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Editorial : Quand l’Histoire se répète à la gloire du peuple souverain - Par Alou Moustapha

Le 16 Mai 1974, le Capitaine Adamou Moumouni Djermakoye, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération et membre du Conseil Militaire Suprême (CMS), qui venait de prendre le pouvoir au Niger, un mois auparavant, annonçait à l’opinion nationale et internationale la décision des autorités de notre pays de demander le départ du détachement de l’armée française stationné à Niamey.

« -Considérant que pour être fructueuse et pérenne, cette coopération doit s’inscrire dans le cadre de la souveraineté de chaque Etat et l’égalité des partenaires.

-Considérant que le stationnement de troupes étrangères sur le territoire d’un pays constitue une atteinte à sa souveraineté.

-Demande au gouvernement français le départ dans les meilleurs délais du détachement français du 4ème RIAOM stationné à Niamey » clamait le Porte-parole du régime en place sur les ondes de la Voix du Sahel qui venait juste de naitre sur les cendres de Radio-Niger.

Sans murmure ni hésitation, mais la mort dans l’âme, la soldatesque de la France colonialiste, non sans détruire et détraquer le matériel existant, plia ses bagages, pour libérer le camp Leclerc qui sera baptisé quelques jours plus tard camp Bagagi Iya.

Le vendredi 22 décembre 2023, derechef, l’armée française débarrassa le plancher, quitta le Niger, libéra notre sol, chassée et emportée par une bourrasque  souverainiste, un torrent de contestations populaires, un tourbillon de plaintes et complaintes d’un peuple décidé à prendre son destin en main sous la guidance du Général de Brigade Abdourahamane Tiani, de ses compagnons d’armes du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie(CNSP) et du Gouvernement dirigé par le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine .

A l’inverse du départ des troupes françaises sur notre sol de 1974, demandé d’autorité par le régime en place à l’époque, le désengagement de leurs cadets opéré vendredi dernier, dont certains étaient en villégiature, d’autres en ballade de plaisance et la plupart, des géologues et ingénieurs de tout acabit accoutrés de la tenue militaire française, en mission d’exploration et d’extraction de minéraux et autres richesses minières dont regorge abondamment notre sous-sol béni, était une exigence nationale, une revendication populaire, une question de survie gérée de main de maitre par le peuple souverain.

Chassées en 1974, les troupes françaises d’occupation qui sont en vérité les alliés objectifs des forces terroristes qui écument la zone des trois frontières et partout où la France a des intérêts sur notre sol, étaient revenues se réinstaller sur nos terres, à la grande surprise des populations et au grand dam de nos vaillantes forces de défense et de sécurité, à partir de 2011 grâce à une alchimie inavouée parce qu’inavouable, insolite et machiavélique de l’ordre ancien dont les animateurs, au plus haut sommet de l’Etat, sont inféodés et agissent pour et au nom de la France tutélaire.

Obnubilés et mystifiés par l’Elysée, ces dirigeants du système qui s’est écroulé, heureusement, le 26 Juillet 2023, ont permis à la France de « déverser » ses soldats et pousse-cailloux dans notre pays pour s’adonner à tout sauf la mission pour laquelle officiellement ils étaient présents et qui a été un prétexte pour leur imposture.

Curieusement, les forces obscures qui endeuillaient nos populations étaient montées en puissance, leurs sinistres prouesses se multipliaient de jour en jour et leurs logistiques étaient devenues plus performantes à l’arrivée de ces colonnes françaises.

Devant cette fourberie de l’armée française, au surplus face à la complicité doublée de duplicité active de l’ordre ancien, les populations des villes et des campagnes de toutes les régions du pays se sont levées comme un seul Homme pour exiger le départ des troupes colonialistes.

Les forces de défense et de sécurité, émanation de la Nation, partie intégrante du peuple, témoins de l’hypocrisie de l’armée française voire de sa franche collaboration avec les forces terroristes qu’elle parraine et sponsorise, ont décidé de prendre en compte le desiderata du peuple souverain, d’écouter le cri de cœur de la Nation qui assiste impuissante à la mort de ses fils et filles sous les balles criminelles des imposteurs encadrés, informés et renseignés par la France.

La contestation populaire contre la présence des troupes françaises au Niger et plusieurs autres maux qui minaient jusqu’au pourrissement total le régime déchu ont fini par convaincre nos valeureuses forces de défense et de sécurité de prendre le pouvoir pour sauver la patrie.

Après moult indélicatesses, maintes provocations, plusieurs tentatives d’humiliations voire de déstabilisation de notre pays, en collision avec des traitres à la Nation, fugitifs notoires, fieffés combinards contre leur propre pays, et quelques conglomérats sous régionaux, mais face à la volonté du peuple souverain d’en découdre avec n’importe quel maitre-chanteur ou partenaire perfide, la France a finalement accepté de quitter toutes ses emprises sur notre sol à travers le respect strict du processus de désengagement total entamé depuis quelques mois et parachevé  vendredi dernier  en présence des pays garants.

Sans nul doute, le 22 décembre 2023, le peuple souverain a remporté une bataille dans la grande guerre pour la reconquête de sa souveraineté et est plus que jamais conscient que le chemin est long d’où la nécessité pour les fils et filles de la Nation de rester vigilants, solidaires, unis, pour poursuivre ensemble l’œuvre exaltante de la sauvegarde de la patrie et de construction nationale.

Sans conteste, les partenaires du Niger d’aujourd’hui et de demain, surtout ceux qui avaient profité du copinage et des amitiés personnelles, sont, maintenant, conscients que « la présence des troupes étrangères doit être passée par des textes, on ne se lève pas du jour au lendemain pour venir s’assoir dans un pays avec des armes et des chars », comme le disait le Général de Corps d’Armée Salifou Mody, Ministre d’Etat, Ministre de la Défense Nationale.

Alou Moustapha (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org