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Contentieux Électoral / Opposition : La sortie médiatique qui change tout ?

Le samedi dernier, le candidat victorieux du point de vue de l’opposition, a tenu un point de presse avec son conseil pour informer l’opinion de l’évolution de la requête déposée en son nom à la Cour de la CEDEAO en vue de vider le contentieux électoral qui l’oppose au camp d’Issoufou, le président sortant. Il faut rappeler qu’il y a quelques semaines, alors que son camp semblait s’effriter, traversant de gros malaises sur fond de crise de confiance, il réunissait les militants de l’Opposition avec des visages qu’on ne pouvait pas voir au-devant de la scène, toute chose qui avait conduit à des supputations, à tant de déductions hâtives. A cette occasion il réaffirmait qu’il rejette toujours les résultats qui donnent gagnant le sieur Bazoum Mohamed. A l’époque, on apprenait également aux Nigériens en général et aux militants en particulier, comme pour les rassurer, que le conseil avait déposé avec des preuves irréfutables à l’appui, une requête pour contester la victoire validée de Bazoum Mohamed, attendant que la Cour communautaire saisie du dossier, dise tout le droit pour juger de ce que la victoire célébrée pouvait ne pas être valide dans les conditions que le camp de l’opposition dénonçait. C’était pourtant à un moment où la CEDEAO elle-même perdait de sa crédibilité et l’on se demandait, comment, le sachant, Ousmane peut tant faire confiance à sa cour controversée par les arrêts qu’elle a jusqu’ici rendus dans bien de dossiers à elle soumis par des pays membres, pour espérer que pour une fois, elle puisse aller au-delà de « la chose déjà jugée » et donc contredire l’appréciation des juridictions nationales. A l’époque, beaucoup étaient sceptique quant à la suite que pouvait avoir une telle démarche surtout lorsque, faut-il le souligner une fois encore, il s’agit quand même de la même problématique Cour de la CEDEAO.

L’appel du samedi passé à la Maison des jeunes Djado Sékou, avait pour objectif de sortir des silences, pour donner un avant-goût des suites probables du dossier. En vérité, le dossier n’étant pas encore tranché, il fallait informer les bases et désormais éparpillées de l’opposition. Ainsi, apprend-on que par le contradictoire qu’impose la démarche judiciaire, il avait été demandé à l’Etat du Niger de fournir les preuves qui peuvent discréditer les allégations de l’Opposition à son encontre relativement à la manière dont les dernières élections se seraient déroulées dans le pays. Les preuves de l’Opposition, elles, étaient accablantes, têtues car le dossier transmis était d’autant plus documenté qu’il donnait pour tous les griefs des preuves tangibles. Le conseil ici, avaient mené un travail de fourmis pour rendre compte du caractère contestable de ces dernières élections dans le pays et par lesquelles les autorités actuelles sont installées.

En vérité cette communication du candidat Ousmane, vise essentiellement deux choses.

De la première….
Il s’agit de conforter l’opposition dans son objet et dans son combat afin de faire croire que tout n’est pas perdu et que la lutte reste encore envisageable lorsque l’on fait entendre que la Cour ne pourrait qu’être embarrassée de donner raison à un camp – le camp du pouvoir en l’occurrence – qui ne peut être capable de défendre sa victoire qu’il n’aura finalement acquise que la force, que par le forcing qu’Issoufou et son système ont imposé aux Nigériens. Cette démarche assez intelligente de la part de Nafarko pourrait rendre le nouveau pouvoir vulnérable surtout lorsque par ce qui a été dit, tout le monde en arrive à comprendre que Bazoum dont se serait servi Issoufou, gère un pouvoir problématique, usurpé, ainsi que l’homme qui lui a fait le bien de récupérer le pouvoir en se servant d’un faire-valoir en est un champion de telles intrigues au Gondwana. Déjà, les conditions dans lesquelles l’homme arrivait au pouvoir avaient beaucoup divisé les Nigériens et ces nouvelles révélations ne peuvent que davantage compliquer sa communion avec le peuple surtout s’ils devraient se rendre compte qu’il est incapable de gouverner par lui-même et qu’il reste aux mains d’un autre qui s’en sert à ses fins. La démarche participe de ce qui rend le nouveau pouvoir vulnérable. Et pour un pays où les malaises sont encore vifs, où les rancunes sont encore tenaces, cette autre donne voudrait que le nouveau président gère son pouvoir avec tact, avec sagesse pour éviter au pays de tomber dans des turbulences dommageables à sa stabilité, le calme précaire ne devant pas tromper sur la réalité des malaises qui couvent toujours.

De la seconde…
L’autre signification qu’on peut donner à la sortie du candidat Ousmane vient de l’argumentaire servi par le pouvoir de Niamey à la Cour de la CEDEAO pour se défendre de bourrages et de braquages d’urnes dont on l’accable au cours de la dernière élection. Cette information est d’autant grave qu’elle légitime les accusations de l’opposition de vol de l’élection qui a porté Bazoum Mohamed au pouvoir, et montre aux yeux de nombre de Nigériens qu’Issoufou, pour les inimitiés que l’on sait, en trafiquant l’élection, aurait arraché à Ousmane sa victoire, décidé à assurer ses arrières vaille que vaille et sans la manière s’il le faut. C’est le sentiment général qu’on est venu conforté à cette déclaration. Lorsque, pour se défendre, Niamey dit aux juges de la CEDEAO, reconnaissant de fait la faute dont on l’accuse, qu’il y a eu ces braquages et ces bourrages, ces menaces avec des armes à feu pour trafiquer l’élection dans certaines régions du pays, mais qu’il n’en serait pas responsable et pour se dérober, trouve en ces terroristes qui écument la région, ceux qui seraient responsables de tels actes. Comment peut-il d’ailleurs justifier que ce soit les terroristes qui aient braqué les urnes oubliant qu’une telle révélation peu inspirée pourrait jouer contre lui ?. Mais alors le sachant, pourquoi malgré tout, avec sa CENI, le même système, peut-il comptabiliser les voix issues de ces actes criminels, antidémocratiques pour faire la différence et proclamer sa fameuse victoire ?

Si le régime de l’époque a pu tenir compte de résultats issus de braquages de la part de terroristes ainsi qu’il le dit, est-ce à croire que ces terroristes bossent pour lui et donc qu’ils seraient à son service pour aimer tant qu’il remporte l’élection ?

En attendant d’avoir une intervention du camp du pouvoir pour éclairer l’opinion sur ces nouvelles révélations, il y a à prendre conscience de ce que ce pays va mal et que Bazoum Mohamed, dans sa volonté de « rassembler pour avancer », crée les conditions d’un apaisement pour que, autour de ce pouvoir contesté, les Nigériens puissent rendre possible le dialogue politique pour trouver un terrain d’entente qui sauve le pays et sa démocratie. Il n’y a qu’à regarder autour de nous pour comprendre qu’un tel geste, dans cet environnement incertain que vit l’Afrique de l’Ouest, il y a à faire trop attention et à faire surtout preuve de sagesse et de grandeur.

Ce pays n’a beaucoup souffert en ces trois dernières décennies.

ISAK