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Biens mal acquis au Niger : Où en est la justice et quand la vérité sera-t-elle révélée ?

Min Justice NigerGOUVERANCE - Biens mal acquis : à quand la vérité ?
Le Niger, sous la Renaissance, aura connu toutes les dérives et tous les abus. Les socialistes, par la gouvernance qui aura été la leur, faite d’ostracisme et de bannissement de certains Nigériens, auront catégorisé les populations, formant là, une composante privilégiée constituée de Nigériens qui ont droit à tout et une autre faite de Nigériens de seconde zone, n’ayant droit qu’à la persécution, la prison, l’exclusion. Pendant douze ans, au lieu de l’excellence politique promise et sans cesse ressassée dans les discours de l’Opposant, l’on ne découvre chez les socialistes nigériens que de la médiocrité et de la méchanceté. Ils ont passé tout leur temps à faire le mal, à détourner, à voler, à piller, à narguer un certain peuple. Les Nigériens s’en étaient d’autant indignés qu’ils avaient appelé vainement à faire la lumière sur les différents dossiers sulfureux, tous les scandales qui ont émaillé la gestion des Roses nigériens. Même Bazoum, à la veille des élections de 2016, reconnaissait que leur régime sur le plan de lutte contre la corruption et le grand banditisme d’Etat, avait failli, cultivant l’injustice et des malaises. Il reconnaissait en effet, qu’il y avait énormément à faire, avouant l’échec de leur parti dans un tel domaine. Issoufou qui aspirait à briguer un second mandat, avait reconnu le fait et s’était engagé – toujours dans ses discours – à sévir contre la pègre qui infeste son système, promettant une opération mains-propre déclinée sous le titre pompeux de « Maï boulala ». Mais ce ne fut qu’un feu de paille car une fois arrivé au pouvoir il a aussitôt oublié ses engagements sur une telle préoccupation, ne brillant que pour traquer ses adversaires.

L’homme avait tellement du faible pour les siens qu’il ne put rien contre personne, tout « Lion » qu’il prétend être.

Bazoum, non plus, ne put rien faire dans le domaine même s’il sacrifiait, à son arrivée au pouvoir, quelques menus fretins à l’image d’Ibou Karadjé et d’un ministre en fonction, Hamadou Zada, que le système avait utilisés pour le sale boulot, conscient qu’à la fin, ce sont eux qu’il allait sacrifier pour faire croire qu’il réprime la délinquance alors qu’il épargne de manière assez ciblée, ceux qui, proches d’un certain cercle du clan, commettaient les plus lourdes gaffes et qu’il tenait à protéger pour mieux justifier, sans s’en rendre compte, la gestion sectaire du pays.

Depuis que les militaires arrivaient au pouvoir, les Nigériens avaient fondé l’espoir qu’enfin, bien de dossiers allaient être dépoussiérés pour les traiter de manière impartiale afin que toute la lumière soit faite à propos. Ils rêvaient, à juste titre, d’une ère nouvelle, surtout quand des références au leadership de Kountché pouvaient être faites pour rassurer sur la nouvelle direction du pays. Kountché, lui, ne se reconnaissait pas à travers les visages car une seule chose compte pour lui : le Niger et les Nigériens pris dans leur globalité. Un an après, les dossiers emblématiques restent intouchables, du moins, l’on ne peut rien entendre de ce que le régime militaire en fait, lui pour qui, l’égalité des Nigériens devant la loi devrait plus s’affirmer pour convaincre qu’il ne venait pas pour un clan a fortiori pour protéger un individu. Les Nigériens, faut-il le dire et le reconnaître, ne comprennent pas, allant souvent jusqu’à parler d’un double jeu de la transition qui cache mal des complicités avec certains milieux de l’ancien régime que les militaires venaient défaire. Les discours ne suffisaient plus pour convaincre. Il faut des actes, entend- on dire les Nigériens.

