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Dépigmentation de la peau au Niger : Risques pour la santé et enjeux sociaux

Depigmentation Niger beauteElles sont nombreuses, les femmes qui veulent changer la couleur de leur peau pour obtenir un teint plus clair. Au Niger, cette pratique est connue sous le nom de "Toussou-toussou", où les femmes utilisent différents types de laits, de gels, de crèmes et de savons pour éclaircir leur peau. Ces produits sont appliqués sur tout le corps deux à trois fois par jour, souvent pendant des années, ce qui donne un teint clair à la peau.

Le terme "dépigmentation" désigne la perte ou l'absence de pigment de la peau. La dépigmentation est aujourd'hui très répandue et serait accentuée par le discrédit de la couleur de la peau noire.

Ce phénomène qui prend de l'ampleur incite de nombreuses femmes à se dépigmenter la peau, considérant que la peau blanche est plus attrayante, sans mesurer les multiples conséquences que l'utilisation de ces produits chimiques peut provoquer sur la peau à long terme.

Pourtant, il existe une méthode de dépigmentation naturelle qui consiste à blanchir la peau à l'aide de composants purement naturels tels que les fruits, les légumes et les huiles essentielles. Cette méthode est souvent préférée par certaines femmes car elles pensent qu'elle est moins risquée étant donné qu'elle agit lentement. Quant à la dépigmentation artificielle, elle repose sur l'utilisation massive et régulière de composants artificiels tels que le gaz, les lasers, les crèmes et les injections. La dépigmentation artificielle est largement reconnue et utilisée à travers le monde, tant par les femmes que par les hommes.

Cependant, cette pratique est reconnue comme dangereuse car elle peut entraîner de multiples maladies de la peau telles que les infections, l'acné, les vergetures, les troubles de la pigmentation, le diabète, les complications rénales et neurologiques, etc. De plus, lors de fortes chaleurs, les femmes qui se dépigmentent la peau dégagent des mauvaises odeurs lorsqu'elles transpirent.

Le Dr Aminatou Abdou, médecin généraliste, explique que la plupart des femmes qui se dépigmentent la peau le font pour des raisons familiales (fêtes familiales, imitation d'une amie, etc.), pour des problèmes d'automédication dans le but d'éliminer l'acné, ou parce qu'elles sont influencées par leur environnement. Pour beaucoup de femmes, avoir une peau claire reste un critère de beauté, oubliant ainsi les conséquences à court, moyen et long terme de l'utilisation de produits dépigmentants sur leur santé, précise le Dr Aminatou Abdou.

Selon ce médecin, les conséquences corporelles et sociales de cette pratique sont considérées comme les plus dramatiques. En termes de conséquences corporelles, le Dr Aminatou explique que le phénomène de dépigmentation volontaire de la peau entraîne, dans la plupart des cas, des maladies de la peau ou dermatologiques telles que l'acné cortisonique liée aux corticoïdes locaux, qui peuvent provoquer des kystes d'acné, des pustules (boutons), des infections cutanées telles que la gale, des brûlures graves de la peau, des infections bactériennes, des mycoses, des troubles de la pigmentation, des vergetures larges très inesthétiques et irréversibles, des mauvaises odeurs, et plus grave encore, des risques de cancer de la peau. Il y a également un risque accru de maladies systémiques telles que l'hypertension artérielle, le diabète, les complications rénales et neurologiques, les risques toxiques en cas d'utilisation chez les femmes enceintes et allaitantes, les pathologies oculaires, les insomnies, les pertes de mémoire, etc.

Les conséquences sociales comprennent principalement les moqueries, la stigmatisation et les problèmes de teint non uniforme lors du maquillage. "Il est important d'introduire un contenu éducatif dans le programme scolaire pour sensibiliser les jeunes femmes aux conséquences de la dépigmentation et à l'importance de préserver la couleur naturelle de leur peau. Car une belle peau n'a pas de couleur, il revient à chacun de bien l'entretenir", conseille le Dr Aminatou.

Rachida Abdou Ibrahim (ASCN)
ONEP