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Congrès du RDN-Labizé : Ousseini Salatou, est-il en train de prendre le virage à Droite ?

Le week-end dernier, le parti Labizé qu’on avait cru fondu dans le MNSD, tant le fondateur, depuis qu’il marchait avec Seini Oumarou, n’en parlait plus, avait tenu son congrès pour rappeler que ce microscopique parti existe encore, fort par les communications perspicaces de son président, Ouseini Salatou, professeur de philosophie de son état qui a quand même une grande voix. Le contexte dans lequel le parti tenait son congrès ne pouvait pas ne pas avoir de signification surtout quand on sait que le parti fait partie de l’APR, un regroupement de partis qui est dans la majorité mais qui a refusé d’intégrer la MRN que conduit le PNDS-Tarayya de Pierre Foumakoye Gado. Si l’on a été surpris par la tenue de cette messe politique, c’est plus par certaines absences remarquées et remarquables qui ont quelque peu poussé à se demander ce qui arrive au RDN-Labizé.

Ruptures et boycott ?

Quand on ne peut voir aucune personnalité d’envergure de l’APR aux côtés de Ousseini Salatou a fortiori les leaders des partis amis de la MRN, c’est qu’il y a des signes indiscutables d’un malaise au sein du régime. Ces signes ont certainement fait comprendre à Ousseini Salatou dont on ne peut entendre la voix depuis de longs mois qu’il a intérêt à « réactiver » son parti pour au moins s’affirmer et peut-être faire entendre des vérités qui gênent. Si tant d’amis n’ont pas assisté au congrès, c’est que les hommes ne mangent plus dans le même plat. Cette situation était d’ailleurs prévisible quand on sait que, depuis que Seini Oumarou, son mentor, accédait à la tête du parlement, Ousseini Salatou et beaucoup d’autres proches du président du MNSD devraient se désillusionner, perdant leurs rêves de nouveaux bonheurs à vivre à l’ombre du cabinet pour être des artisans marginaux d’une victoire électorale « préfabriquée ». Malheureusement, Seini Oumarou n’eut que le fauteuil vide, ne pouvant avoir la possibilité de vivre pleinement sa nouvelle fonction et les prérogatives qui y sont rattachées, obligé de se faire dicter nombre de décisions et de choix à faire au nom du parlement. Le sérail de Seini Oumarou a d’autant souffert de cette situation que beaucoup sont devenus discrets et misérables. Certains d’entre ses proches risquaient d’ailleurs la dépression, tristes d’être du pouvoir sans être au pouvoir, tenus scrupuleusement dans les marges du système : ils ne devraient pas émerger. Seini Oumarou, condamné à la sagesse qu’on lui fabrique pour déterminer son identité politique et sociale, et juste pour en abuser, devrait subir et vivre en silence, presque stoïquement, la situation méprisante dans laquelle ses amis de circonstance le maintenaient, le détruisant politiquement, et par le stress qu’on lui impose, physiquement sans doute aussi.

On aura compris, que peut-être, Ousseini Salatou est lâché par ses amis politiques. Comment ne pas le croire quand, connaissant l’homme très loquace, qu’il puisse pendant longtemps fermer les yeux et la bouche sur la situation particulièrement difficile que vit le pays ? Soutenir en silence un gouvernement qui refuse d’écouter les cris nombreux qu’on entend de partout, n’est-ce pas une façon de se faire complice de la situation dramatique que vivent les populations nigériennes ? A un moment de l’Histoire, Ousseini Salatou pourrait avoir compris, peut-être, que face à sa conscience, il faut impérativement choisir son camp.

C’est du reste le message qu’on peut entendre d’Omar Hamidou dit Ladan Tchiana, le seul homme politique d’envergure qui assistait à l’événement, offrant sa fraternité et ses amitiés à un homme qui pourrait être, dans le contexte qui est celui du pays, un allié de taille. Comment peut-il ne pas être sensible à un tel discours surtout quand il lui dit qu’à l’opposition, eux ne sont pas du genre à abandonner les amis. L’heure est venue pour tous de se déterminer car tous peuvent avoir compris que le souci de ce pouvoir c’est plus de protéger des gens qui ont pillé l’Etat que de se battre à la construction de ce pays.

Fin d’une aventure ?

Face à la situation sécuritaire du pays et notamment de la région de Tillabéri, Ousseini Salatou a dit qu’il ne peut plus continuer à se complaire dans le mutisme. Au-delà de lui, tous, tant qu’ils sont, savent que leurs électeurs les attendent de pied ferme quand, face à ce qu’ils vivent, on ne peut plus entendre leurs voix, condamnés au silence pour plaire à un système qui est pourtant en train de les étouffer à petit feu, notamment, quand pour beaucoup d’entre eux, aujourd’hui, il est devenu impossible d’aller chez soi, et sans doute demain, d’aller battre campagne.

Ousseini Salatou a certainement mis le clignotant à Droite, voulant amorcer un virage qui devra le conduire sur les rivages de la vérité. On sait pourtant qu’il fut de ceux qui, enivrés par le fumet des orgies de la Renaissance III, se fondant sur des arguments fallacieux, justifiaient leur virage acrobatique à 90° qui les ramenait à copiner avec le PNDS même quand ils peuvent savoir que ce PNDS ne pouvait pas les aimer pour travailler dans le cadre d’une alliance politique, de manière franche. En politique, personnaliser les problèmes, ne peut que conduire à la catastrophe. Et Dieu sait ce que le président de RDNLabizé peut avoir aujourd’hui sur le coeur…
Et à dire.

LBKY