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Conférence publique : Les Premiers ministres de l’AES font le point de leur rencontre et abordent les perspectives d’avenir de l’Alliance

Les Premiers ministres des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont animé, dans l’après-midi du samedi 30 décembre 2023, une grande conférence publique au centre International des Conférences Mahatma Gandhi de Niamey. Ils étaient nombreux, les membres du CNSP, du gouvernement, des acteurs de la société civile, des membres des communautés malienne et burkinabè et des étudiants de l’Université Abdou Moumouni à avoir pris part à ce rendez-vous historique pour écouter ces personnalités parler de l’avenir commun et des liens qui unissent ces trois peuples qui écrivent aujourd’hui une nouvelle histoire du Sahel par la ferme volonté des trois Chefs d’État de l’AES.

À l’issue de ces deux jours de travail tripartite, le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine a exposé quelques points sur lesquels ils se sont entendus. Il s’agit entre autres, de la tenue des commissions mixtes unifiées pour les trois pays en lieu et place des réunions des commissions mixtes de coopération sur le plan bilatéral. Les trois pays ont également décidé que des projets et programmes structurants seront mis en place très rapidement. « Mon frère Apollinaire a parlé de l’autoroute qu’il faut entre nos pays et du chemin de fer. Nous avons tant de projets sur lesquels nous comptons. Ce matin, lorsqu’on fixait les grands objectifs de l’AES, la proposition a été faite d’organiser une lutte AES spécifiquement », a-t-il énuméré.

à l’ouverture de la conférence, le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine a rappelé la position ferme prise par le Mali et le Burkina Faso en réponse aux menaces proférées par la CEDEAO d’attaquer le peuple du Niger. Il a ajouté que ces deux pays ont refusé de s’associer à cette entreprise de démolition. En effet, sans attendre, ils ont décidé sans qu’on ait à les solliciter de se joindre et de dire à cette organisation que si cela devait arriver, ils se mettraient en ordre d’attaque et ils nous défendraient. « Nous avons nous-mêmes fait le déplacement et il vous en souviendra, il y a quelques semaines, le Chef de l’État a fait le déplacement pour remercier ses frères et exprimer sa gratitude au nom de notre peuple à ces deux pays », a déclaré le Premier ministre.

Par rapport à l’Alliance des États du Sahel, le Premier ministre du Niger a indiqué qu’elle est une structure qui, dans sa forme ancienne existait déjà. C’est l’Autorité de Développement Intégré des États du Liptako Gourma. Selon Ali Mahaman Lamine Zeine, les autorités à la tête de nos trois pays ont cru devoir lui donner une posture beaucoup plus solide, beaucoup plus profonde, en insistant sur les aspects de défense et de sécurité. « Il vous a été donné de constater que, depuis qu’elles existent, les autorités militaires à la tête de notre pays font un travail remarquable qui fait baisser substantiellement les attaques des terroristes dans cette zone », a-t-il souligné.

Rappelant les relations historiques et profondes qui lient nos trois peuples, le Premier ministre du Mali, Dr. Choguel Kokalla Maïga, a expliqué que l’actuelle République du Mali a été historiquement le berceau des grandes entités politiques que l’Afrique a abrité depuis des millénaires. L’empire Songhaï, le dernier grand empire, dit-il, s’étendait de l’Atlantique jusqu’au Lac Tchad. Ce qui permettait de dire que, géographiquement, ce sont les mêmes peuples.

Le public rassuré par la détermination de l’AES et ses dirigeants

Selon le Premier ministre malien, le terrorisme qui était confiné à l’extrême Nord du Mali s’est, en 2023, étendu à 80 % du territoire mais aussi au Burkina Faso, au Togo, au Bénin, à la Côte d’Ivoire, en un mot, souligne-t-il, à tous les pays du golfe de Guinée.  « On a un médecin qui s’appelle communauté internationale qui est venu soi-disant pour soigner le malade Mali qui avait mal à une partie de son organisme. Il promet de le soigner et au bout de sept ans, la maladie a gangrené les 80 % du corps et a atteint les voisins. Conclusion, soit le docteur est mauvais, soit le diagnostic qu’il a fait est mauvais, soit la prescription ou la posologie sont mauvaises. Donc le malade Mali qui était couché avait le choix entre attendre la mort ou chercher une solution », a-t-il ironisé, dénonçant par la même occasion l’hypocrisie de cette communauté internationale.

Les Maliens, martèle-t-il, ont décidé de changer de médecin, de changer d’analyse, de changer de prescription, de changer tout pour prendre leur destin en main. Et, au bout de quatre mois de manifestations avec des morts, ils ont trouvé un médecin qui est l’armée malienne. Ironisant sur la force en attente de la CEDEAO mobilisée pour agresser le Niger, le Premier ministre malien a souligné que cette dernière attend depuis 2013. « Si vous vous rappelez, en 2013, quand il y a eu le changement au Mali, la CEDEAO a créé une force d’attente pour lutter contre le terrorisme, elle est en train d’attendre jusqu’à présent.  On a compris qu’en réalité, on veut tirer sur le Niger pour le faire tomber, mais après, il y aura des balles pour les autres frères qu’on ne doit pas rater », a soutenu Dr. Choguel Kokalla Maïga.

Pour le Premier ministre du Burkina Faso, Me Apollinaire Joachim Kyelem de Tambèla, la condition sine qua non pour que l’AES marche, c’est surtout l’intégrité et de l’honnêteté dans la démarche car, rappelle-t-il, au moment des indépendances, il y a eu la tentative de la Fédération du Mali qui regroupait le Sénégal, le Mali, la Haute Volta de l’époque et le Dahomey. « Notre président de l’époque Maurice Yaméogo est parti à Dakar pour la circonstance. Il a prêté serment de respecter la constitution de la fédération. Quand il est revenu en Haute Volta, il a reçu nuitamment un émissaire du président Houphouët Boigny, on dit qu’il lui aurait laissé une mallette et le lendemain le président Maurice Yaméogo a fait volte-face. Donc il a dit qu’il ne faisait plus partie de la fédération. On lui a dit, mais à Dakar, tu as juré fidélité à la constitution de la fédération. Il a dit que s’il avait levé son bras, c’était pour retrousser la manche de sa chemise », a relevé Me Apollinaire Joachim Kyelem de Tambèla. Le Premier ministre burkinabé a insisté sur les valeurs d’intégrité et d’honnêteté sans lesquelles toute œuvre humaine est destinée à échouer. C’est pourquoi, il préconise que les vrais débats soient exposés pour en discuter.

« Quand le général Gilbert Diendéré a fait son coup d’État et que le peuple s’est opposé, le président Macky Sall qui était l’Envoyé de la CEDEAO est venu au Burkina Faso pour imposer le putschiste Diendéré au Burkinabè, lui et Boni Yayi qui était président du Bénin à l’époque. Donc voilà le Macky Sall qui soutenait les putschistes qui devient anti-putschiste, le même Macky Sall », a ajouté le Premier ministre burkinabè pour souligner les contradictions et l’ambivalence de cette organisation communautaire. « La même CEDEAO a été mise en place par des militaires putschistes. Comment cette même CEDEAO peut-elle être contre des militaires, alors que ce sont les militaires qui l’ont créée ?  C’est renier ses origines », a-t-il expliqué.

Hamissou Yahaya (ONEP)

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