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Au coeur de la polémique du trafic d’or : La sortie médiatique ratée du ministre de la Justice

 Alio Daouda Justice NigerDepuis que les médias ont annoncé la saisie d’une importante quantité d’or, le débat ne fait que s’enflammer autour de l’identité du ou des propriétaire(s), de la quantité réelle, de comment pareille quantité a pu sortir du pays sans que personne, au niveau de l’aéroport, n’ait rien soupçonné. Mille et une questions auxquelles l’on ne trouvait pas de réponses. C’est dans cette situation que le Ministre de la Justice a cru bon se jeter à l’eau, alors que, dans les faits, il semble n’avoir aucune réponse à tant d’interrogations importantes que les Nigériens, à juste titre, se posent pour comprendre cette nième affaire qui vient une fois de plus ternir l’image du Niger. Pourquoi ne pouvait-il pas attendre d’avoir d’amples informations sur cette autre mafia avant d’oser cette communication qui n’apportait presque rien sur le sujet sinon que de dire qu’une enquête est ouverte et que, pour le moment, l’on ne saurait même pas attester que cet or viendrait du Niger alors que, selon les sources éthiopiennes, cet or vient bien du Niger. Pourquoi veut-on nous pousser à douter des services d’Ethiopie ayant saisi la cargaison dorée ? Pourquoi donc le ministre est venu semer les graines du doute dans ce que semble être de l’ordre de l’évidence ? Y a-t-il à cacher quelque chose dans cette affaire ? Curieux, tout de même.

Les Nigériens n’ont rien compris à la communication du ministre de la Justice et, surtout, ils n’ont pas compris ce qu’il visait par cette sortie médiatique. Veut-il étouffer l’affaire pour protéger ceux qui seraient impliqués dans cette affaire ? Les Nigériens ne l’accepteront pas. Il y a de quoi penser qu’il y a quelques connivences entre un pan de l’ancien système et le CNSP, notamment par rapport à cette affaire, toute chose sur laquelle, vraisemblablement, se fondent les doutes qu’ont aujourd’hui certains Nigériens dans la gestion de ce dossier. Comment ne pas le croire quand, de son exil, un proche du président déchu, Dany Takoubakoye, son directeur de cabinet adjoint, s’invite dans le débat, apportant des interrogations qui ont valeur d’affirmations sur le sujet. Il n’en fallait pas plus pour voir s’exprimer les adversités entre clans rivaux du régime déchu avec les partisans du président-philosophe déchu qui montent au créneau pour régler leurs comptes à ceux qui auraient aidé à les défaire et le clan de l’ancien président, aujourd’hui irréconciliables. En se servant des réseaux sociaux depuis l’exil pour s’exprimer sur un sujet dont il a, à ce qu’il prétend, connaissance, mais que leur système pouvait taire tant qu’il pouvait être aux affaires. Pourquoi c’est aujourd’hui seulement qu’il faut faire ces insinuations dangereuses ? Est-ce à croire que tant qu’on peut les laisser au pouvoir, ils pourraient pactiser avec le bienfaiteur Issoufou qui leur aura permis de gouverner le pays, en leur faisant le privilège de gagner, contre tous, une élection bancale qui n’avait aucun goût quand, pour triompher, on peut empêcher à des candidats craints de se présenter, et même par la suite, par user de falsification de PV, de bourrage d’urnes et de manipulations à la va-vite de chiffres pour finir, par l’incohérence des résultats proclamés, par se discréditer et porter de graves soupçons sur les résultats électoraux manipulés qui donnaient le philosophe vainqueur. Dans la vie, comme en politique, il faut rester cohérent avec soimême. C’est sans doute sidéré que l’on entend l’ancien directeur de cabinet adjoint dire que « Depuis quelques jours dans l’affaire dite des «1.400kg, d’or» qui défraie la chronique, les putschistes de Niamey arrêtent, torturent et humilient les intermédiaires et bureaux d’achat d’or. On perquisitionne, cambriole et vol[e] d’importantes quantités d’or et de devises dans les bureaux de négociants sans même leur dire ce qu’on leur reproche ». Si ce qu’il dit est vrai, c’est qu’il doit connaitre ce milieu et surtout que le business de l’or, dans le pays, sous leur ère, serait devenu un commerce florissant qui met aux prises des groupes d’intérêt qui se livrent une âpre bataille pour en garder le monopole. On comprend que deux clans politiques, depuis quelques temps, en arrivent là à se détester et à ne plus savoir s’aimer. Cette affaire de l’or pourrait donc être une autre pomme de discorde entre les deux clans rivaux que le pouvoir et ses enjeux ont fini par déchirer et diviser. Comment ne pas s’inquiéter quand Dany Takoubakoye, sachant toute la gravité de ses accusations, dit, à ses risques et périls, que « Tiani sait très bien qui a transporté les 1.578 kilogrammes d’or de l’aéroport de Niamey et connait également sa destination. Il sait aussi parfaitement à qui était destiné ce métal et combien avait été demandé pour la transaction ». La rancune d’avoir été chassé du pouvoir peut-elle pousser à porter de telles graves accusations sur le Président du CNSP ? En osant de telles affirmations, sans doute qu’il urge au CNSP, après avoir lancé un mandat d’arrêt international, de travailler à l’extradition de cet homme pour que par rapport à ce dossier dont il prétend en savoir davantage, vienne édifier les enquêteurs et la justice nigérienne afin de les aider à faire toute la lumière sur l’affaire.

