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Amères vérités - Réforme de la Justice et lutte contre le terrorisme : Mesures implacables pour le Niger

Justice Niger Amères vérités : L’honnêteté et l’intégrité, le refus de la corruption ne sont pas des valeurs qu’on acquiert simplement parce qu’on est devenu juge. On les acquiert à travers l’école, l’éducation familiale, voire politique, qui formatent l’esprit

La lutte contre le terrorisme ne sera un succès que le jour où l’État décrètera des mesures implacables contre ceux qui, par dogme ou profits quelconques, alimentent les réseaux terroristes en leur fournissant renseignements, carburants, vivres, drogues, produits pharmaceutiques, etc. La guerre doit être totale et il n’y a pas de raison d’avoir la moindre indulgence à l’endroit de personnes qui comptent s’enrichir sur les monticules de morts que le pays enregistre. Le complice d’un terroriste est indiscutablement un terroriste et la loi doit être le premier levier de la lutte contre le terrorisme. Pourquoi le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) n’a-t-il pas encore songé à ériger les barrières nécessaires ? Aux grands maux, les grands remèdes ! Une ordonnance qui classifie les types de connivence avec le terrorisme et qui les adosse tous, sans exception, à des peines pénales très lourdes allant de 25 ans à la peine capitale, serait la bienvenue. Une fois que l’ordonnance est signée, le gouvernement doit mettre tous les moyens et toutes les ressources possibles et accessibles pour la populariser afin que nul ne se prévale d’une quelconque ignorance des peines auxquelles il s’expose en commerçant avec les terrroristes. Tout flagrant délit de connivence et/ou de commerce avec les terroristes doit être frappé de peine de mort exécutée sans délai et publicisée. Outre que la peine de mort, adossée aux cas de flagrant délit, est exécutée dans un délai très court, il faut que la mise à mort des mis en cause fasse l’objet de propagande médiatique. La fermeté du gouvernement sur ce sujet doit être comprise de tous.

Le trafic de drogue étant la mamelle principale du terrorisme, la loi doit réserver le même sort, le même traitement, aux trafiquants de drogue. Il faut couper l’herbe aux pieds aux terroristes en empêchant au maximum toute possibilité d’approvisionnement. Cette campagne de communication peut s’étendre sur trois mois, sans toutefois accorder le moindre répit aux terroristes sur le terrain.

Autre préoccupation, autre vérité, la justice est prise à partie ces derniers temps et il est bien indiqué de dire la seule vérité qui vaille la peine d’être dite : il faut éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. La fragilisation du système judiciaire ne sert pas les intérêts du Niger et de son peuple ; elle ne sert que ceux qui ont les mains tachées de sang et qui sont prêts à faire toutes les manipulations possibles créer une situation de chienlit généralisée.

Premièrement, on ne juge pas tout un système sur la base de deux faits singuliers. S’il y a des mauvais juges, des juges corrompus et je ne sais quoi encore, il y en certainement dans tous les corps. Il y a des militaires corrompus et mauvais, il y a des administrateurs corrompus et mauvais, il y a des policiers corrompus et mauvais, il y a des politiciens corrompus et mauvais, il y a des enseignants corrompus et mauvais, etc.

Deuxièmement, les juges ne sont que des instruments d’un système judiciaire dont il y a lieu d’exiger la réforme. Sans cette réforme, le juge peut toujours s’abriter derrière sa fragilité et l’Exécutif continuera à tirer les marrons du feu sans se brûler les doigts.

Pour mémoire, poussés dans leur dernier retranchement et mis en demeure de juger selon le droit, sans parti pris par l’ancien président Bazoum Mohamed, les juges, par le biais du Syndicat des magistrats du Niger (Saman), ont mis celui-ci au défi de clarifier les règles du jeu en levant son genou sur leur cou. À titre de rappel,l’Exécutif n’a jamais satisfait, jusqu’au coup d’État du 26 juillet 2023, aux demandes formulées par le Saman. Sans cette réforme, le peuple n’obtiendra rien. Il va continuer à s’en prendre à des juges alors que la source est là, intacte. Sans cette réforme, quel que soit le régime politique ou le pouvoir en place, la justice sera toujours telle qu’elle est et les abus, l’injustice, la corruption, le déni du droit d’une façon générale, seront la règle.

