Conférence du CNJ sur la Jeunesse et la souveraineté : Le savoir, l’arme ultime pour acquérir et préserver la souveraineté
Le Conseil National de la Jeunesse du Niger (CNJ) a organisé le vendredi dernier, une conférence sur « Le rôle de la jeunesse dans la conquête de la souveraineté dans l’espace de l’AES ». Animée par trois panélistes, la conférence a enregistré la participation du président du Conseil National de la Jeunesse du Burkina Faso, M. Moumouni Dialla et de celui du Mali, M. Sidi Ali Ould Bugne.
Dans son mot introductif, le président du Conseil National de la Jeunesse du Niger, M. Sidi Mohamed, a souligné que la présence de ses homologues des deux pays frères s’inscrit dans la droite ligne de la volonté des trois chefs d’État d’unifier leurs efforts à travaers l’Alliance des États du Sahel.
« Nous, en tant qu’organisation de jeunesse de ces trois pays, nous ne pouvons que leur emboîter le pas pour que cette organisation soit une réalité, car désormais nous avons un destin commun», a-t-il indiqué. « Si aujourd’hui, il y a une révolution des mentalités, ça se fera avec la jeunesse ou ça ne se fera pas. Nous représentons plus de 70 % de la population. Or la jeunesse est à l’avant-garde de toute réussite», a martelé le président du CNJ du Mali, M. Sidi Ali Ould Bugne. Selon le président du conseil national de la jeunesse du Burkina Faso, si nos États veulent être forts, solides et si nous voulons un système qui résiste dans le temps, nous avons tous l’obligation de construire une jeunesse épanouie, émancipée qui comprend les enjeux du moment.
« Comme un adage de chez nous le dit, ce n’est pas à la veille de la bataille qu’on nourrit le cheval. Mettre la jeunesse en marge serait de construire une belle maison sans fondation pérenne et nous souhaitons que l’AES soit un progrès pour avancer, c’est pourquoi il faut outiller les jeunes», a-t-il souligné.
En effet, dans leur analyse de la thématique, les panélistes ont soulevé les défis que doit relever la jeunesse si elle aspire à une vraie souveraineté. Ainsi, dans leurs argumentaires, ils ont énuméré, la recherche du savoir, la formation politique, la participation aux prises de décision. En quelques mots, la jeunesse selon les panélistes, doit être questionneuse, elle doit s’interroger, interroger son présent et son passé pour envisager l’avenir. Elle doit également s’instruire, se réconcilier avec elle-même, avec ses racines, son histoire et sa culture. « Une jeunesse africaine en quête de souveraineté doit déconstruire tous les mythes, détruire tous les complexes infériorisant qu’on lui a inculqué », a précisé le Professeur Moumouni Farmo, enseignant chercheur à l’Université Abdou Moumouni (UAM) de Niamey.
Les domaines prioritaires dans lesquels la jeunesse peut jouer un rôle déterminant dans la conquête de la souveraineté sont, selon Pr Moumouni Farmo, la question de la sécurité et de la défense et celle de la paix sans laquelle aucun développement n’est possible. La souveraineté énergétique qui attend d’être boostée pour, à son tour, assurer l’essor du développement économique et social, la souveraineté alimentaire qui attend son heure pour anéantir la mentalité d’assister, pour rompre le cercle vicieux de l’aide, pour affirmer la dignité des populations de l’AES. La souveraineté monétaire qui s’impatiente, elle veut mettre fin à la tyrannie du CFA ; la souveraineté politique qui exige de sortir du mimétisme et de la parodie, une manière originale d’organiser nos sociétés et de pratiquer la démocratie.
S’agissant de la question monétaire, les panélistes ont rappelé qu’en cette ère du 21ème siècle, l’Afrique de l’Ouest demeure la seule région au monde à utiliser une monnaie coloniale. Pour le Pr Issoufou Yahaya, enseignant chercheur à l’UAM, la jeunesse ne doit plus être un instrument de propagande politique, elle ne doit plus servir à peupler les casernes des terroristes, elle ne doit plus être les supplétifs des terroristes. Il préconise à la jeunesse de s’investir dans la recherche du savoir, car explique-t-il, si l’Afrique a été à la traîne, c’est parce que les responsables politiques n’ont pas mis l’accent sur les ressources humaines. « Ils n’ont pas mis l’accent sur le savoir, contrairement à l’Asie. Armez-vous de savoir pour être au rendez-vous », a-t-il ajouté.
Quant au panéliste, M. Nouhou Arzika, président du MPCR, il s’est appesanti dans son analyse de la thématique, sur la genèse historique ayant conduit ces trois peuples et ses trois hommes à la tête de l’AES, d’apporter un changement renversant les anciens régimes.
Hamissou Yahaya (ONEP)