ATTAQUE TERRORISTE DANS L’OUEST DU NIGER : La CEDEAO une compassion problématique
Depuis quelques mois, le Niger, avec les autres Etats de l’AES, concomitamment, décidait de se retirer de la CEDEAO, évoluant dans le nouveau cadre que les trois Etats mettaient en place quelques semaines plus tôt. Depuis, l’on a vu l’organisation régionale trembler de frayeur, inquiète que ses extrémismes contre des Etats-membres en lutte contre le terrorisme depuis des années, ne la portent pas à son extinction. Personne ne pouvait comprendre, lorsque ces Etats, durement frappés par la violence terroriste, se battent contre l’hydre que la CEDEAO, au lieu d’être sensible aux souffrances des populations durement affectées, ne trouve mieux à faire qu’à décider de mesures qui leur compliquent la situation, les isolant de l’organisation et même prenant des décisions criminelles que le contexte ne saurait justifier, notamment pour défendre son rejet d’un coup d’Etat. Peut-on, au nom des coups d’Etat, faire ça à un pays-frère ? La décision de sortir d’une telle CEDEAO n’était donc que légitime car unanimement accueillie et saluée par les populations. Nos choix ne doivent pas nous valoir des guerres de pays qui prétendent être nos amis.
Il y a quelques jours, alors que l’armée du Niger remportait plusieurs victoires sur l’ennemi qui ne joue plus que sur le harcèlement, détruisant une base terroriste à l’ouest du pays, elle tombait dans une embuscade qui a provoqué des partes énormes dans les rangs des militaires nigériens qui réussirent à éviter l’hécatombe en mettant le feu sur l’ennemi qui attendait à l’autre bout pour leur faire la fête. Les nôtres ont l’art et l’expérience de la guerre. Dans leur désarroi, ces terroristes qui savent que les choses ont changé dans la donne militaire depuis le coup d’Etat du 26 juillet et depuis que les trois armées se mettaient ensemble pour se constituer en un front commun contre le mal, jouent, en désespérés, leurs dernières cartes macabres. On ne compte pas moins de vingt-trois(23) soldats nigériens qui ont été tués, mercredi 20 mars 2024, et 17 autres blessés dans cette attaque terroriste dans la région de Tillabéry (ouest). Le professionnalisme de nos soldats permit donc d’éviter l’hécatombe qu’aimeraient avoir à commenter certains médias étrangers avides de sensationnel et de manipulation.
Le Mali et le Burkina Faso, face à l’épreuve, étaient aux côtés du Niger, promettant que l’affront ne restera pas impuni, les trois armées ayant les moyens de faire payer à l’ennemi ses audaces suicidaires. Peut-être que d’autres partenaires en ricanent, heureux de croire que c’est leur renvoi du pays qui nous cause ce bilan. Si ces pays peuvent voir quelques responsabilités dans ce jeu, ils doivent bien s’assumer car les trois pays travaillent à comprendre les contours de cette attaque et surtout les complicités qui ont permis qu’elle ait pu avoir ce bilan. Rien, peut-on entendre ici et là, ne peut dissuader le Niger à renoncer à ses choix stratégiques et il entend poursuivre le chantier de la réappropriation de sa souveraineté. Les frontières de l’AES finiront par être sécurisées et aucune force du mal, aujourd’hui traquée et souvent anéantie à l’intérieur des frontières, ne pourra trouver le moyen de nous agresser à partir de l’extérieur pour rentrer dans l’espace AES désormais quadrillée et en passe d’être sécurisé.
Faut-il faire attention et accorder du crédit à ce communiqué de la CEDEAO ?
Beaucoup d’observateurs pensent que non. Depuis que les trois pays décidaient de se retirer de l’AES, l’on a constaté que l’organisation communautaire a été ébranlée, inquiète de ne pas pouvoir survivre à une telle décision qui vient à un moment où, tous les autres pays, dans la gestion des crises au Sahel, face à ses options, avaient pris leurs distances visà- vis d’elle, ne pouvant plus se reconnaitre à travers une organisation manipulée et téléguidée de l’extérieur par des puissances étrangères au dessein impérialiste avéré. On apprend dans son communiqué en date du 24/03/2024 que la CEDEAO condamne avec « la plus grande fermeté » l’attaque terroriste qui a causé la mort d’au moins 23 militaires au Niger. Elle dit réagir « avec une vive émotion et une grande tristesse [face à] la mort de 23 militaires nigériens au cours d’une embuscade tendue par des terroristes lors d’une opération de ratissage de l’armée dans l’ouest du pays, près du Mali et du Burkina Faso ». Et saisissant « […] cette douloureuse circonstance, la CEDEAO voudrait adresser ses condoléances les plus sincères au gouvernement et au peuple nigériens ». Il ne faut pas oublier que c’est quand même la même CEDEAO qui projetait, il y a quelques mois, de porter une guerre contre le Niger et donc d’avoir, contre le même Niger, la même attitude terroriste, qu’elle prétend condamner aujourd’hui. Tout le monde comprend aujourd’hui ce que visent ces gentillesses calculées de l’institution communautaire. Comment comprendre « son soutien aux familles endeuillées et aux Forces armées », quand, il y a quelques mois, elle décidait d’asphyxier ce peuple en le privant d’électricité, de vivres et de médicaments ? Il n’y a pas de cohérence dans ce que dit la CEDEAO et dans ce qu’elle a eu comme attitude à notre égard, oubliant tout de nos relations pour vouloir pour le pays le mal.
On n’est donc que surpris alors que voici plus de dix ans que nous luttons contre le terrorisme de voir cette CEDEAO exprimer tant de préoccupations à notre situation face à la violence terroriste qu’aujourd’hui seulement. Elle va jusqu’à dire qui veut l’entendre qu’elle « voudrait – [le temps employé est intrigant] – également condamner, avec la plus grande fermeté, ces actes lâches et barbares et assurer les autorités nigériennes de sa ferme volonté de coopérer à la lutte vigoureuse contre le terrorisme et les extrémismes violents dans la Région ». De la poudre aux yeux ? Peutelle se souvenir de cette expression ? Le Niger, en particulier, et l’AS en général, peuvent-il lui faire confiance ? Est-ce juste un acte de bienveillance qui voudrait corrompre le Niger pour le séparer de l’AES ?
Rien ne peut dévier le Niger de sa ligne de prudence. Il a, seul, fait des choix et agit de manière responsable et assumée dans le cadre de l’AES. Ensemble, ces pays iront jusqu’au bout. Et d’autres pays arrivent.
Mairiga (Le Courrier)