Éditorial - Marcher zen sans se compromettre : Éviter les pièges de l’ancien régime au Niger - Par Ali Soumana
Marcher zen sans se compromettre
Depuis des jours, à tort ou à raison, pour une raison ou pour une autre, les Nigériens ne cessent d’interpeller la transition, à faire attention à des gens dont les discours pourraient bien la tromper. On les connait très rancuniers, et à l’imagination fertile pour construire des complots, et poser des peaux de banane. Le CNSP doit comprendre que ces gens ont mille et une raisons de lui en vouloir, elle qui venait mettre fin à leur paisible pâturage sur les prairies d’un pays qu’ils ont dévasté pour servir leur gloutonnerie. Cette transition ne doit pas être initiée pour rien. Elle doit apporter des solutions pérennes aux problèmes structurels qui se posent à la gouvernance démocratique et à la gestion de l’Etat. Ces événements qui ont bousculé l’histoire du pays et qui ont pris de court tout le monde sont une chance. La main incorruptible de Dieu qui s’y est invité pour déterminer le cours de l’Histoire est un signe qui appelle à plus de prudence et d’attention pour comprendre l’irréversibilité de la marche actuelle du pays et éviter à ce pays des situations dommageables à la volonté affichée de « sauver la patrie ». Sauver la transition reviendrait à clarifier la position du CNSP vis-à-vis de certains acteurs de l’ancien système qui, quand même très sales, semblent bénéficier des indulgences du régime militaire. Or, ces appréhensions, somme toute légitimes au regard des discours qui justifiaient le coup d’Etat et des promesses de ne défendre personne, n’aident pas à renforcer la confiance avec le peuple. Les rêves que donnaient les militaires aux Nigériens ne doivent pas être trahis. Dans la compréhension que tous les Nigériens sont égaux, il y a à faire en sorte que chacun réponde de ses actes. C’est absolument nécessaire. Le pari de la justice, dans cette marche du pays, est à tenir vaille que vaille car un pays sans justice est exposé à tous les périls. Or, ce Niger n’en a plus besoin. Les Nigériens s’inquiètent et ça vaut la peine de les écouter. Ils n’ont que trop souffert de politiques et de politiciens.
Ali Soumana (Le Courrier)