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Audits du secteur pétrolier et de la CNSS au Niger : Une tonne de milliards détournés par les deux clans du Pnds Tarayya

Bazoum Mohamed Issoufou Mahamadou PNDSLes deux dossiers du secteur pétrolier et de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) dont la Coldeff [Commission de lutte contre les infractions économiques, financières et fiscales] vient d'hériter sont loin d'être de la tarte. Il s'agirait d'affaires de plusieurs milliards et les montants mis en cause, notamment dans le secteur pétrolier, pourraient atteindre quelques 2 808 milliards de francs CFA sur les 13 années du régime déchu. La question qui est actuellement sur toutes les lèvres dans les salons feutrés de la capitale nigérienne est de savoir si l'institution dispose réellement des moyens de coercition nécessaires pour faire rendre gorge aux mis en cause dans ces affaires qui portent sur des milliards à n'en plus finir. Déjà, attendue par l'opinion nationale sur d'autres affaires tout aussi graves, car impliquant des dizaines de milliards, la Coldeff, a-ton appris, a constaté, à son corps défendant, les limites objectives de ses pouvoirs et de son action.Ce qui a émoussé l'ardeur de certains fonctionnaires qui avaient cru en la sincérité de leur mission.

Pour le moment, ni le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) ni le gouvernement, encore moins la Coldeff, n'a pipé mot de ces rapports d'audit. On ignore encore les raisons de ce silence inexplicable des autorités de la Transition qui ont déclaré faire de la transparence leur credo. Toutefois, si la Coldeff aussi n'a pas encore claqué la langue, nos sources indiquent toutefois que des agents et des notaires de la Cnss ont commencé à défiler là-bas, sommés de rembourser les sommes détournées. Dans la gestion du pétrole, comme à la Cnss, les deux clans du Pnds-Tareyya ont rivalisé d'ingéniosité et de culot pour pomper au Trésor public le maximum de milliards. Deux clans apparus au grand jour à l'occasion de la confrontation larvée entre pro-Issoufou et pro-Bazoum au lendemain de l'accession au pouvoir de ce dernier et qui continuent à se tirer dessus.

Dans le secteur pétrolier, il pourrait s'agir de 2 808 milliards L'audit du secteur pétrolier n'a pas encore révélé ses monstruosités, mais il est déjà au centre de tous les débats. L'ampleur des détournements dépasse, selon une source crédible, les montants mis en cause au ministère de la Défense. Des personnalités et leurs proches percevant régulièrement des sommes astronomiques qui leur sont versées sur les revenus pétroliers. Une sorte de rente viagère ou plutôt de dîme aux ayant-droits du pétrole. Ce sont des milliards qui sont mensuellement distribués entre membres du clan suivant une clé de répartition qui réfère, apprendon, au statut et au rang. La rente la plus infime serait de 50 millions de francs CFA. Selon notre source, cette ponction sur les revenus pétroliers trouverait sa source dans le rabais effectué sur la production pétrolière. Au lieu de 35 000 barils/jour effectivement produits par la Soraz [Société de raffinerie du pétrole de Zinder], le régime déchu a toujours déclaré 20 000 barils/jour, soit une différence de 15 000 barils/jour. C'est visiblement cette manne pétrolière que se partageaient les régents du régime déchu. Une supercherie découverte et révélée par l'ancien ministre du Pétrole qui avait d'ailleurs annoncé la volonté du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) d'engager un audit de la gestion de l'or noir.

15 000 barils/jour, cela fait quelques 450 000 barils/mois, soit 18 milliards de francs CFA mensuels et 216 milliards par an, tel est le montant qu'ont généré les 15 000 barils/jour non déclarés et dont les revenus sont captés par la haute sphère du pouvoir déchu. Sur les 13 années, cela représente environ 2 808 milliards subtilisés à la base et répartis entre membres du clan et virés sur leurs comptes bancaires. Une pratique ignoble digne de la mafia sicilienne qui a saigné les finances publiques, mettant en péril la Soraz et la Sonidep [Société nigérienne des produits pétroliers] devenue curieusement débitrice à l'heure du pétrole nigérien. Pour une société considérée comme un des fleurons de l'économie nigérienne bien avant l'avènement du pétrole, il y a de quoi intriguer. Selon notre source, les problèmes financiers de la Sonidep et de la Soraz trouveraient leurs sources dans le wassosso qui a prévalu sous la 7ème République. La CNSS, un tonneau des Danaïdes au service des pontes du régime.

Du côté de la Cnss [Caisse nationale de sécurité sociale], ce sont les mêmes odeurs malodorantes. Des fautes graves de gestion ont été relevées, mettant en cause, là aussi, des détournements de plusieurs milliards de francs CFA. Selon une source proche du dossier, deux hectares de terre (un champ) qui se trouveraient à 40 kilomètres de Niamey auraient été achetés à 650 millions de francs CFA par la Cnss. Une opération montée et exécutée avec la complicité active d'un conseiller à la présidence de la République sous la 7e République.

Laboukoye (Le Courrier )