Tous les Nigériens savent à quel point l’entourage d’Issoufou s’était enrichi de manière insolente et inconsidérée, avec une ostentation agaçante. Pour eux, ces gens ne peuvent pas accumuler de telles fortunes et s’en aller pour se la couler douce, intouchables car les lois de la République valent pour tous. Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, l’on apprend, de par certaines dénonciations, les fortunes sur lesquelles trônent bien d’acteurs de l’ancien régime, et notamment de l’entourage immédiat de l’ancien président Issoufou qui avait laissé faire autour de lui, permettant à des gens d’accumuler, pour finalement narguer les Nigériens pour lesquels ils n’ont que mépris. On sait les revenus de chaque Nigérien pour ne pas comprendre le niveau d’enrichissement de certains compatriotes depuis douze ans que leur pays accédait à l’indépendance. Même le fait d’être une épouse d’un président ou fils d’un président qui ne sauraient être, dans une démocratie normale, un métier, ne peuvent justifier les fortunes de certains hommes et de certaines femmes qui avaient gravité autour du pouvoir déchu.

Où sont les villas d’Aissata Diori, De Mintou Kountché, de Dame Ali Saibou, des épouses d’Ousmane, de Baré,de Tandja, de Salou Djibo ? Et pourtant !

Faut-il donc croire que ceux-là qui se sont si vachement enrichis – et l’on sait comment – peuvent s’en aller penauds, à trôner sur ces fortunes qu’ils ne peuvent justifier, au nom de la Justice égale pour tous ? Peut-on donc rassurer les Nigériens que tous les dossiers seront traités par la Justice et ce depuis que les Juges nigériens demandaient qu’on leur transmette les différents dossiers, isolés à certains niveaux ?Si le CNSP ne peut répondre à l’attente de justice des Nigériens qui, depuis de longues semaines, au regard en sus de la discrétion qui caractérise le travail de la Coldeff ayant décidé de couvrir les visages de ceux qui nous ont volé notre fortune commune, comme si, quelqu’un avait besoin de se compromettre pour demeurer solidaire avec un camp sur lequel, pourtant, l’on n’a jamais arrêté de décrier les faits de mal gouvernance qui ont d’ailleurs justifié, peut-on l’entendre dire, le coup d’Etat survenu le 26 juillet 2023, commencent à perdre leur foi en cette marche, ce même si la célébration de l’an 1 avait commandé de maintenir la fébrile cohésion autour du CNSP. Quand, depuis des jours, les Nigériens s’interrogent et se demandent, un an après, où en est la révolution actée le 26 juillet 2023, faisant écho aux mutations en cours chez les deux voisins, le Mali et le Burkina Faso, il y a de quoi se préoccuper de la marche du pays que les Nigériens voudraient qu’elle soit la plus déterminante pour leur avenir. Peut-on donc croire à une rupture quand, après un an, ceux qui ont volé et pillé le pays, ne peuvent être inquiétés ? La question, grave, taraude les esprits et c’est tout à fait légitimement que les Nigériens expriment ces appréhensions. Ils ne voudraient pas avoir tort d’avoir soutenu. Et comme nous l’avons si souvent écrit, personne d’autres, si ce n’est le CNSP lui-même, ne peut rassurer les Nigériens. Il faut donc donner des chances à la justice de jouer son rôle et notamment de régulatrice des tensions sociales. Les gens ont beau attendre, s’ils ne voient venir le changement auquel ils aspirent, la vieille bête, en eux, pourrait se réveiller pour vouloir se faire justice. N’est-ce pas déjà prendre de gros risques que de vouloir laisser des gens sortis de presque rien, déposséder le pays de sa fortune ? Si la transition facilite les choses aux princes déchus parmi lesquels, certains, peut-être compteraient des amis, il va sans dire, pour qui connait de quel bois sont faits les socialistes nigériens, qu’eux, ne leur feront jamais cadeau de leur gentillesse, pouvant, tant que l’occasion pourrait leur être offerte, se venger de l’humiliation que des hommes qu’ils croient avoir fabriqués, leur ont fait le 26 juillet dernier, révélant à la face du monde sa hideuse face et le rejet populaire dont est l’objet un régime que l’on n’a pourtant pas arrêté de chanter au niveau de bien de partenaires aujourd’hui déçus de leur « champion » qui, angoissé pour que l’Histoire ne le rattrape pas, tente de se trouver une nouvelle virginité politique.

Gobandy (Le Monde d’Aujourd’hui)