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Billet : Le F.E.R au fond des nids de poule ! / Par Zakari Alzouma Coulibaly

A l’origine, c’était la Caisse Autonome de Financement et d’Entretien Routier (CAFER), rebaptisée, de nos jours, le Fonds d’Entretien Routier (FER). Son objet principal est la collecte des recettes de péage routier afin de constituer un fonds destiné à l’entretien du réseau routier national. Sur chaque axe routier, à l’entrée et à la sortie des Chefs-lieux de régions, des équipes du FER sont postées pour délivrer et percevoir les fameux tickets en guise de péage. Ce fonds collecté est logé dans les comptes de cet organisme public, dont le premier responsable est choisi sur appel à candidatures, sous la supervision des bailleurs de fonds internationaux. Comme on le voit, le FER n’est pas, décidément, une institution nationale comme les autres, de par même le mode de désignation de son administrateur général, ce qui lui donne de facto une indépendance et un pouvoir d’initiatives par rapport aux pouvoirs publics.

L’intention qui avait présidé à la création de cette institution est, sans doute, louable au départ, car elle vise l’efficacité et la prompte réactivité susceptible de la soustraire des lourdeurs administratives courantes. Cependant, depuis quelques années, des voix s’élèvent un peu partout pour poser de légitimes questions quant à l’utilisation qui est faite réellement des ressources générées par la collecte des péages routiers. Naturellement, on serait tenté de croire que tout ce pactole serait destiné à l’entretien et à la réhabilitation du réseau routier national. Mais, lorsque vous empruntez la Route Nationale N°1, vous risquerez de tomber des nues devant le constat effarant de l’état de dégradation avancée de ce tronçon.

Le calvaire du voyageur commence dès le segment Doutchi-Konni, long seulement de moins de 200 Km, dont il faut mettre plus de quatre heures chronos pour le parcourir ! En effet, ce segment routier est dans un état extrêmement pitoyable au point que, tous les véhicules qui l’empruntent enregistrent le plus souvent de gros dégâts mécaniques. Les différents trous avaient commencé très petits, mais avec le temps et l’intensité du trafic routier sur cet axe, ils se sont amplifiés par manque tout simplement de prévention et surtout d’entretien de la part des services techniques du FER. Tout le monde au Niger redoute à l’idée d’emprunter cet axe routier extrêmement exténuant et périlleux. Et que dire du fait que cet axe routier constitue la colonne vertébrale du pays ?

Pourtant, l’Etat a investi des milliards pour construire ces routes capitales, ce qui est d’ailleurs la tâche la plus difficile. Paradoxalement, c’est l’entretien de ces routes qui pose problème aujourd’hui. D’où la question de simple bon sens sur l’utilité réelle du FER : où sont donc passés tous les atouts d’efficacité, de réactivité pour lesquels cet organisme a été créé ? C’est bien bon de collecter des fonds pour un usage bien précis, mais encore faut-il que le commun des mortels constate des résultats tangibles, sur le terrain, de ce pourquoi il passe à la caisse !

Affaire à suivre !

10 novembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/