Editorial : L’incartade du ‘‘Grand Voisin’’- Par Alou Moustapha

La semaine dernière, le Niger, à travers la Cheffe de Division Communautés Economiques Régionales du Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur, n’est pas passé par le dos de la cuillère, le même jour, pour répondre à un communiqué de presse inamical du Ministère nigérian des Affaires Etrangères.

Signé par la Porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères de la République Fédérale du Nigéria, ce communiqué condescendant, à la limite paternaliste, dont la trame étale, clairement, la duplicité mal entretenue, la mauvaise foi et la fourberie du régime en place à Abuja depuis l’accession du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) au pouvoir dans notre pays, est la preuve patente du désarroi qui a submergé certains pays de la sous-région à l’annonce du retrait des pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

En effet, depuis le 26 Juillet 2023, en complicité active avec des forces impérialistes, en parfaite entente avec certains Chefs d’Etat de la sous-région, pantins d’un cartel néocolonialiste, écartelées entre mélancolie et mauvaise humeur suite au cinglant échec de leurs tentatives d’entraver la bonne marche du Niger pour la reconquête de sa souveraineté, les autorités nigérianes dont le Chef de l’Etat him self et le ministre des Affaires Etrangères ont invariablement voué notre pays aux gémonies.

En réponse à cette maladresse épistolaire des autorités du « Grand Voisin », que le Niger a pourtant sauvé d’une partition inéluctable en appuyant les forces armées loyalistes et fédérales qui combattaient les maquisards et sécessionnistes Biafrais au début des années 70 au grand dam de la France particulièrement, la Cheffe de Division Communautés Economiques Régionales du Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur a livré à l’opinion nationale et internationale un aperçu clair sur les raisons inavouées de cette inimité subite et incompréhensible du Nigéria qui s’embourbe, jour après jour, dans un déni manifeste de la réalité et du droit international en refusant d’admettre au Niger la faculté de se retirer d’une organisation régionale, qui plus est devenue moribonde.

Serein, fier et résilient, le Niger rejette la littérature impertinente du Ministère des Affaires Etrangères fédéral du Nigéria en date du 29 Janvier 2024 dont les lignes, qui sont en vérité édictées et dictées par des puissances impérialistes frustrées par la décision souveraine du Niger de prendre son destin en mains et des fugitifs, traitres à leur propre pays, ne sont pas de nature à contribuer au dialogue nécessaire entre les deux pays.

Dans tous les cas, et c’est ce que l’Histoire retiendra in fine, les sanctions inhumaines et illégales contre le Niger ont été prises sous la conduite obscure du Président de la République Fédérale du Nigeria, Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO. L’Histoire retiendra également qu’au-delà de l’exécution aveugle et irréfléchie des sanctions de la CEDEAO, le Nigéria a mené sa propre campagne punitive contre le Niger sur fond de coupure de la fourniture de l’énergie électrique, du blocage de l’approvisionnement en produits pharmaceutiques et alimentaires entre autres.

Cependant, le CNSP et le gouvernement du Niger, eux, conscients que les relations séculaires qui unissent depuis des lustres le Niger et le Nigeria transcendent les humeurs et les comportements désinvoltes pleins d’ingratitude des autorités actuelles du Nigéria et malgré leurs incartades répétitives, invitent ces dernières à la retenue et à se ressaisir afin de ne pas plonger dans les abimes les liens de fraternité entre les deux pays frères. Il est temps que les autorités de la République Fédérale du Nigéria se départissent définitivement de toute attitude dédaigneuse, calment leurs ardeurs et se résolvent à sauvegarder les liens qui unissent les populations des deux pays.

Alou Moustapha (ONEP)