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Au Niger, le régime du PNDS est en voie d’assassiner la démocratie en vue d'instaurer la ploutocratie (gouvernement par les plus fortunés)/Par Issa Kanga

Au Niger, le régime du PNDS est en voie d’assassiner la démocratie en vue d'instaurer la ploutocratie (gouvernement par les plus fortunés).
En effet, l'article 109 de la Constitution stipule que « le gouvernement a l'initiative des lois concurremment avec les membres de l'Assemblée nationale ». Fort de cette prérogative constitutionnelle, le régime des Renaissants a jugé utile et opportun de préparer un projet de loi pour réviser à la hausse les montants des cautions pour la participation aux élections présidentielles, législatives et locales. Ainsi, le gouvernement projette les modifications suivantes : pour la candidature aux élections présidentielles la caution passe de 25 millions à 200 millions soit une hausse de 700 % ; pour la caution aux élections législatives au niveau des circonscriptions ordinaires la caution passe de 250 mille à 50 millions soit une hausse de 19 900 % et au niveau des circonscriptions spéciales, la caution passe de 100 mille à 25 millions soit une hausse de 24 900 % ; pour les élections locales, la caution passe de 10 mille à 2 millions soit une hausse de 19 900 %.

Voilà la nouvelle recette aux maux dont souffre le Niger que le régime du PNDS illimi trouve mieux à servir aux citoyens dans un des pays les plus pauvres au monde, où le PIB par habitant n’est que de 590 dollars (environ 300 000 francs).

Au vu des projets de modification du code électoral, pour qu'un parti puisse participer aux élections générales au niveau de toutes les circonscriptions électorales, il lui faut nécessairement disposer de 1 milliard 332 millions dont présidentielles : 200 millions ; législatives : 400 millions pour les 8 circonscriptions ordinaires et 200 millions pour 8 circonscriptions spéciales ; locales : 532 millions pour les 266 communes.

Rappelons que les taux des hausses proposées sont de l’ordre de 700 %, 19 900 % et 24 900 %. Alors, sur quelle base se fondent ces hausses faramineuses des cautions aux élections générales ? Seuls Ouhoumoudou et ses camarades sauraient répondre à cette interrogation. En tout cas, les sources de financement officielles des partis ne pourraient les justifier quand on sait que sept (7) ans durant aucun parti n'a bénéficié de la subvention de l'Etat, en toute violation des dispositions de l'article 30 de la charte des partis politiques. En plus, les militants des partis vivent, en général, dans une misère crasse qui annihile leur capacité contributive pour le financement des activités des partis. En outre, la richesse nationale est fortement concentrée entre les mains de quelques Renaissants labellisés dans le détournement, la concussion et les fausses factures de sorte qu'actuellement, tous les richissimes du Niger ne répondent que d'un seul parti : le PNDS Tarayya.

Dans le contexte actuel, quel que soit le montant des cautions, ce parti n'en a cure car ses dépenses de fonctionnement sont excédentairement prises en charge par les militants richissimes pondus ou même par le trésor public, désormais mis en coupes réglées.

Alors, ce projet de loi modificative du code électoral relève d’une stratégie politique du PNDS : après avoir instrumentalisé la justice pour éliminer les candidats gênants, il faudrait utiliser le trésor public pour éliminer les partis gênants. A cette fin, ils ont d’abord pris le soin d'enrichir excessivement leurs militants et de clochardiser exécrablement les militants des autres partis. Aujourd'hui, combien sont les leaders politiques qui peuvent disposer de 200 millions de caution ? A partir de là, on comprend aisément que la présidence est réservée ‘’aux princes du golf’’ et leurs rejetons qui, au cours de leur service civique politique, déclarent déjà plus du milliard de fortune personnelle.

Mon Dieu ! Vraiment l’être humain a une courte mémoire. C’est incroyable que l’idée d’une gouvernance du pays par des seuls fortunés germe dans la tête de ceux-là qui, récemment encore, faisaient des pannes de carburant en pleine circulation ou se pintaient à crédit. Sacré PNDS ! On comprend désormais pourquoi depuis son arrivée au pouvoir « la course à la fortune est devenue un sport national », pour emprunter l'expression du footballeur camerounais Joseph-Antoine Bell.

Comment peut-on avoir à l’esprit l’initiative d’un tel projet de loi satanique si ce n’est pour promouvoir, à tous les échelons de l’administration publique, la discrimination et le détournement ?

La discrimination car, à l’avenir, les mandats électifs au Niger (conseillers, députés, présidents) seront réservés exclusivement aux fortunés. Les moins nantis ne sont désormais que des moins que rien faisant office de bétail électoral à qui les fortunés distribueront quelques billets de banque pour obtenir de leurs voix lors des élections.
Le détournement car le trésor public sera entièrement privativisé au profit d’hommes politiques affairistes de tout acabit qui en auront une mainmise à travers leurs mandats électifs. C’est logique non ? quand le capital à investir est rehaussé, on doit s’attendre à ce que le retour sur investissement se déchaîne au détriment du trésor public.
Bref ! avec le régime du PNDS, le détournement des fonds publics connaitra donc de beaux jours devant lui : l’unité de détournement qui a passé du million au milliard remontera à la centaine de milliards très bientôt. Les plus fortunés ne sont-ils pas les plus voraces face à l’argent public ? Cet adage du terroir le confirme en disant « qu’il vaudrait mieux qu’un rat passe un mois dans une rizière qu’un hippopotame y séjourne pendant une nuit. » Malheureusement, nos Renaissants ne se font aucun souci pour la rizière.
Mais, pour ne pas aller vite en besogne, nous attendons de voir si ledit projet de loi, aux conséquences désastreuses, aura l’adhésion des 166 autres partis politiques auxquels le secrétariat du CNDP l’a transmis, pour observations, sur instruction du Premier Ministre.

Issa Kanga