Déchéance de la nationalité nigérienne de Hassoumi Massaoudou : Un coup mortel porté au PNDS/Tarayya !
Après la première vague de neuf (9) individus déchus de la nationalité nigérienne par ordonnance du Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (Cnsp), en date du 10 octobre 2024, une deuxième décision de même nature vient d’atterrir portant sur la déchéance de la nationalité nigérienne de dix(10) nouvelles personnes. La plus importante de toutes ces déchéances de nationalité nigérienne, c’est celle, incontestablement, de Hassoumi Massaoudou, poids lourd du Pnds/Tarayya, qui aura retenu l’attention de l’opinion publique nationale et internationale. Cette fois-ci, il n’agissait pas d’une ordonnance du Président du Cnsp, mais bien d’une décision du Comité national de gestion du fichier national des personnes accusées de faits de haute trahison, de complot contre l’Etat et d’intelligence avec l’extérieur pour mener des actions de déstabilisation du Niger.
Aujourd’hui, la déchéance de la nationalité nigérienne de Massaoudou constitue, sans doute, un coup dur pour le parti rose nigérien, car après Issoufou Mahamadou, Mohamed Bazoum, Hassoumi Massaoudou était le personnage le plus charismatique du Pnds/Tarayya et incarnait le mieux cette formation politique majeure nigérienne du 21ème siècle. L’on se souvient, d’ailleurs, que pour la succession d’Issoufou, Hassoumi Massaoudou n’avait pas hésité, un seul instant, à afficher ses ambitions présidentielles, ce qui n’avait pas été du goût, à l’époque, du Président sortant qui avait jeté son dévolu sur Mohamed Bazoum. Le refus de Massaoudou de renoncer à l’investiture du parti pour l’élection présidentielle de 2021 lui avait valu d’être limogé de son poste de ministre des Finances. Ensuite, il avait été isolé au sein du parti avant d’être réhabilité pour devenir ministre d’Etat à la Présidence dans les derniers mois du second et dernier mandat d’Issoufou Mahamadou.
La position surprenante de Massaoudou après la chute de Bazoum
Après la chute de Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, la logique aurait commandé que celui qui avait été le rival politique de celui-ci pour le leadership au sein du Pnds/Tarayya, à savoir Hassoumi Massaoudou, soit assez réservé dans l’appréciation de la nouvelle situation politique nationale.
Sous le règne de Mohamed Bazoum, l’on disait d’ailleurs que les relations avec Hassoumi Massaoudou n’étaient pas assez bonnes pour les raisons évidentes que l’on sait. Mais, subitement, au lendemain des événements historiques du 26 juillet 2023, Hassoumi Massaoudou s’était révélé comme le plus grand partisan de Bazoum. Pour sauver l’enfant de Tesker et le rétablir sur le trône, le natif de Birni N’Gaouré était prêt à tout, y compris recourir à l’intervention des 3.000 militaires français présents sur le sol nigérien pour bombarder le Palais de la Présidence afin d’y exfiltrer le Président Bazoum. Pour cela, s’autoproclamant Premier ministre par intérim, il avait organisé une réunion dans les locaux de la Garde Nationale, en compagnie du Haut-Commandant de cette unité, le Colonel-Major Djirey Midou, et de l’ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté, en vue d’opérationnaliser cette intervention. Malheureusement pour lui, son ancien mentor politique, Issoufou Mahamadou, l’y avait déjà devancé, et était ainsi parvenu à déjouer cette option qui aurait pu coûter la vie à ‘’l’otage’’ Bazoum, selon les propos d’Issoufou Mahamadou rapportés par les témoignages de l’entourage de Bazoum, à l’époque. Massaoudou s’était alors refugié à l’Ambassade de France de Koira Kano, où, subrepticement, il réussit à s’extraire du Niger, grâce à un piroguier qui l’aurait transporté jusqu’au Nigéria, selon des sources. Il regagna ensuite la capitale fédérale, Abuja, afin de prendre part au Sommet extraordinaire de la Cedeao du 30 juillet 2023 qui avait abouti aux lourdes sanctions que l’on sait, dont l’intervention militaire contre notre pays. Massaoudou était à fond pour que cette intervention puisse avoir lieu. Il était allé jusqu’à Bruxelles, siège de l’Union Européenne (UE), pour demander à ce que cette Communauté donne à la Cedeao les moyens financiers et matériels nécessaires à l’opération militaire. Là aussi, ce fut peine perdue pour lui, car seule la France était favorable à l’option militaire au sein de l’UE.
