-il pas opportun de refonder la CEDEAO et surtout de mettre au goût du jour ses textes, notamment ceux qui ont un rapport avec la gestion de la démocratie et les droits civils dans les pays de son espace ? Au même moment, sans doute, faudra-t-il qu’elle reconsidère ses sources de fonctionnement pour avoir un regard souverain sur son fonctionnement et sur ses décisions ? N’est-il pas intéressant à ce niveau d’envisager des mesures coercitives pour que les Etats membres s’acquittent honorablement de leurs cotisations et participent pleinement au financement de l’organisation ? Comment peut-on avoir la maitrise de sa politique et de ses orientations, de sa liberté de choisir et de décider, quand c’est un autre qui doit assurer le financement de l’organisation ? Il y a donc des choix à faire et à assumer. En se réunissant la semaine dernière, le dimanche 09 juillet 2023, la CEDEAO donnait à espérer un nouveau souffle dans la vie de la CEDEAO avec Bola Tinubu qui succédait à Umaro Sissoco Embalo à la tête de l’organisation ouest-africaine. Quelques signes pouvaient conforter cette espérance quand, on ne peut voir un grand enthousiasme autour de la cérémonie de sa prise de fonction et surtout quand, jusqu’ici, l’homme est resté chez lui pour s’occuper des affaires de son pays, non sans envisager des mesures qui peuvent gêner des économies autour du Nigéria. Pour le moment, aucun pays de l’espace n’a reçu sa visite et on peut croire que l’homme pouvait être capable de prendre ses distances vis-à-vis d’une certaine façon d’entrevoir les relations au sein de la communauté et entre Etats voisins. Après que, misant sur ses vieilles rigueurs, l’on avait cru que la CEDEAO, avec Buhari, puisse insuffler une dynamique nouvelle à la démocratie dans l’espace CEDEAO, l’on avait été déçu de le voir se complaire dans le copinage, marchant avec des hommes d’Etat comme le Nigérien Issoufou Mahamadou , incapable désormais d’être ce grand homme d’Etat qu’il avait été en d’autres temps, ruinant son image et sa réputation. Faut-il croire que l’homme qui lui succède puisse être capable du meilleur tant pour le Nigéria, son économie et sa sécurité que pour la CEDEAO dont il assure depuis des jours la présidence ? On ne peut y répondre qu’en analysant ses premiers discours à la suite de son sacre à la tête de la CEDEAO. Un discours peu traçable… L’on peut se réjouir que ses mots fassent référence à la démocratie pour croire qu’il puisse en faire une préoccupation de son mandat dans sa gouvernance de l’organisation communautaire. Sans doute, a-t-il pu comprendre le malheur de nombre de pays membres de la CEDEAO où l’on voit se développer des crises politiques et institutionnelles. Peut-il avoir compris que le mal de ces espaces en crise vient de la qualité piètre des démocraties et surtout de la gestion des élections ? L’on ne peut, de ses points de vue, que se réjouir de ce qu’il ait pu considérer la démocratie comme la « meilleure forme de gouvernement », bien qu’elle soit « très difficile à gérer », notamment par une élite qui, en réalité, n’a rien de démocrate dans son comportement, si ce n’est dans un certain discours trompeur, démagogique. Certains de ses propos peuvent d’ailleurs rassurer sur ce sujet. En effet, parlant de cette bonne démocratie, il dira : « Nous en avons besoin pour être un exemple pour le reste de l’Afrique et du monde ». Mais, on peut regretter qu’il ne se fonde que sur un regard parcellaire sur le problème notamment quand, sans analyse, il ne voit et ne condamne que des coups d’Etat qui ne sont pourtant que la conséquence de la mauvaise gestion de la démocratie et des élections. Les peuples ne demandent rien que le respect des principes qui fondent la démocratie et la tenue d’élections transparentes, inclusives et libres.

Plaindre une vision étriquée de la démocratie chez le nouveau patron de la CEDEAO Quand, s’exprimant sur la récurrence des coups d’Etat, sans s’interroger sur les causes pour ne juger que les conséquences, le nouveau président de la CEDEAO est dans une mauvaise lecture de nos problèmes en Afrique de l’Ouest et il n’est pas évident que son présidence soit la bonne pour une CEDEAO en crise qui risque même, si elle continue à s’en tenir à une telle lecture étriquée, par se disloquer. Certains signes d’effritement sont visibles et, puisset- elle être puissante, la CEDEAO ne peut contraindre un Etat à en faire partie dès lors que par rapport à sa gestion, un pays peut ne peut pas se reconnaitre en elle, et ne pas se sentir concerné et engagé dans ses décisions. Ils sont nombreux les pays qui boudent l’organisation telle qu’elle fonctionne, manipulée pour n’être qu’un vil instrument au service de la force impériale. Comment donc comprendre Tinubu quand il dit : « Nous ne permettrons pas qu’il y ait coup d’État après coup d’État en Afrique de l’Ouest. Peut-il en avoir les moyens quand son pays, même première puissance d’Afrique, il peut savoir que son pays a mieux à faire, lui, ne peut, depuis plus d’une décennie, vaincre Boko Haram ? De quelle force peut-il se targuer d’aller attaquer un autre pays, soit disant qu’il y va pour rétablir l’ordre constitutionnel et surtout quand, dans le cas, le peuple se met debout pour soutenir des putschistes ?

Déjà, Omar Alieu Touray, président de la commission de la Cedeao, semble se distancer d’une telle posture belliqueuse qui ne peut qu’aggraver des situations déjà difficiles au lieu de les calmer. En effet, lui plus réaliste, exhorte les juntes de ces pays à respecter leurs engagements et les délais annoncés pour un retour à une vie civile, même si le seul fait que le pouvoir soit détenu par des civils n’en donne aucun gage de stabilité, surtout quand on sait qu’on est arrivé là, justement, par leurs manquements graves à la démocratie et aux droits.

Bola Tinubu a d’autant intérêt à revoir sa lecture sur le problème qu’il ne semble pas être sur la même longueur d’onde avec l’UEMOA. Il ne peut pas gagner l’option militaire face aux coups d’Etat si l’intention n’est de venir massacrer un peuple. Ce que doit faire la CEDEAO, c’est d’obliger ses « syndiqués » à revenir aux normes démocratiques, à gouverner mieux économiquement et à organiser des élections acceptables pour tous dans ses Etats membres. C’est le seul moyen, et le seul vraiment, pour éviter des coups d’Etat qui ne sont qu’une solution ultime quand les gouvernants sont têtus à entendre les colères des peuples.

On gouverne pour les peuples, non pour un individu. Et l’on ne peut soutenir un dirigeant dans ses dérives.

C’est un fait.

Mairiga