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Approche de l’UNICEF pour la résilience au Niger : Les interventions multisectorielles dans la région de Diffa

Grâce au financement allemand BMZ, l’approche de l’Unicef pour la résilience au Niger est basée sur le renforcement des capacités des autorités autour des efforts de décentralisation et un paquet d’interventions multisectorielles intégrées  réunissant la nutrition, la protection, les services Wash, l’éducation et les services de  santé  fournis de manière durable, en renforçant les capacités  locales à gérer les services et à effectuer un changement de comportement.

Le financement BMZ a permis à l’Unicef d’améliorer la qualité de l’offre des services de santé. En effet, l’Unicef a fourni des équipements à l’hôpital du district de Mainé Soroa et des médicaments. Le centre de santé Mère et Enfant de Diffa a aussi bénéficié d’importants équipements qui contribuent  à la prise en charge efficace des nourrissons. Il s’agit de tables de réanimation, de couveuses et de concentrateurs d’oxygène.

Le Centre de santé intégré (CSI) urbain de Diffa a également bénéficié de l’appui de l’Unicef à travers l’initiative de communication communautaire pour la sensibilisation des femmes sur les consultations prénatales et la transmission  du VIH Sida de la mère à l’enfant.

À l’hôpital du district de Mainé Soroa, l’Unicef, à travers le financement BMZ, a doté le district d’un appareil de dernière génération, le  GeneXpert qui permet  de faire un certain nombre d’examens qui ne se faisaient pas avant dans le district. Il s’agit des examens de la tuberculose, les examens des suivis des patients sur les charges virales et  de la Covid-19. L’appareil permet aussi de faire les examens des hépatites et du  VIH chez les nourrissons.

L’Unicef appuie les activités des relais communautaires du district de Mainé Soroa.  Le district a reçu  plus de 510 caisses pour la distribution des médicaments et une importante quantité de médicaments. 143 cartons de paracétamol  500 mg et 138 cartons d’amoxicilline 250 mg pour la prise en charge des maladies des enfants au niveau périphérique comme le paludisme, les IRA, et les diarrhées. Et comme résultat, le district reçoit des malades moins gravitaires.   

Dans le cadre de la vaccination équité, le district sanitaire  de Mainé Soroa a été doté de chaine de froid.  C’est-à-dire  des réfrigérateurs  solaires pour la conservation des vaccins.  Les réfrigérateurs solaires vont être installés au niveau communautaire afin d’accroitre la couverture vaccinale qui permettra de lutter contre les épidémies.

Pour la prévention de l’infection  du VIH Sida de la mère à l’enfant, l’Unicef a mis en place une initiative de relais communautaires appelée  médiatrices qui jouent un rôle de médiateur entre la communauté et le CSI.  Les médiatrices sensibilisent les femmes à faire recours aux services de santé pour les consultations prénatales et post natales.  Elles les sensibilisent surtout à se faire dépister pour le VIH Sida afin d’éviter la transmission du VIH Sida de la  mère à l’enfant.

« Cette initiative a amélioré  la qualité de l’offre des services de santé. Le nombre des dépistages a augmenté. Il y’ a  ce jour 42 femmes dans la file active comparativement à 2020 où il n’y avait que 14 », a dit  le responsable du CSI urbain de Diffa.

« Nous sensibilisons les femmes à se rendre au CSI pour les consultations tout au long de la grossesse.  Nous les sensibilisons également sur le dépistage du VIH Sida afin d’éviter les risques de contamination de la mère à l’enfant », témoigne Fati Adi, une femme médiatrice. 

Amélioration de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant

Pour prévenir  la malnutrition chez les enfants de 6 à 23 mois, deux unités de production de farine fortifiée ont été mises en place dans les communes de Diffa et de Mainé Soroa. Ces unités de production sont gérées par des groupements féminins. Le marketing et la distribution sont assurés par les jeunes formées à cet usage.

