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Editorial : De ‘’l’arbre de vie’’ à ‘’l’Arbre de la liberté’’ !

De tous temps, et en tous lieux, l’arbre a occupé et continue d’occuper une place centrale dans la vie de l’homme. Le mythe autour de l’arbre a concerné toutes les civilisations humaines, qu’il s’agisse des sociétés païennes ou des religions monothéistes, de nombreuses légendes ont été construites sur ses origines cosmiques. C’est là, probablement, le mythe humain le plus ancien, et peut-être, le mythe fondateur le plus universel.

Mais, au-delà de cette dimension  mythologique, l’arbre représente d’abord la source de vie de l’homme, aussi bien au Paradis (La présence d’Adam et Eve dans le Jardin dans les trois religions monothéistes), que sur Terre. En effet, les premiers hommes préhistoriques tiraient déjà de l’arbre leur survie, grâce à la cueillette, et plus tard au jardinage et à l’agriculture, ensuite comme combustible pour cuire leurs aliments, et enfin pour fabriquer des armes destinées à la chasse ou autres objets utilitaires comme les meubles, les cuillères, les coupes et bien d’autres ustensiles nécessaires à la vie courante. On peut ainsi affirmer, sans risque de se tromper, que l’arbre est la première ressource naturelle, avec l’eau, la première matière que l’homme a utilisée pour assurer sa survie dans le monde. C’est pourquoi les hommes primitifs restaient humblement attachés à la préservation du milieu naturel qui signifiait, tout simplement, le cadre de pérennisation de l’espèce humaine.

Dans l’Afrique précoloniale, l’arbre (L’arbre à palabres) représentait le lieu de débats, de discussions et autres délibérations concernant la vie du village, en regroupant les personnes âgées et les jeunes dans un esprit de liberté de parole pour tous les membres de la communauté. Cela démontre, au passage, contrairement à certaines idées reçues, que la Grèce et la Rome antiques ne furent pas les seuls berceaux de la démocratie dans le monde, mais que ‘’l’arbre à palabres’’ africain peut-être considéré comme une forme lointaine de la démocratie directe !

Cependant, ‘’l’homme moderne’’, ‘’l’homme civilisé’’, tout aussi auréolé de sa supériorité technologique qui lui donne l’illusion suprême d’être ‘’maître et possesseur de la nature’’ va commettre un crime disons, un crime matricide, contre la mère-nature. En effet, détruisant ce bel équilibre écologique, l’homme moderne ne fait que participer aux conditions de sa propre disparition prochaine. Partout, sur tous les continents, les périls environnementaux s’élèvent et gagnent chaque jour des proportions inquiétantes, allant de l’accélération de la désertification au réchauffement climatique avec comme conséquences immédiates le dérèglement climatique et son cortège de cataclysmes sur les populations de la terre.

Le Niger, pays sahélo-saharien par excellence, situé au Sud du Sahara, sans littoral, doit faire face, constamment, à des défis environnementaux comme celui de sa déforestation progressive. C’est dans ce cadre que, très tôt, le jeune régime du PPN/RDA de Diori Hamani, a inscrit au titre de ses priorités la lutte contre la désertification accélérée par une politique de reboisement, c’est-à-dire par des plantations massives d’arbres à travers tout le territoire national.

En parcourant certaines archives du quotidien national ‘’Temps du Niger’’, nous sommes tombés sur les origines de ‘’La fête de l’arbre’’ comme point d’orgue des festivités de commémoration de la date du 03 Août, c’était en 1964. En effet, le Président de la République de l’époque, Son Excellence Monsieur Diori Hamani, à l’occasion de ce quatrième anniversaire de la proclamation de l’indépendance, avait procédé à une plantation d’arbres sur l’Avenue Arbre de la liberté, c’est-à-dire le lieu symbolique où avait été célébrée, de façon populaire, l’officialisation de l’indépendance du Niger. Au cours de cette cérémonie, le Président Diori planta lui-même, et il fit planter plusieurs manguiers, ce qui montrait ainsi le caractère visionnaire de ce grand homme d’Etat, écologiste avant l’heure !

Ce souci politique de sauver l’environnement naturel a été partagé par tous les régimes politiques qui se seront succédé à la tête de l’Etat, du Conseil Militaire Suprême du Général Seyni Kountché, en passant par les régimes issus de la démocratisation.

Hélas ! Les défis environnementaux d’hier demeurent ceux d’aujourd’hui :  une dégradation accélérée et continue des écosystèmes naturels, la modification du climat et ses conséquences sur la planète, la montée du niveau de la mer, la pollution de l’atmosphère avec la diminution de la couche d’ozone.

Comme on le voit, tous ces périls contemporains qui menacent l’environnement ont certes une origine anthropique, c’est-à-dire une origine humaine, mais que les pays du Sud moins émetteurs de carbone, car peu industrialisés, subissent de plein fouet les conséquences de ces pollutions qui ont lieu ailleurs dans les pays du Nord. C’est pourquoi toute entreprise, toute perspective de lutter efficacement et de préserver l’environnement ne peut que s’inscrire dans une démarche planétaire globale afin de trouver les solutions idoines et durables afin de sauver notre bien commun, la Terre. 

C’est d’ailleurs ce souci majeur qui a présidé à la récente création des fameuses COP (La Conférence des parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques), qui sont des rendez-vous internationaux au cours desquels de nombreux décideurs publics comme privés se rencontrent et discutent des enjeux environnementaux. Mais malheureusement pour nous autres pays du Sud, plus victimes que coupables, ces fameuses COP n’ont guère répondu à nos attentes, car les différents engagements pris par ces grands pollueurs ne sont guère tenus.

Au Niger, chaque jour qui passe apporte son lot de déforestation, d’ensablement de routes et de cours d’eau, d’inondations mortelles et parfois de sécheresses cycliques. C’est pourquoi la sonnette d’alarme doit retentir à tous les niveaux, individuel et collectif, public et privé, enfin de prendre conscience de l’impérieuse nécessité de mettre en place un dispositif viable et soutenu de lutte contre la dégradation de l’environnement.

Cette année, à l’occasion du 61ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance, le Ministère de l’Environnement a décidé de donner comme thème central : ‘’ Valorisons le Moringa pour améliorer l’économie locale’’

Pour notre part, sans manquer de respect au choix de ce thème, nous l’estimons un peu réducteur dans la perspective d’une stratégie globale pour relever les défis environnementaux. Il est vrai, du côté du Ministère de l’environnement, on a semblé peut-être privilégier la dimension économique des choses, ce qui est une façon aussi de voir les choses.  Dans tous les cas, ce sera le baptême de feu du Président Mohamed Bazoum, qui prononcera son premier message à la nation depuis son investiture le 02 Avril 2021.

A toutes et à tous, bonne fête de l’indépendance, chers compatriotes !

 

Par Zakari Alzouma Coulibaly(onep) 

04 août  2021
Source : http://www.lesahel.org/