Voilà, de façon étrange, comment Hassoumi Massaoudou avait évolué après les événements du 26 juillet 2023, une position qui lui vaut, aujourd’hui, d’être déchu de la nationalité nigérienne, en devenant le premier homme politique nigérien d’envergure à être frappé de cette mesure infâme !
Un gâchis énorme pour le Pnds/Tarayya
Sans conteste, la déchéance de la nationalité nigérienne de Hassoumi Massaoudou est un coup dur, voire un coup mortel pour le Pnds/Tarayya dont il était l’une des figures emblématiques. En effet, l’on a beau dire beaucoup de choses à propos de Hassoumi Massaoudou, mais force est de reconnaître que le personnage n’a pas été monsieur n’importe qui au sein du part rose nigérien, durant ces trente-cinq dernières années. Hassoumi Massaoudou faisait partie du noyau dur à l’origine de la création de ce parti politique de Gauche progressiste. Certains, au sein du parti, le surnommaient le ‘’gourou d’Issoufou Mahamadou’’, tant il semblait avoir une certaine influence sur le stratège de Dandadji. De son côté, Issoufou Mahamadou l’appelait son ‘’couteau suisse’’, pour sa ‘’polyvalence’’ et son grand don naturel à comprendre facilement les choses. Pour preuve, il avait été le seul non-financier ou non-économiste de formation à avoir occupé le poste de ministre des Finances, au Niger, des indépendances à nos jours. Et en quelques mois de fonction, il était l’initiateur de grandes réformes structurelles au Ministère des Finances, dont entre autres, le rehaussement du taux de bancarisation au Niger (de 5 à 15%), en mettant fin au système de billetage dans la Fonction publique, la réhabilitation de l’impôt foncier et en matière successorale, le compte unique du trésor, pour ne citer que celles-là, qui sont devenues des références après son passage à la tête de ce ministère, entre 2016 et 2019. C’est un personnage, quoique souvent clivant, charismatique et qui ne badine pas avec les règles du commandement pour faire respecter ses décisions. Issoufou Mahamadou,lui-même connaissait la haute exigence de Massaoudou en matière d’autorité politique, et quand il lui confiait un dossier, il pouvait s’assurer que son ‘’gourou’’ Massaoudou ne l’en décevrait pas. Au sein du Pnds/ Tarayya, on le respectait trop, voire, on le craignait parfois, pour sa propension à vous regarder de la tête aux pieds pour vous remettre à votre place, au cas où vous l’auriez abandonnée. C’était aussi une tête bien faite, intellectuellement parlant, un monument de raisonnement cohérent doué d’une capacité d’agrégation des savoirs hors-normes qui lui permettaient de surnager sur les différents dossiers qu’on lui confiait. Jusqu’aujourd’hui, l’on ne sait pas encore exactement pourquoi Issoufou Mahamadou, qui l’avait d’ailleurs toujours préféré à un certain Mohamed Bazoum, au cours de leur aventure politique commune, avait préféré adouber l’enfant de Tesker au détriment de celui de Birni N’Gaouré. A vrai dire, entre Massaoudou et Bazoum, il n’y avait pas ‘’photo’’, comme on dit souvent, en termes de qualités supérieures pour occuper les hautes fonctions présidentielles, cependant, l’on avait eu du mal, à l’époque, à comprendre ou à admettre le choix porté par Issoufou Mahamadou sur Bazoum pour sa succession. Peut-être que d’autres considérations inavouées ou inavouables avaient dû entrer en ligne de compte dans le choix du stratège de Dandadji qui n’en avait pas, manifestement, fini avec le pouvoir et qui voulait en prolonger le plaisir en croyant faire élire à la tête de l’Etat un pantin de Bazoum qui exécuterait, les yeux fermés, ses volontés, docilités ou servilités dont un certain Massaoudou n’aurait pas été capable de montrer, une fois haut perché, se serait dit Issoufou Mahamadou !
En tout état de cause, le Pnds/ Tarayya vit, probablement, ses dernières heures, car entretemps, le chapitre avec Hama Amadou, disparu récemment, appartient déjà à l’Histoire.
Quant à Massaoudou qui se gaussait, dans une vie antérieure, d’appeler Hama Amadou (Paix à son âme !) ‘’Le fugitif’’, il lui appartiendrait, désormais, de méditer sur son nouveau qualificatif d’apatride, car Hama, lui, avait conservé, au moins, sa citoyenneté nigérienne jusqu’à sa mort !
Par Korombeysé ( Le Canard en furie)