Le travail dans ces unités de production a contribué dans l’autonomisation des femmes comme l’explique la présidente du groupement féminin de l’unité de production de la commune de Diffa, Mme Malomi Fati. « Travailler dans cette unité de production a apporté un changement positif dans notre mode de vie quotidien. Avant ce travail, nous n’avons aucune occupation. Nous sommes au nombre de 35 femmes qui gagnent des revenus dans ce travail. Nous subvenons à nos besoins grâce aux revenus de ce travail », se réjouit Mme Fati.

 Zara Madou aussi de l’unité de production de la commune de Mainé Soroa témoigne toute sa satisfaction. Elle indique avoir bénéficié assez de revenus à partir de la production de la farine ‘’Garin Yara’’.   « Avec la production de la farine ‘’Garin Yara’’, j’ai toujours de l’argent.  Je satisfais mes propres besoins et j’assiste même des proches  avec mon revenu », renchérit Aissa Akanou, une femme du groupement féminin de l’unité de production de Mainé Soroa.

À travers la mise en place de ces unités de production, l’Unicef apporte son appui à l’amélioration de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant.   Aussi, faut-il le noter, outre  la prévention de la malnutrition, la production de la farine ‘’ Garin Yara’’ a également créé toute une chaine de valeur. De l’achat de la matière première, en passant par la transformation jusqu’à la commercialisation du produit fini, ce sont des milliers de personnes qui tirent des profits. 

Accès équitable à l’eau potable à travers une approche WASH pilotée par les municipalités au niveau de la communauté

Pour améliorer l’accès à l’eau potable des populations, l’Unicef a appuyé la réalisation et la réhabilitation de deux mini-adductions d’eau potable multi-villages dans la commune de Chetimari et la réhabilitation d’une mini-AEP et d’un poste d’eau autonome (PEA) dans la commune de Mainé-Soroa. Les populations des localités bénéficiaires expriment leur joie et témoignent leurs reconnaissances à l’endroit de l’Unicef.

Ainsi, le président de la Délégation spéciale de la commune de Chetimari remercie l’Unicef pour l’ensemble des actions menées en améliorant l’accès en eau pour le bien-être des populations.  « Nous remercions l’Unicef pour ces réalisations au profit de nos populations. Il y’ a un engouement des femmes et des enfants qui puisent l’eau aisément. Nous remercions énormément l’Unicef pour ces réalisations afin d’alléger les souffrances des femmes et des enfants. L’Unicef a beaucoup fait et il continue à faire et nous les remercions».

Dans le village de Malam Boulamari- commune de Mainé Soroa - les travaux de la mini AEP ont concerné  la réhabilitation de 7 bornes fontaines, la réalisation de 3 nouvelles autres et la réalisation d’un champ solaire.

Selon M. Salifou Issa, Directeur départemental de l’hydraulique et de l’assainissement de Mainé Soroa, la réhabilitation du poste d’eau autonome du village de Soukoundou a concerné le système d’alimentation thermique. En effet, d’ après les explications du Directeur départemental de Mainé Soroa, « le système thermique d’alimentation en énergie  avec un groupe-électrogène dont nous avons des difficultés en approvisionnement  a été transformé en champ solaire. Il y’a également eu une extension du réseau en amenant l’eau dans le village à travers la réalisation de deux bornes fontaines et deux abreuvoirs ».

Les populations du village de Soukoundou (Commune de Mainé Soroa) expriment leurs remerciements et leurs satisfactions à l’endroit de l’Unicef pour la  réhabilitation de  la source d’eau du village.  Issoufou Abdou, chef du village de Soukoundou  exprime la joie des populations de son village : « Nous sommes fiers de ce que l’Unicef nous a fait en nous facilitant l’accès à l’eau. Notre village a beaucoup souffert pendant des années pour manque d’eau mais l’Unicef nous a résolu ce problème».

L’Unicef a appuyé le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement pour initier l’approche communale WASH/ATPC dans la commune urbaine de Mainé Soroa afin de la certifier fin de défécation à l’air libre (FDAL). C’est dans cette optique que l’ONG IDELA a été identifiée pour la mise en œuvre de l’approche FDAL, ce qui a amélioré les conditions d'hygiène et d'assainissement pour 101 132 habitants de la municipalité de Mainé Soroa (279 villages et 6 sites de déplacés). 

