Crise migratoire : l'Algérie expulse des milliers de migrants vers le Niger
Le samedi 19 avril 2025 restera gravé comme une date sombre à la frontière nigéro-algérienne. Ce jour-là, 1 845 migrants, principalement originaires d’Afrique subsaharienne, ont été expulsés d’Algérie vers le Niger dans le cadre d’une vaste opération de refoulement. En trois semaines, plus de 4 000 personnes ont été forcées de traverser le désert pour rejoindre la localité d’Assamaka, marquant un pic sans précédent dans une crise humanitaire qui ne cesse de s’aggraver.
Depuis début avril, les autorités algériennes ont multiplié les opérations de rapatriement, souvent sans respecter les normes internationales en matière de droits humains. Les migrants sont arrêtés dans plusieurs villes algériennes, puis transférés dans le sud, jusqu’au tristement célèbre “Point Zéro”, une zone désertique à la frontière avec le Niger.
Abandonnés sans eau ni nourriture, ils doivent ensuite marcher 15 kilomètres en plein désert sous des températures extrêmes pour atteindre Assamaka. Cette pratique viole l’accord bilatéral signé en 2014 entre Alger et Niamey, qui autorise uniquement le retour officiel des ressortissants nigériens. Pourtant, les personnes expulsées incluent aussi des Maliens, Guinéens, Nigérians, Tchadiens, et d’autres nationalités.
À Assamaka, la situation humanitaire est critique. Cette petite ville frontalière, déjà confrontée à des défis d’accès à l’eau, à la santé et à la sécurité, voit ses capacités d’accueil largement dépassées. Les centres de transit débordent. Des centaines de personnes dorment à la belle étoile, sans abri, sans soins, sans nourriture suffisante.
Les autorités nigériennes, sous la direction du Président de la République, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, s'efforcent de trouver une solution durable à cette crise.
Cette vague de refoulements intervient dans un contexte régional tendu. En avril, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont rappelé leurs ambassadeurs d’Alger.
Ces tensions s’ajoutent à l’isolement croissant d’Alger sur la scène sahélienne, où ses voisins remettent en cause son rôle de partenaire fiable, notamment sur les questions de sécurité et de coopération régionale.
De nombreuses organisations internationals tirent la sonnette d’alarme. Elles dénoncent des violations systématiques des droits humains, appellent l’Algérie à cesser ces pratiques.
Le drame d’Assamaka met en lumière les failles profondes des politiques migratoires en Afrique du Nord. Il souligne l’urgence de repenser la coopération régionale autour des migrations, dans un esprit de solidarité, de dignité humaine et de respect du droit international.
Sans réaction rapide et coordonnée, cette crise pourrait dégénérer en catastrophe humanitaire à grande échelle, aux portes du Sahel.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)