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Dissolution du bureau de la Coldeff au Niger : l’audit de la gestion du pétrole à l’origine de cette décision ?

Coldeff Niger Dissolution du bureau de la COLDEFF : Le rapport de l’audit de la gestion du pétrole au centre de la dissolution du bureau de la COLDEFF ?

Assurément, le rapport sur l’audit de la gestion du pétrole est explosif. Un mois à peine après les révélations faites par Le Courrier sur ce rapport, on apprend que le Président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) a procédé, lundi dernier, à la dissolution du bureau de la Coldeff (Commission de lutte contre les infractions économiques, financières et fiscales). Une autre surprise de ce début d’année décidément tonitruant. Intervenue à la suite d’une réunion des membres du bureau de la Coldeff autour du Général Abdourahamane Tiani pour aplanir les contradictions internes et raccommoder le pagne déchiré, la dissolution ou plutôt le renvoi de quatre membres clés de l’institution intervient à un moment où les Nigériens s’interrogent sur le sort réservé à ce fameux rapport de la gestion du pétrole. Des interrogations justes et légitimes qui commencent peut-être à trouver un début de réponse. Selon des informations recueillies auprès d’une source des plus informées, la mésentente entre les membres majeurs évoquée au sein de l’opinion nationale pour expliquer le limogeage des quatre ténors de l’institution n’est qu’un écran de fumée. Il y aurait bien pire. Notre source est formelle, c’est le rapport de l’audit de la gestion du pétrole qui aurait coûté leurs postes au colonel Abdoul Wahid Djibo et à ses collaborateurs.
Remis au chef de l’État, puis à la Coldeff pour dispositions légales à prendre, ce rapport, a-t-on rapporté au Courrier, se serait retrouvé quelque part. C’est probablement cette question que le chef de l’État a tenu à élucider au cours de cette réunion qui a précédé la disgrâce des quatre responsables de la Coldeff.
À peine 42 milliards recouvrés à la date du 19 avril 2024 tandis qu’au Mali voisin, ce sont plus de 400 milliards qui ont été récupérés en 2024 et 166 autres milliards de biens saisis en début 2025.
Déjà, en décembre 2024, Le Courrier informait avoir reçu des informations confidentielles selon lesquelles le rapport d’audit du secteur pétrolier serait depuis quelque temps sur le bureau du chef de l’État, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), le Général de Brigade Abdourahamane Tiani. Selon lesdites informations, cet audit a été conduit par des professionnels aguerris sous la férule de l’Inspection générale d’État et a concerné la Soraz, la Sonidep, Wapco. Ayant couvert les 13 années du régime de la 7e République, ce rapport révèle des pratiques et des actes de gestion encore plus mafieux que ce que les Nigériens ont connu avec le rapport d’audit du ministère de la Défense.
Selon toujours notre source, le rapport de l’audit sur la gestion du pétrole, à ce jour inconnu des Nigériens, est loin d’avoir fini de faire des victimes. Nommé pour une mission des plus difficiles dont l’équipe sortante doit être soulagée d’avoir été déchargée, le tout nouveau président de la Coldeff, le colonel des Eaux et Forêts, Aghali Zennou, a du pain sur la planche. Entre rapports subtilisés et limites objectives de la loi, lorsqu’il ne s’agit pas encore d’interventionnisme inappropriés et révoltants, la Coldeff représente un challenge à ne pas tenter pour les personnes de bonne foi. Or, le colonel Zennou est dit intègre et juste. Il aura donc, fort à faire pour ne pas jeter l’éponge en constatant que sa seule volonté ne suffira pas à faire bouger le curseur. Malgré l’ambition affichée de remplir convenablement sa mission, l’équipe qui vient d’être renvoyée a été confrontée à des obstacles majeurs si bien que la moisson faite 2024 a déçu les Nigériens. À peine 42 milliards recouvrés à la date du 19 avril 2024 tandis qu’au Mali voisin, ce sont plus de 400 milliards qui ont été récupérés en 2024 et 166 autres milliards de biens saisis en début 2025. Un bilan plus que décevant dans un pays où l’on parle de milliers de milliards détournés.
Refonder l’ordonnance 2023-09 du 13 septembre 2023
En vérité, si l’on fait abstraction de la prétendue mésentente qui aurait scellé le sort des quatre responsables de la Coldeff, il ne serait pas juste de jeter la pierre à l’équipe du colonel Abdoul Wahid Djibo pour des conditions de travail contrariantes, voire pénibles. Si la Coldeff, qui a fait preuve d’engagement certain et de rigueur dans la conduite de sa mission est aujourd’hui mal jugée, c’est essentiellement parce qu’elle est plombée dès le départ dans ses capacités légales. L’alinéa 2 de l’article 22 de l’ordonnance créant la Coldeff est non seulement un sérieux frein au recouvrement des fonds publics détournés, mais il est aussi un obstacle majeur à la justice sociale que réclament les Nigériens. La transaction qu’il autorise entre les auteurs de détournements et la Coldeff est à la fois contraire aux principes de la reddition de comptes et à la possibilité que donne la justice de situer les responsabilités et de châtier les auteurs de crimes et/ou délits à la hauteur de leurs forfaitures.
Parce qu’il est contraire aux dispositions du Code pénal nigérien qui considère que tout détournement d’une valeur de 500 millions et plus expose son auteur à la peine de mort, l’article 22 doit être extirpé de l’ordonnance créant la Coldeff. C’est l’unique alternative pour recouvrer les fonds et biens publics détournés, ont confié des membres de la Coldeff, Si les textes restent en l’état, on peut être sûr d’une chose, le colonel Zennou en fera pas de miracle. Indiquent des sources fiables, il faut bien craindre que ce ne soit pas pour les résultats que l’équipe du colonel Abdoul Wahid Djibo a été renvoyée.
Laboukoye (Le Courrier)