Éditorial : Face aux périls et aux défis au Niger, restons encore forts ! - Par Ali Soumana
En choisissant d'entamer nos révolutions au Sahel, nous savions que nous faisions des choix difficiles, des choix que d'autres pourraient, par mille moyens, contrarier pour faire échouer notre marche exaltante vers la liberté et la souveraineté. Du reste, la France ne s'en était pas cachée pour le dire à qui veut l'entendre par la voix d'une de ses ministres à la nostalgie coloniale réputée. On se souvient donc qu'une de ses ministres, meurtrie d'avoir perdu cette partie du continent, déclarait que son pays fera tout pour faire échouer les transitions sahéliennes, et notamment celle du Niger qui a surpris l'Elysée qui avait eu tort de croire que le Nigérien est inoffensif et trop docile, incapable de révolte, parce qu'en plus, brimés par treize années de socialisme brutal de la part de ses amis installés au Pouvoir dans le pays, ils pourraient avoir réussi à castrer les hommes politiques de l'échiquier pour n'être que des béni-oui-oui.
Après l'échec dans la mobilisation des armées extérieures qui devraient venir nous attaquer, après l'hésitation de l'Europe et de l'Amérique à suivre la France dans ses aventures et dans ses délires, la France était restée presque seule, mais cherchant, rancunière, les moyens de mener des actions subversives au Sahel pour déstabiliser les transitions et récupérer les pouvoirs qui, pourtant, sont en phase avec les peuples des trois pays et même avec une opinion africaine qui a compris que c'était la voie que l'Afrique aurait dû prendre depuis des décennies pour aller à la dignité et au progrès. Depuis le communiqué des services de sécurité burkinabé, l'on a mesuré l'entêtement de la France a ne jamais abandonné ce projet qui frise la folie quand on peut voir à quel point elle peut tenir coute que coute à nous faire le mal, à vouloir nous recoloniser, oubliant que les époques ne sont plus les mêmes et qu'aujourd'hui, dans ce monde multipolaire, nous sommes libres de choisir nos amis. Et nous n'abandonnerons pas la lutte pour la souveraineté, quoi qu'il nous en coûte. Nous aimerons les peuples qui savent nous aimer. Si le peuple français ne peut pas se soulever contre ses chefs qui nous briment à tort, il doit comprendre notre résistance et notre refus à accepter l'ordre ancien, le paternalisme de ses dirigeants si gonflés de suffisances et d'arrogance à notre endroit.
Il y a sans doute à vivre encore d'autres épreuves. Nous le savons. Mais nous n'abandonnerons pas la lutte. Nous tiendrons debout, et dignes, forts à assumer nos choix historiques pour être les peuples fiers et forts que nous voudrions être. Nos enfants n'auront pas d'avenir, si nous devrions continuer à nous laisser manipuler et dépouiller de nos richesses.
Aujourd'hui, demain et toujours, nous veillerons sur notre souveraineté. Nous lutterons, et nous vaincrons. Nous résisterons. Nous nous battrons. Avec la force de nos bras et de nos coeurs. Restons encore forts, peuples dignes du Sahel !
Ali Soumana (Le Courrier)