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Enquête sur l'affaire des motos saisies par la douane : Le CNSP a-t-il été trompé dans l'affaire ?

Saisie de 602 motos a niameyIl y a quelques jours, les Nigériens apprirent, médusés, la saisie d'un camion transportant des motos neuves qui, apprenait-on, seraient destinées à l'usage des terroristes. On en était d'autant ébahi qu'on se demandait quelle intelligence pourrait amener des acteurs impliqués dans le crime, si tant est que cela s'avérait - à suivre des circuits normaux de l'import pour servir le terrorisme. On n'y comprenait rien car, à l'époque, l'on n'avait pas l'identité des personnes impliquées. Il s'agit pourtant de gens connus des registres et régulièrement inscrits pour croire qu'ils ne pourraient pas s'engager dans de telles actions. Ces derniers avaient pourtant suivi toutes les procédures douanières jusqu'à ce que le camion en question soit immobilisé au PK 10 sur la route de Gaya et conduit à Niamey.

En effet, les propriétaires du camion immobilisé, après la saisie, selon des sources crédibles, auraient été dans le bureau du DG de la Douane pour présenter leurs documents de douane qui les blanchiraient, selon leur version, de tout soupçon qui les mettrait en cause dans une action terroriste car, cela fait longtemps qu'ils évoluaient dans le commerce de motos. Ils allaient, notamment avec le T1 avec toutes les formalités douanières, le premier document de douane qui montre que le camion saisi est en transit, entrant au Niger par le Nigéria, mais venant du Benin, pour passer par Konni et rentrer au Nigéria. Les motos en question, apprend- on, sont destinées au commerce de la part d'acteurs économiques qui seraient bien connus depuis longtemps dans cette activité.

Affaire troublante ?

Selon nos sources, de l'aveu même du Directeur Général des Douanes, il ne pouvait rien car, apprenait- on, la décision venait du haut, un haut qu'on ne saurait ni définir ni préciser, mais qui expliquait que la destination des motos serait les groupes armés terroristes. Il s'agit, en tout cas, des commerçants bien connus qui ont leur NIF établi le 16 mars 2023 à Niamey et un certificat d'immatriculation au registre de commerce pour exercer le commerce général, fautil le redire et, selon certaines sources, la société a pour adresse Relay Konni Azawad et pour principale activité la vente de motos. Et les responsables de la société prétendent même n'avoir jamais vendu de motos à des terroristes contrairement aux allégations qui leur sont opposées. Et pour cause, ils ne sont jamais en fuite pour s'effrayer de ce qui pourrait leur arriver, gardant leur sérénité, mais comptant sur une justice pour les blanchir de ces graves accusations à travers lesquelles ils disent ne pas se reconnaitre. En tout état de cause, jusqu'à cette date, aucun des acteurs qui seraient impliqués n'a été inquiété, ni les commerçants ni le camionneur ni le transitaire. Les douaniers même se montrent embarrassés par le dossier, quand la décision d'arrêter le camion vient d'un niveau pour contrarier le travail de leurs services qui savent toute la responsabilité qu'ils ont à oeuvrer à faire attention à ce qui peut nuire à la sécurité du pays.

Des vérités à rechercher…

Quand les personnes concernées restaient sans être inquiétées et qu'elles ne se soient pas pour autant agitées pour perdre leur sérénité et fuir, sûres peut-être, à ne rien se reprocher dans une activité normale qu'ils menaient en toute légalité (les documents administratifs le confessent), sans jamais s'engager dans des activités criminelles qui les met en conflit avec la réglementation, il y a lieu de creuser encore dans ce dossier afin d'en savoir davantage pour ne pas, dans le souci de combattre le phénomène du terrorisme, commettre une autre injustice. Il y a toujours des erreurs dans les actes que les hommes posent. C'est normal. Ce qui est grave, ce n'est pas tant d'en commettre justement, mais de ne pas réparer chaque fois qu'on se rend compte de son erreur qui aura poussé à condamner ce qui ne devrait pas être condamnable.

Le CNSP vient pour la vérité. Il vient pour la justice et c'est pour cela qu'il doit tout faire, pour remettre en cause certaines de ses décisions et de ses choix, certains de ses actes et de ses projets, et revenir à les repenser pour enfin prendre la décision qui pourrait ne pas lui causer de problème de conscience. Dans ce Niger nouveau, tout doit être irréprochable.

C'est à cela qu'appelle cet article.

Ali Soumana (Le Courrier)