Donald Trump ou Kamala Harris ? Les opinions des Nigériens sur l’élection présidentielle américaine
Alors que les États-Unis se préparent à un scrutin décisif opposant la vice-présidente sortante Kamala Harris et l’ancien président Donald Trump, l’élection attire l’attention bien au-delà des frontières américaines, y compris au Niger. Dans les rues de Niamey, les bureaux, et même au sein de la diaspora nigérienne, les discussions vont bon train sur l'impact potentiel de cette élection pour le monde, et en particulier pour l'Afrique. Les avis sont partagés, chaque candidat suscitant des réflexions uniques parmi les Nigériens.
Une influence perçue au-delà des frontières
« Les décisions prises aux États-Unis finissent toujours par avoir un impact sur les états du monde, que ce soit au niveau économique ou politique », explique Soumana, employé dans une société de services à Niamey. Comme beaucoup d'autres, il suit attentivement l’évolution de cette campagne présidentielle, conscient de l'influence mondiale des États-Unis.
Le choix de la modération : Kamala Harris comme espoir d’un changement mesuré
Pour certains, Kamala Harris incarne un espoir de changement modéré et inclusif. Aïssa, cadre de la santé à la retraite, exprime ainsi son soutien pour la candidate : « Me connaissant, tu sais que je choisirais Kamala, mais pas parce qu'elle est noire ou parce qu'elle est une femme. Non. C’est parce que j’aime la modération dans toute chose. »
Doudou, Nigérien de la diaspora, partage un avis similaire et souligne la capacité de Harris à diriger : « Si j'ai à choisir entre Kamala Harris et Donald Trump, je pencherais pour Kamala parce qu’elle a la capacité à diriger, contrairement à Donald Trump, qui est imprévisible. Je pense qu’il est temps aussi qu’on donne la chance aux femmes capables d’assumer les plus hautes fonctions. » Cet avis reflète l'aspiration de nombreux Nigériens à voir les femmes jouer un rôle plus important dans la politique mondiale.
Trump et le pragmatisme international : des opinions divergentes
D’autres Nigériens voient en Donald Trump une figure de pragmatisme, malgré ses politiques controversées. Ali, un expert en environnement, explique son soutien pour Trump avec une logique qu’il qualifie de « moindre mal » : « Si le monde est aujourd’hui malade, c’est en grande partie à cause de la politique internationale américaine. À mon avis, Donald Trump, qui n’a jamais caché son antipathie pour le reste du monde, est plus gérable qu’une Kamala Harris qui fait semblant. » Pour Ali, la franchise de Trump, bien que polarisante, est plus facile à interpréter que ce qu’il perçoit comme une diplomatie de façade.
Dans une perspective similaire, Dr. Hamidou, un cadre de l’Éducation au Niger, préfère également Trump pour ce qu’il considère comme une approche plus transparente, malgré ses réserves : « Entre Donald Trump et Kamala Harris, je préfère Trump parce qu’au moins, lui ne cache pas ce qu’il pense. » Pour certains Nigériens, la clarté – même controversée – de Trump est perçue comme un atout dans un monde où la diplomatie est souvent jugée opaque.
Amadou, journaliste, partage également cette opinion mais pour une autre raison. « Trump est le moindre mal parce qu'il ne considère même pas les Africains dans sa politique. Et c'est ce dont nous avons besoin, nous sommes fatigués du paternalisme des Occidentaux. Tandis que Kamala va s'ingérer dans nos affaires intérieures comme Biden. » Pour lui, l'absence de prise de position de Trump sur l'Afrique est un soulagement, permettant aux pays africains de se concentrer davantage sur leurs propres affaires sans ingérence.
Une vision du monde en quête de stabilité
La dimension géopolitique est également un facteur décisif pour certains. « Si Trump gagne, beaucoup de problèmes internationaux, comme en Ukraine, à Gaza, et au Proche-Orient, pourraient se calmer », estime Nana, journaliste à Damagaram. Pour elle, les relations de Trump avec des dirigeants tels que Vladimir Poutine laissent espérer une certaine stabilité, voire une nouvelle dynamique qui mettrait fin aux tensions actuelles dans plusieurs zones de conflit.
L’espoir et les défis d’un changement historique
Certains, tout en soutenant Kamala Harris, restent réalistes quant à ses chances de victoire. Abdoulaye, journaliste à Niamey, par exemple, estime que « la grande démocratie américaine n'est pas encore prête à élire une femme. » Il voit en Harris un potentiel symbole de changement, même s'il reconnaît les défis que son élection représenterait dans un pays encore divisé sur les questions de genre et de diversité.
Un avenir incertain, mais une chose est sûre : les Nigériens suivent l’élection avec intérêt
Les Nigériens, au-delà des divergences d'opinions, partagent une même préoccupation : le souhait que les États-Unis, quelle que soit l'issue de l'élection, restent un partenaire fiable et conscient de l'impact mondial de leurs décisions. Les voix nigériennes, qu’elles soutiennent Harris ou Trump, reflètent l’importance d’une politique internationale stable, capable de contribuer à un monde moins conflictuel et plus juste. Tandis que l’Amérique se rend aux urnes, le Niger observe, espérant que les choix politiques à Washington apportent un souffle de stabilité économique, politique et sécuritaire à l’échelle mondiale.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)