Tous les Nigériens ont compris où se dirigent les accusations de Daouda Takoubakoye qui, par de tels indirects, indexe celui qui serait à la base de la chute de leur régime et de leurs malheurs depuis ce grand matin du 26 juillet 2023 où les bureaux ne leur étaient plus accessibles. Qui ne peut pas avoir compris qu’il pointe du doigt le clan adverse, celui De l’ancien président, celui-là même dont on dit le Général Tiani être très proche. On l’entend donc dire, se faisant l’avocat de ceux qui sont ciblés par les premières enquêtes, à ne pas en faire des cobayes car les fautifs, selon lui, sont bien connus. Pourquoi donc, fulmine-t-il, faut-il faire payer à des innocents des fautes dont ils ne sont nullement coupables ? Aussi s’écrie-t-il, "Donc Don Allah, laissez les négociants tranquilles. Ils sont légalement établis en République du Niger et opèrent en toute légalité. Vous connaissez vos fraudeurs et savez où ils se trouvent actuellement impliqué dans la gestion de l’or, tout en restant à la présidence, tant il semble être sûr de ce qu’il dit ?

Attention aux erreurs de casting…

L’affaire intéresse tout le monde dans le pays et, après cette irruption dans le débat de Daouda Takoubakoye, on risque d’ouvrir la boite de pandore pour voir les deux bords rivaux, se jeter des pierres, notamment lorsque chacun en viendrait à faire des révélations croustillantes sur l’autre. Au Guriland, il ne fait plus de quartier, on tire sur tout ce qui bouge. Advienne que pourra semble dire chacun des bords en conflit désormais ouvert. Et ils font feu de tout bois, y compris par la délation, comme on l’a vu chez un autre, un certain Ali R. Sékou Maïna, qui trahit son âge avec un écrit sulfureux dont il portera toute la responsabilité. Est-ce ça les gens qui veulent diriger la nation ? Le Niger a eu beaucoup de chance avec tant de lugubres personnages qui le prenaient en otage. Horribles socialistes !

Il est arrivé depuis quelques temps que ces camps rivaux ne puissent plus s’aimer et soient prêts à se détruire comme si le « Coran attrapait » quelqu’un – suivez mon regard. Cette affaire ne peut donc être gérée avec légèreté, car on est à un moment où personne ne peut plus protéger personne. Des individus ne peuvent pas profiter des ressources qui appartiennent à tout un peuple, se construisant un empire fait de montagnes d’or et de puits de pétrole et où des enfants gâtés sont appelés à trôner pour perpétuer le règne des pères.

Non, le Niger doit échapper à ces dessins et desseins macabres de socialistes égoïstes.

Le Ministre de la Justice doit donc comprendre qu’on est avec une affaire énormément sérieuse qui ne saurait d’accommoder de félonie : ce seul dossier peut aider à comprendre l’ancien régime et son fonctionnement. Il requiert sérieux et volontarisme. Surtout, doit-il comprendre que les Nigériens, désormais, veillent.

Par Mairiga (Le Courrier)