Parmi les localités concernées par l’approche Assainissement Total Piloté par la Communauté (ATPC), il y’ a le village d’Ambouram Abakaram. D’après Mohamed Ali, chargé de programme eau, hygiène et assainissement au bureau de l’Unicef de Diffa, c’est une approche par laquelle l’Unicef accompagne les communautés pour qu’elles puissent  prendre conscience du  dégout de la défécation à l’air libre afin de mettre fin aux conséquences des maladies dites périfécales. C’est aussi une approche globale, car au-delà de mettre fin à la défécation à l’air libre, il y’ a d’autres activités WASH notamment la sureté de l’eau, la gestion de l’hygiène menstruelle au niveau des écoles.

Dans cette approche, il est important de souligner que la commune est responsabilisée. L’ONG IDELA  qui assure la mise en œuvre travaille directement avec la commune qui est la principale responsable de cette approche au-delà  des services techniques de l’État.

Selon Adji Hassane, un habitant du village d’Ambouram Abakaram, cette approche a fortement contribué à maintenir leur environnement propre et a amélioré leur état de santé. « Grâce à cette approche, nous avons bénéficié de plusieurs sessions de formations en hygiène et assainissement », témoigne Adji Hassane.

Toujours dans le cadre du volet  WASH, l’Unicef, à travers le fonds BMZ,  a financé la construction d’un laboratoire d’analyse et de contrôle de la qualité de l’eau  au niveau de la Direction régionale de l’Hydraulique et de l’Assainissement  pour le suivi de la qualité de l’eau de tous les ouvrages hydrauliques à l’échelle de la région. 

Le financement BMZ a permis d’ouvrir 40 centres d’éducation alternative

1359 adolescentes et jeunes sont formés dont 602 filles contribuant ainsi au développement de leurs capacités et à leur insertion socio-professionnelle. A terme, le dispositif CEA permet aux jeunes de participer activement au développement local et à la consolidation de la paix. 

M. Maman Laouel Bedai, inspecteur de l’alphabétisation et de l’éducation non formelle à Mainé Soroa témoigne : « la commune de Mainé Soroa a bénéficié de 10 CEA reparties dans les écoles d’accueil. Avec l’insécurité, il y’a eu un déplacement massif des populations qui se sont installées un peu partout dans la ville de Mainé Soroa. C’est pour prendre en compte les enfants qui sont hors de l’école que l’Unicef a créé les CEA. Les élèves reçoivent une formation d’une durée de 9 mois en 3 phases. Au terme de la formation, les enfants sont transférés au niveau des centres de formation aux métiers (CFM) pour apprendre un métier et s’insérer dans la vie».

Les bénéficiaires expriment leurs satisfactions :«Je suis contente d’être ici avec mes camarades pour apprendre. Mon ambition est de poursuivre une formation qui me permet d’exercer un métier », affirme Amina  Saley en provenance de la localité de Gouré.  Ousmane Saley, originaire de Gaidam (Nigeria) renchérit : «avant d’être admis dans ce centre, je ne fais rien, je n’ai aucune occupation mais maintenant, je suis dans un centre d’apprentissage  qui me permettra d’apprendre à lire et écrire et  d’avoir un travail à l’issue de la formation».  L’école primaire Festival de la ville de Diffa dispose aussi d’un centre d’éducation alternative.

Concernant la scolarisation, le maintien de la jeune fille à l’école et la promotion de l’abandon du mariage d’enfants, le projet BMZ a permis d’initier un dispositif de mentorat (scolaire et communautaire) pour 2000 filles du primaire et le premier cycle du collège. Le dispositif à terme permettra d’améliorer les résultats scolaires dans les matières fondamentales (maths, français, écriture) et assurer un environnement favorable à leur épanouissement et protection contre toutes sortes de violence, y compris le mariage d’enfants.

Mme Tankora Zara, mentor pédagogique au CES Kazelma Ousmane  qui compte 331 filles bénéficiaires du programme de mentorat explique que les filles sont suivies par les différents mentors afin de leur dispenser des cours pour renforcer leurs capacités.

