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Amères vérités : Si Bazoum se retrouve parfaitement dans ce qui s’est passé avec le transfèrement d’Ibou Karadjé à Koutoukalé, au ministère de l’Éducation ou encore dans ce discours outrancier de Hassoumi Massoudou sur la radio française,...

Si Bazoum se retrouve parfaitement dans ce qui s’est passé avec le transfèrement d’Ibou Karadjé à Koutoukalé, au ministère de l’Éducation ou encore dans ce discours outrancier de Hassoumi Massoudou sur la radio française, il faut se rendre à l’évidence que pour régler quelque chose dans ce pays, il faut plutôt taper à la porte d’Issoufou. Il saura instruire Bazoum pour faire prendre les dispositions nécessaires

Les chefs d’Etat africains sont inconséquents. C’est le moins qu’on puisse dire, au regard de ces décisions alambiquées qu’ils prennent lorsque, par leurs conduites tout autant inconséquentes, des militaires redressent les torts faits aux peuples. Hier comme aujourd’hui, ils se sont permis de piétiner les droits de leurs peuples, d’emprisonner, de persécuter, voire de massacrer des citoyens dont l’unique tort est de défendre leurs droits, d’exercer des libertés dévolues par droit constitutionnel. Partout où les dirigeants s’empressent de jouer aux faux républicains en excellant dans la défense de principes qu’ils n’ont jamais respectés, comme c’était le cas à propos de l’affaire guinéenne avec Hassoumi Massoudou, il ne faut pas s’y tromper, ils défendent leur propre gombo. Mais encore faut-il, dans le cas du ministre des Affaires étrangères nigérien, savoir le gombo duquel des deux patrons du Niger défend Hassoumi dans cette sortie au vitriol contre les autorités de pays amis et frères. En parlant de la façon dont il l’a fait, Hassoumi Massoudou, il faut l’admettre, incarne beaucoup plus la veine d’un certain Issoufou Mahamadou que Bazoum Mohamed, le président actuel, décidément plus virtuel que réel. Hassoumi Massoudou n’a pas parlé au hasard et ce n’est certainement pas pour défendre les principes démocratiques auxquels il ne croit pas. Il n’est ni porte-parole de la Cedeao, ni le ministre-président du conseil des ministres de la Cedeao. Au nom de qui s’est-il répandu ainsi sur les antennes de la radio française ?

Le propos de Hassoumi Massoudou n’est pas que la résurrection de la politique va-t-en-guerre et du zèle inconsidéré d’un certain Issoufou Mahamadou, incontestablement plus réel que virtuel. Il est aussi, par le choix du canal d’information, l’incarnation d’une sujétion dont le Niger a payé et continue de payer le prix fort tandis que la classe dirigeante maîtresse de ce choix vénal s’enrichit de façon insouciante. En un mot, le propos de Hassoumi est un appel du pied au directeur de conscience. À quelle fin ? Tout va se savoir. Pour le moment, il est en train d’enfumer, certain que, dans ce pouvoir bicéphale, c’est lui qui tient le bon bout. Le Président Bazoum a beau comprendre le fond de ce discours surréaliste ; il a beau être irrité, il ne peut rien contre un Hassoumi Massoudou. C’est l’autre qui peut sévir contre lui et ça lui convient parfaitement, cette chienlit diplomatique.

La visite du Président Bazoum à Tillabéry n’est pas peut-être étrangère à ce propos qui s’apparente à la réponse du berger à la bergère. Le choix du site et des conditions dans lesquelles le chef de l’Etat a fait son point de presse est une autre gifle sur les joues tendres d’Issoufou Mahamadou. Un démenti de la suffisance et du décalage démentiel avec le peuple relevé chez l’ancien président. Si Bazoum Mohamed sait qu’il est incapable de sévir contre les apparatchiks du parti, il sait toutefois qu’il lui est possible de détruire à petit feu sans s’exposer. Il s’essaie alors à des petits trucs pleins de subtilité mais bourrés de sens sur ce qu’il est et sur ce qu’il veut être.

Hassoumi Massoudou sait plus que nous n’en savons sur les réalités du pouvoir actuel. Sinon, il ne se permettra pas ces écarts de langage qu’en diplomatie, même un verre de trop ne doit justifier. Les Nigériens risquent fort, tout ministre des Affaires étrangères qu’il est, parler et agir en tant que ministre de l’Intérieur. Si, dans ce propos sur le Mali et la Guinée, il fait corps avec le Président Bazoum, ça confirme bien l’avis de ceux qui soutiennent que c’est toujours Issoufou Mahamadou qui dirige par procuration. Et une procuration, on peut la retirer si, par aventure, on se constate que le mandataire s’écarte de la voie tracée. Ah, ce Bazoum tou- de même ! S’il séduit par son style, il fait finalement pitié d’être là sans être là. Le transfèrement d’Ibou Karadjé à Koutoukalé s’est fait, sans que les commanditaires, nichés dans les bauges du pouvoir actuel, aient été inquiétés. N’est-ce pas l’impunité qui continue pour les membres du pouvoir ? Au ministère de l’Education, sans la moindre concertation avec les partis alliés, deux directeurs régionaux de l’Education (à Dosso et à Agadez), militants du Mpr Jamhuriya et du Pcr Ingantchi, ont été remplacés par deux militants du Pnds. N’est-ce pas l’expression d’un pouvoir qui entend exprimer et assumer sa nature ? En tout cas, au regard des rapports qui lient les deux leaders de partis alliés concernés, le Mpr et le Cpr, il est presque certain que ce qui s’est passé au ministère de l’Education est la manifestation d’un bras de fer entre l’aille d’Issoufou Mahamadou et celle de Bazoum Mohamed. C’est probable.

Bazoum Mohamed est-il un président réel ou virtuel ? Gouverne-t-il par procuration pour Issoufou Mahamadou qui lui a conféré le seul pouvoir de représentation publique ? L’ancien président lui fait-il une guerre larvée, histoire de lui chercher noise ? Chercherait-il à noircir le tableau de Bazoum Mohamed dont il serait jaloux des premiers pas ? Telles sont les questions auxquelles, rapidement, les Nigériens doivent trouver des réponses afin que nul ne dise qu’il a été abusé.

Si Bazoum se retrouve parfaitement dans ce qui s’est passé avec le transfèrement d’Ibou Karadjé à Koutoukalé, au ministère de l’Éducation ou encore dans ce discours outrancier de Hassoumi Massoudou sur la radio française, il faut se rendre à l’évidence que pour régler quelque chose dans ce pays, il faut plutôt taper à la porte d’Issoufou. Il saura instruire Bazoum pour faire prendre les dispositions nécessaires. C’est peut-être la triste réalité et il vaut mieux, pour une saine compréhension de la gouvernance qui a cours actuellement, savoir à qui on a affaire.

Bonkano