ASSAINISSEMENT : Le CNSP décidé à traquer des maires délinquants révoqués
Il y a quelques jours, le CNSP décidait de restreindre les pouvoirs des maires et des présidents de conseils de ville et de région. Puis, quelques autres jours après, de mettre carrément fin à leurs fonctions. La décision était d’ailleurs attendue depuis des semaines par de nombreux Nigériens pour qui le fait de les laisser en fonction ne rimait pas avec les événements en cours dans le pays, notamment le coup d’Etat qui décidait de la mise entre parenthèse de la loi fondamentale, sans laquelle ils ne peuvent avoir aucune base légale pour continuer à fonctionner. Mieux vaut tard que jamais et, ainsi, les maires et les présidents de conseils partaient, laissant derrière eux, souvent des mairies désolées où les populations se demandent à quoi auront servi ces municipalités, sinon qu’à signer des actes d’Etat-civil. Il semble que la raison de cette décision venait du fait que bien de ces entités étaient mal gérées. La gouvernance locale, ainsi qu’on l’a voulue par la décentralisation, s’il fallait faire un état des lieux, n’aura pas apporté les résultats escomptés. En effet, l’on ne peut voir nulle part, par le travail des différents conseils, depuis que ces différentes structures se mettaient en place à la suite d’élections locales, aucune réalisation d’envergure et sérieuse qui puisse montrer que les différents responsables à différents niveaux aient pu changer le cadre de vie des populations. La décentralisation servait de grands commis non les populations pour lesquelles on l’avait pensée et mise en oeuvre à la faveur de la démocratie qui, elle-même, a trop déçu. Ils ne réussirent même pas à assainir le cadre de vie urbain, a fortiori à construire des infrastructures économiques, routières et de loisirs. La question que l’on se pose naturellement est de savoir où est passé l’argent des municipalités et des conseils régionaux et de villes. Dans les grandes villes du pays où le Villes amassent de gros sous par les taxes et autres impôts, on ne voit rien de ce que l’on fait pour améliorer certains services, notamment le transport, les marchés, les routes, la voirie.
La réponse on la connait : personne ne sait où cet argent est passé. Dépensés entre voyages et rencontres inutiles, ces fonds collectés auprès des populations n’auront servi que des individus, ces entités n’ayant peut-être servi qu’à engraisser des hommes et des femmes qui, après avoir pris des engagements avec les populations, comme leurs tuteurs politiques à un certain niveau plus élevé de la responsabilité politique, ont vite oublié les promesses faites aux électeurs. Et comme c’était dans l’air du temps, les uns et les autres, chacun dans bien de cas, se seraient investis à se remplir les poches pour, finalement, ne donner aucune raison de croire à la décentralisation et à ce que l’on avait fait croire pour justifier sa pertinence comme gage de transparence et d’efficacité dans la gouvernance locale, notamment quand, désormais, en principe, les populations devraient être pleinement impliquées dans la décision et dans le choix des priorités. Rend-on d’ailleurs compte aux populations de la gestion de leurs villes ? Les sessions de conseil de ville, à la vérité, ne sont que du folklore. Il n’y a souvent rien de sérieux. Les maires sont donc partis. Et pour certains, c’est sans doute le moment de vivre des soucis à ne jamais trouver le sommeil. Il y en a qui savent déjà, après les passages d’inspecteurs dans leurs entités décentralisées, qu’ils ont des choses à élucider dans leur gestion et savent bien qu’ils pourraient être amenés à y répondre d’un jour à l’autre, ce depuis que le pouvoir changeait de main dans le pays et que le régime qui les protégeait, en principe, n’est plus là pour leur assurer la même impunité. On apprend donc que nombre d’entre les responsables des mairies, des conseils de ville et de régions, sont soupçonnés de graves malversations pour lesquelles ils pourraient être amenés à s’expliquer devant les juridictions du pays.
Du reste, on apprend qu’ils sont nombreux à avoir commis bien de fautes de gestion pour lesquelles ils devront répondre. Tant il est vrai que le CNSP, après avoir mis fin aux fonctions des différentes structures locales du pays, serait décidé à aller à la traque des maires délinquants révoqués. Certains pourraient donc, selon nos sources, être poursuivis, par la Justice, pour détournements de deniers publics, pour fraude, pour concussion et complicité de concussion. Si beaucoup de conseils ont souvent basculé vers le pouvoir, abandonnant leurs partis et les combats de l’opposition, c’est bien parce que leurs responsables se savaient vulnérables par leurs fautes de gestion, pour lesquelles, le pouvoir leur faisait du chantage en leur brandissant la menace de la prison pour des fautes qu’ils pourraient d’ailleurs avoir reconnues.
Les Nigériens ne demandent pas mieux. Ainsi tous ceux qui, à un niveau ou à un autre, auront commis des gaffes pour compromettre des deniers publics, devront répondre de leurs actes. Les Nigériens l’attendent pour ces entités certes, mais ils voudraient surtout voir une telle action intéresser d’autres niveaux plus élevés de la responsabilité administrative et politique où la pègre à gros poils a sévi pendant douze années et demi de saccage et de pillage systématique que le Gurisme avait institutionnalisé avec, à la clé, une impunité totale. Le Niger n’a plus besoin de ces abominations qui sont venues détruire toutes les valeurs du vivreensemble que nous avons connues et cultivées dans le pays par un certain esprit de tolérance qui avait été le nôtre et qui nous aura permis de réguler bien de crises dans le pays pour vivre en peuple et en nation, au-delà des clivages et des différences.
Mairiga (Le Courrier)