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CEDEAO/ LEVEE DES SANCTIONS : Il n’y a plus rien sur lequel les fugitifs peuvent compter

Ouhoumoudou HassoumiVoici plus de sept mois que les Nigériens, courageusement, faisaient montre d’une résilience étonnante qui a surpris le monde entier, endurant les souffrances que leur imposaient des chefs d’Etat qui avaient cru que, par une telle solution de la cruauté, ils pouvaient arriver à bout de l’engagement du peuple et de ses nouvelles autorités.

Après Ouhoumoudou qui prédisait l’apocalypse pour le pays avant deux semaines, l’on a plusieurs fois entendu la presse française parler d’un effondrement prochain et proche du pays, évoquant, sans en avoir aucune preuve, l’imminence du chaos qui obligerait le pays à céder et, finalement, oh piètres calculateurs, à se mettre à genoux pour supplier la CEDEAO et la France à avoir pitié pour venir nous essuyer des larmes. Elles ont vainement attendu le grand désastre. Personne ne mourrait pourtant et ne se plaignait. Le peuple restait digne et supportait avec courage la cherté ambiante et souvent l’inaccessibilité de certains produits et leur mobilité drastiquement réduite. Est la France finit par capituler, renonçant à ses arrogances et à ses discours paternalistes, car trompée par ses spécialistes qui n’avaient aucune lecture sérieuse du pays, ne racontant que des ragots qui n’ont rien à voir sur la réalité d’un pays qui n’était plus celle qu’on présentait aux autorités françaises et souvent à celles d’une Europe qui avait eu tort de suivre à l’aveuglette une France qui les trimbalait dans toutes ses manigances, comptant sur un Niger – et elle le fit entendre partout, disant que nous sommes sa chose – qu’elle avait pourtant perdu depuis qu’elle ne savait plus respecter et aimer son peuple.

Hassoumi Massaoudou, Ouhoumoudou et tous les autres avaient prédit tous les malheurs pour le Niger. Aujourd’hui, à la suite de la levée des sanctions qui se sont révélées inefficaces, ils doivent bien être tristes que ce qu’ils appelaient de tous leurs voeux ne se soit pas produit, triste sans doute de voir les Nigériens résister à la méchanceté de la CEDEAO et de la France. Le Niger se porte plutôt bien. Et les Nigériens sont surtout plus que jamais déterminés à poursuivre le combat de la dignité sans compter ni sur la France ni sur la CEDEAO, ni sur un autre. Officiellement, pour leur grand malheur, aucune voix officielle n’a commenté la décision de la CEDEAO de lever les sanctions prises contre le Niger, les autorités nigériennes qui ne sont plus seules dans leurs choix, considérant cette gentillesse isolée et calculée comme un non-événement dont elles ne peuvent pas se réjouir parce qu’elles ne l’avaient pas cherchée ni même espérée. Ceux qui espéraient l’hécatombe pour le pays, peuvent-ils rêver de revenir dans le pays ? Et les Nigériens les attendent. Le pays ne s’est pas effondré, au contraire, il résiste et tient bon, rêvant de nouvelles épopées.

Entre désespoir et problème de conscience…

Tous les plans ont foiré et il n’y a plus rien sur lequel les fugitifs peuvent compter pour espérer revenir au pouvoir alors qu’oubliant Dieu dans les destinées humaines, ils entrevoyaient dans leurs vieilles arrogances qu’ils seraient là à gouverner le pays pour pas moins de trente ans. Mais, le 26 juillet 2023, Dieu qui tient toutes les destinées, renversait les plans pour mettre au-dessus le sien que rien et personne ne peuvent corrompre. Dans les silences d’une nuit calme, sous un ciel apparemment serein, un monde se défaisait dans le désarroi d’un philosophe surpris par le destin, peutêtre sans que les hommes n’aient conscience qu’ils n’agissaient que par un autre dont la volonté prime sur tout pour déterminer les parcours des sociétés. Ainsi, la CEDEAO a échoué à porter une guerre par procuration que la France lui demandait de mener contre le Niger. Ses sanctions ont également échoué lamentablement, et voilà que des armes dont on peut soupçonner le mode d’emploi, sont découvertes dans leur cachette. Il n’y a plus, depuis ce soir du samedi 2024 à Abuja, de sanctions qui pèsent sur le Niger, si ce n’est celles que le Niger refuse, maintenant notamment avec le Benin le blocus qui, jusqu’à nouvel ordre, au-delà de ce qui est de la CEDEAO, devrait continuer à rester en vigueur, le Niger ne pouvant plus faire confiance au Benin, sinon à son président actuel, Patrice Talon, qui héberge les soldats que le Niger chassait de son territoire. S’il ne peut pas le comprendre, c’est tant pis.

Aller vite…

Le CNSP et son gouvernement, victorieusement, viennent de franchir bien d’obstacles, avançant avec fierté aux cotés de peuples frères du Mali et du Burkina Faso. Dans cette marche exaltante, le soutien du peuple aura été précieux. On peut d’ailleurs penser, après la levée même inutile des sanctions de la CEDEAO, que le gouvernement et le CNSP doivent communiquer pour remercier ce peuple qui, malgré les souffrances évidentes, n’a laissé paraitre aucune larme, aucun soupir, gardant altiers ses pas, pour marcher dignement. Il faut donc, et peut-être de concert avec les autres pays de l’AES, se définir un agenda, mettre en place les institutions de la transition, et régler rapidement certains problèmes, notamment celui de l’électricité et de la cherté de la vie. Certaines questions, avant que les peuples ne s’en impatientent, doivent être abordées dans l’urgence non dans la précipitation. Sur ces questions, avouons-le, les militaires doivent garder une certaine lucidité pour comprendre pourquoi les peuples soutenaient. La volonté de rassembler les Nigériens ne peut donc pas exonérer ceux qui ont volé et pillé, blessé et humilié, de leurs crimes. La vérité de l’Histoire le commande. C’est au prix de la moralisation de la vie publique, dans un pays gangrenée par la corruption, la concussion, le favoritisme et la propension des hommes à la facilité et à la culture de la médiocrité.

Notre époque a la lourde charge de réinventer le Niger tel que le voulaient Diori, Kountché et Baré : une nation métissée et unie, forte de sa diversité et riche de ses différences.

Par Mairiga (Le Courrier)