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Coup d’Etat au Niger : Que veut Emmanuel Macron ?

Le dernier communiqué du CNSP vient rappeler que la France continue de se croire en territoire conquis, ou un territoire à conquérir. Le vocabulaire de Macron au cours de sa rencontre avec les ambassadeurs accrédités dans son pays sont expressifs. En parlant des militaires français stationnés au Niger, il dira ‘’ nos postes avancés’’. Clair comme l’eau de roche. Macron est en conquête. Le pays de Macron serait en train de se préparer pour une intervention militaire au Niger. Trois pays reçoivent hommes et matériel. Il s’agit du Benin, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, des pays de la CEDEAO les plus engagés pour régler le compte aux militaires Nigériens et le peuple de ce pays. La rigidité des positions de la France étonne.

Elle a beau être la puissance coloniale, il n’en demeure pas moins que le Niger est un pays indépendant, membre des Nations Unies qui est la seule organisation qui peut donner le feu vert pour une intervention militaires dans un pays donné.

En faisant fi des textes et usage dans le domaine, la France dénie au Niger la qualité d’Etat. Ce qui est extrêmement grave. Plus grave est le silence de l’ONU qui aurait dû rappeler à l’ordre Macron. Cette organisation mérite bien son nom de machin.

Il est déplorable que cette organisation refuse obstinément d’organiser une session à la demande du Mali qui dit détenir des preuves de la connivence avec les terroristes. Le Niger aurait aussi une saisine dans ce sens. C’est de trop. Si l’on sait que le terrorisme au Sahel est exclusivement du fait de la France et de l’Otan qui ont, avec la bénédiction de l’ONU, initié et conduit une guerre en Libye.

Il est clair que l’on sait à qui profite le crime. Il n’est pas compréhensible que le président français use du deux poids deux mesures. Il y a toujours des coups d’Etat, mais jamais autant de bruits et d’inconséquences. Quelques jours seulement après les évènements du 26 juillet, un coup d’Etat a lieu au Gabon.

Autant la réaction contre celui du Niger est immédiate et virulente, autant pour le pays d’Omar Bongo le silence a été assourdissant. On comprend parfaitement que Bongo fils, Ali, est en train de s’éloigner de la France. Sous son impulsion, le pays a adhéré au Commonwealth, organisation concurrente de la Francophonie.

On comprend aussi que la France a été chassée du Mali et du Burkina. On comprend enfin que le Niger est un pays producteur d’uranium nécessaire pour les centrales nucléaires françaises qui produisent de l’électricité. En cette période de guerre en Ukraine, les occidentaux dont la France, ont tourné le dos à la Russie en refusant le gaz, le pétrole de ce pays pour ne plus être dépendant.

Et c’est tout naturellement qu’il est fondé de penser que la France mise pour longtemps sur les productions minières de ses anciennes colonies. En réduisant par la force le Niger, l’hexagone lutte pour sa survie. Et l’honneur sera sauf. Cela permettrait aussi de laver les affronts infligés par les deux pays voisins du Niger. Au-delà des raisons géostratégiques, économiques et émotionnelles, cette guerre sera un pain béni pour les présidents Macron, Ouattara, Talon et Sall. En France, elle aura pour principale objectif de détourner l’attention. Le président Français est en ce moment empêtré dans d’énormes difficultés. Son impopularité dépasse tous les seuils. Il a une majorité étriquée à l’Assemblée ; sa gouvernance est un désastre pour les Français. La preuve, il a été copieusement sifflé à l’ouverture de la coupe du monde de rugby. Les trois présidents de l’Afrique de l’ouest ont une peur bleue. Leur gouvernance ressemble à celle des pays où il y a eu des coups d’Etat. Et comme on dit les mêmes causes produisent les mêmes effets, Ouattara, Talon et Sall en optant pour une guerre au Niger occuperont les militaires. Espérant ainsi galvaniser leurs compatriotes pour qu’ils oublient un moment les dérives de leur gouvernance.

Ces trois présidents, tout comme Issoufou Mahamadou et son successeur Bazoum Mohamed, ont, pour se maintenir au pouvoir, ont eu régulièrement recours à des procédés très peu démocratiques contre les opposants et les textes fondamentaux de leur pays respectif. Les prisons de ces pays sont remplies de prisonniers politiques.

Si l’on sait que ces pays vont bientôt, très bientôt pour le Sénégal, aller aux élections, cette guerre permettra de détourner l’attention en vue de mascarades. Surtout si l’on sait le Sénégalais et le Béninois sont au terme de leur deuxième et dernier mandat qui aura été, pour les deux, de véritables chemins de croix.

Il leur faut placer, comme cela s’est passé au Niger, des hommes de confiance, des hommes liges pour assurer leur derrière. Seulement ils doivent ouvrir les yeux. Le Niger est un bon exemple. On sait comment ça a fini. Les contradictions entre les intérêts de Bazoum et de son prédécesseur sont dans une large mesure à la base du coup d’Etat.

Modibo