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Bradage des domaines publics : L’Etat achète ses propres terres à 1 milliard 900 millions auprès d’un lotisseur privé !

saison pastorale 2024 NigerCe qui se passe présentement dans le département de Torodi, relativement à la menace grave qui pèse sur les domaines publics de l’Etat, la liquidation programmée et encouragée d’aires de pâturage pour des profits égoïstes moralement inacceptables, doit interpeller chaque citoyen, et nécessite une mobilisation générale pour mettre fin aux dégâts qui ont plongé les riverains dans un profond désarroi qui ne saurait être décrit, tant des rêves sont entrain d’être brisés, laissant place au désespoir et à l’inquiétude. Le législateur Nigérien qui à promulgué des lois pour protéger les aires de pâturage et bien d’autres domaines publics de l’Etat dans l’intérêt du peuple qui l’a élu, peut souffrir de constater que, ce ne sont plus les lois qui font les hommes, ce sont les hommes politiquement puissants qui font désormais les lois, pour le besoin de l’accumulation avide des biens et de l’argent, au détriment de la patrie et ses enfants. L’Etat avec qui a ses propres lois protectrices des espaces publics, a acheté ses propres terres, 150 hectares à 1 milliard 900 millions de FCFA, dans le département de Torodi, auprès du Sieur Boubé Gazibo, lotisseur privé très actif sur ces terres fertiles qui entretiennent des dizaines de milliers de familles, qui y vivent de l’agriculture et de l’élevage. Un détail important à préciser, crève les yeux dans cette incroyable affaire : sur les 150 hectares achetés par l’Etat, 15% seulement d’après nos investigations, étaient des champs vendus par les propriétaires, les restants sont des domaines publics de l’Etat, ayant fait l’objet d’un schéma d’aménagement foncier. Ils sont par conséquent, inaliénables et incessibles, dans le temps et la durée. Comment l’Etat dans ce cas précis, peut-il se permettre d’acheter ses propres terres auprès d’un particulier pour une telle somme colossale ? Si cette choquante affaire à eu lieu sous la gestion de la mafia rose au pouvoir sous l’ère démocratique, elle prend forme malheureusement, sous le régime militaire, celui de la refondation de l’Etat qui n’a pas peut être chercher à comprendre, par comment ces terres achetées ont été acquises par le lotisseur vendeur. N’est-il pas nécessaire de vérifier s’il s’agit là, des domaines publics de l’Etat ou pas, avant de s’engager dans une aventure périlleuse pour les riverains et inutilement coûteuse pour l’Etat ? En effet, un arrêté du 25 décembre 2024 signé par le Ministre de l’urbanisme et de l’habitat Salissou Sahirou , a approuvé le plan de lotissement « logements sociaux route Torodi » . L’arrêté précise, que le site objet du plan d’aménagement partie acquisition par voie d’appel d’offre (150 hectares) et partie convention de lotissement, à une superficie d’un peu plus de 1351 hectares. Le lotissement des 1351 hectares, va s’étaler aux 150 hectares vendus par Boubé Gazibo, qui a signé une convention avec l’Etat.

Ce qui choque dans cette histoire tordue, pendant que ce lotisseur privé est entrain de priver injustement les populations de leur trésor le plus précieux qu’est la terre, l’Etat censé y contrevenir, lui ouvre ses bras avec toutes les faveurs les yeux fermés, pour ne rien comprendre et laisser faire, alors que la situation est grave. Déjà, dans le 5éme arrondissement communal de la ville de Niamey, il y a des ressources partagées relevant du domaine public de l’Etat qui ont été loties par la même personne sans aucune réaction. Cela doit interpeller le Gouverneur de la région de Niamey le Général Assoumane Abdou Harouna afin que plus jamais, ces pratiques malsaines ne se reproduisent dans sa région. Au moment où dans l’espace AES, des efforts et financements conséquents sont sans cesse mobilisés pour la réhabilitation et la protection des terres afin d’accroître l’économie et conquérir la souveraineté alimentaire par l’agriculture et l’élevage, La gouvernance foncière au Niger avec ses pratiques empreintes de légèretés comme cette affaire de vente de domaines publics de l’Etat, reste sévèrement critique dans ce processus de souverainisme qui appelle pourtant, au sacrifice et à une citoyenneté responsable dans l’intérêt commun. Quel sera alors, le sort du code rural Nigérien, instrument référentiel par excellence dans toute la sous région, au regard de cet amer constat? A quoi sert finalement le comité ad hoc présidé par le SG du Ministère de l’intérieur, chargé de réfléchir sur le problème foncier à Niamey et alentours ? Une chose est certaine : Tant que l’Etat va continuer à rester passif, ces individus ne changeront pas d’habitude car, comme le dit une certaine sagesse « Quand vous voyez une femme enceinte de 8 à 9 mois courir derrière une biche, demander lui la peau de celle d’hier ». Il est même souhaitable que le Général Tiani en personne ordonne l’ouverture d’une enquête, sur ce sulfureux dossier aux contours flous. Le Niger dans le contexte actuel, n’a pas de l’argent à jeter par la fenêtre, ou tout au plus, en a suffisamment besoin pour équiper nos vaillantes FDS, qui bravent tous les dangers et mourir s’il le faut, pour défendre et sécuriser le Niger et son peuple.
Amadou Harouna (Le Monde d'aujourd'hui)