Troisièmement, il faut pousser l’analyse et la réflexion en se disant que le juge n’est qu’un élément de la société. Il n’est pas un extraterrestre qui disposerait naturellement de l’apanage de l’honnêteté et de l’intégrité. Le juge se construit au travers d’un cursus scolaire et d’éducation. Il n’est donc que la quintessence d’un système dont il épouse en définitive les valeurs et les contrevaleurs. Or, notre système scolaire présente d’énormes défaillances et la gouvernance a fait naître chez les plus jeunes, depuis plus de trois décennies, des contrevaleurs qui ne peuvent que produire de mauvais policiers, de mauvais gendarmes, de mauvais soldats, de mauvais administrateurs, de mauvais juges, etc. L’honnêteté et l’intégrité, le refus de la corruption ne sont pas des valeurs qu’on acquiert simplement parce qu’on est devenu juge. On les acquiert à travers l’école, l’éducation familiale, voire politique, qui formatent l’esprit. Or, aujourd’hui, nous devons tous reconnaître que nous servons le mauvais exemple aux plus jeunes. Ne soyons donc pas surpris de voir tant de travers dans le service public.

Les phénomènes de faux diplômes ou de diplômes indus, la corruption dans le système d’enseignement, des personnels enseignants qui n’ont ni compétence académique ni compétence pédagogique mais maintenus juste parce qu’il faut offrir à des parents et connaissances des revenus réguliers, ont un coût à payeret un impact certain sur la qualité des hommes et des femmes chargés de servir l’État.

Des hommes ont détourné des dizaines, des centaines de milliards, avec en sus des morts sur les bras, mais n’ont jamais été traduits devant la justice ? Quel modèle de société sommesnous en train de construire et de léguer aux générations futures ? Est-ce un juge qui a signé l’ordonnance portant création, organisation et de la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscale (Coldeff) qui exonère pratiquement des criminels avérés d’une peine pénale ?

Est-ce un juge qui a décidé, il y a à peine deux ans, que l’État décide de ne pas se constituer partie civile dans l’affaire du ministère de la Défense nationale ?

Est-ce un juge qui a décidé de donner à Issoufou Mahamadou, l’homme qui a tant de crimes sur les mains, la liberté de jouir de tant de privilèges au point de voyager à sa guise ? Est-il rentré de son voyage alors que le forum auquel on l’a dit avoir participé est clos depuis le 15 juin 2024 ?

Sans dédouaner les juges de quoi que ce soit, surtout pas des comportements de suffisance et d’arrogance individuels qui ne sauraient toutefois être considérés comme le fait de tous les juges, il faut s’attaquer, non pas aux manifestations du fléau, mais plutôt à la cause. C’est l’unique solution pour endiguer le mal, car si toutes les constitutions ont consacré, par pure forme, le principe de la séparation des pouvoirs, notamment entre l’Exécutif et le judiciaire, le second est resté l’appendice du premier. Un appendice ? Plutôt une arme redoutable entre les mains de l’Exécutif qui, tous régimes et pouvoirs confondus, a été utilisée comme instrument de combat politique à la solde de celui qui est au pouvoir.

Le juge actuel au Niger, c’est comme le journaliste des médias publics. Il sert les desseins de celui qui est au pouvoir. À la seule différence que le juge, qui dispose de pouvoirs étendus, a l’opportunité d’abuser de son statut et de sa fonction. Tant que le pouvoir judiciaire n’aurait recouvré son entière et pleine souveraineté vis-àvis de l’Exécutif, on ne pourra jamais prendre véritablement le juge en défaut.

BONKANO (Le Canard en furie)