En ce qui concerne le mentorat communautaire, Mme Hassane Mariama, mentor communautaire, explique: «  Nous apprenons aux filles les bonnes manières de vivre en société. Nous leur  apprenons également les bonnes pratiques d’hygiène et tout ce qui a trait à la vie sociale de la femme ».

Protection de l’enfant : Renforcement de l’environnement protecteur, droit à l’identité 

Dans le cadre du renforcement de la résilience communautaire et la cohésion sociale, l’approche communautaire de la protection a permis de mettre en place et renforcer 40 comités villageois de protection de l’enfant. Elle a également permis la mise en place de 4 comités communaux de protection de l’enfant ; 2 comités départementaux de protection de l’enfant qui ont pour rôle d’identifier, de signaler et de référer les enfants à risque de protection dans les communautés y compris les filles à risque de mariage d’enfant. Les enfants sans acte de naissance et les enfants victimes d’abus et de protection. Ainsi, ce dispositif a permis à 255 filles et 162 garçons de retrouver le chemin de l’école, 72 garçons et 72 filles de bénéficier d’un programme d’apprentissage en métiers.

Également, dans le cadre du même dispositif, 450 enfants dont les enfants sortis des groupes armés, les enfants séparés et non accompagnés et autres enfants ont bénéficié d’un programme de réinsertion socio-professionnel.

Selon les explications de l’Assistant technique du programme ACTPE, M. Ali Dan Baba Bachir, l’Approche Communautaire pour la Protection de l’Enfant (ACTPE) a pour objectif de renforcer les capacités des communautés sur les droits humains, la santé de reproduction, la paix et la cohésion sociale, la protection de l’enfant, les pratiques néfastes pour la santé de la femme et de l’enfant. L’ACPTE, précise M. Ali, c’est aussi le renforcement des capacités des leaders communautaires des comités communaux de protection de l’enfant et les comités villageois de protection de l’enfant.En somme, l’ACPTE vise à renforcer les mécanismes communautaires de protection de l’enfant.

Apport des Comités de veille communautaire à travers le dispositif d’alertes communautaires RapidPro :

Dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, l’Unicef en collaboration avec l’association des chefs traditionnels du Niger (ACTN) a mis en place 350 comités de veille, dans chacune des communes, en raison de 5 membres par comité. Ces comités ont bénéficié d’activités de renforcement sur les aspects épidémiologiques de la COVID-19 et le système d’information et d’alerte précoce (rapidPro). Les comités de veille ont mené des sensibilisations dans les ménages, les lieux de cultes, les radios communautaires etc. Grâce à RapidPro, 834 alertes ont été remontées et toutes les alertes ont été investiguées par les chefs CSI.

Au-delà des  alertes sur la Covid-19, renseigne le chef de canton de MainéSoroa, l’honorable Abdou katiellou Katiella Gasso, «les comités de veille mènent des sensibilisations sur les vaccinations  et sur tout autre aspect de la communauté pour passer des informations. Je fais une bonne appréciation du travail des comités de veille. Je suis également satisfait en tant que point focal». 

Le Président du Conseil régional de Diffa apprécie les activités de l’Unicef dans la région

Pour M. Dalla Korodji , l’Unicef est un  des partenaires clés de la région de Diffa dans le cadre de la mise en œuvre des activités particulièrement en lien avec l’éducation, la santé, et la formation professionnelle. Le conseil régional travaille de manière participative avec un certain nombre de projets de l’Unicef  dont le financement BMZ. « Nous avons eu à organiser un atelier sur le dialogue programmatique financé par l’Unicef  qui nous a permis de mettre en relation toutes les collectivités territoriales de la région et nous avons discuté sur le processus de maitrise d’ouvrage pour identifier les interventions sur le terrain ».

L’Unicef appuie les collectivités territoriales à faire un ciblage adéquat et accompagne la jeunesse.  «Ceci parce que tant que le problème du chômage des jeunes n’est pas fini, tant que les jeunes ne sont pas bien encadrés, nous serons toujours dans le problème de l’extrémisme violent et  de pauvreté», a alerté le président du conseil régional de Diffa, M. Dalla Korodji. 

Par Oumar Issoufou, envoyé spécial (Onep)