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Amères vérités : Entre Bazoum et Issoufou, si le second n’est pas le produit du premier, l’inverse est loin d’être une vérité

Waziri Ibrahim, le conseiller en communication du président de la République a dû rendre son tablier, contraint de quitter ses fonctions parce que, diton, une certaine faction du Pnds Tarayya lui aurait fait un mauvais et faux procès. On lui aurait imputé la faute politique d’être l’inspirateur et l’initiateur de la comparaison entre Bazoum Mohamed et Issoufou Mahamadou. Une comparaison qui a tant déplu au point de provoquer une colère irascible chez ceux qui ont volé et détourné les ressources de l’Etat et qui se savent en sursis dans la lutte contre la corruption engagée par le locataire actuel du palais présidentiel. Le talent avec lequel Waziri mène la haute et délicate mission qui lui a été confiée est d’autant inacceptable que toute action de valorisation du chef de l’Etat actuel est, aussi bien pour Issoufou Mahamadou que pour ses thuriféraires, synonyme de crime de lèse-majesté. Dire et écrire que Bazoum Mohamed n’a pas besoin d’une armada militaire pour se déplacer sousentend que vous stigmatisez son prédécesseur dont on connaît les habitudes sur ce plan. De même, magnifier l’initiative du retour des déplacés internes et mettre à la disposition de l’armée, de façon effective, les moyens, déjà disponibles ¯ ces moyens étaient cloués et interdits à l’armée sous Issoufou ¯ c’est, dans le milieu des faucons du Pnds Tarayya, un acte assimilable à une volonté d’écorner l’hypothétique image du …du prix Mo Ibrahim.

Ne parlons pas de talent. Ne parlons pas non plus de volonté de Waziri de travailler à polir l’image de marque de celui qui lui a fait l’honneur de le servir à un poste aussi stratégique et difficile. Pour les partisans d’Issoufou, il y avait une action délibérée, réfléchie et mise en oeuvre avec méthode et rigueur, non pas seulement pour polir l’image de Bazoum, mais une narcissique détermination à noircir celui que l’on dit avoir rendu d’immenses services au Niger mais qui ne peut s’offrir la moindre liberté de mouvement à Niamey sans être hué ou méprisé du regard. Valoriser le locataire actuel du palais présidentiel, saluer sa vision des problèmes auxquels est confronté, soutenir sa marche, quoique lente et titubante, à la rencontre de son peuple, est pour Issoufou et ses partisans enfoncer davantage un homme qu’ils savent sans mérite aux yeux de ses compatriotes.

Si Issoufou Mahamadou a si rendu service au Niger au point de bénéficier du prix Mo Ibrahim, pourquoi n’estil pas célébré chez lui ? Il est indiscutable que Bazoum Mohamed ne peut revendiquer le bilan, catastrophique, d’un Issoufou. S’il prend des gants pour en parler, c’est pour sacrifier à un principe de gratitude cher à notre société. Pour combien de temps tiendra- t-il encore ? La démission forcée de Waziri est, certes, un revers terrible pour le Président Bazoum qui a étalé sa faiblesse à prendre, avec courage et détermination, les décisions qui s’imposent. Est-ce là la réalité du pouvoir actuel ? Est-ce une façon pour Bazoum Mohamed de faire savoir exactement à quoi il joue ? La perception populaire est tragique pour le chef de l’Etat actuel qui est pourtant sur une belle tangente.

Ayant courbé l’échine dans une affaire aussi banale que celle de Waziri, on imagine mal Bazoum Mohamed pouvoir tenir dans les affaires à grands enjeux. Bientôt, on lui demandera de ne plus faire de déplacements sur le terrain, d’abandonner le retour des déplacés dans leurs terroirs, d’accentuer la corruption et les détournements des deniers publics afin d’enrichir davantage les …du pouvoir. Bientôt, on lui demandera de ne plus communiquer sur ce qu’il fait de positif, en particulier lorsque Issoufou Mahamadou a été nul sur la question. Bientôt, on lui demandera de tout mettre en oeuvre pour échouer lamentablement comme son prédécesseur et créer les conditions pour se faire détester de ses compatriotes en affichant clairement ses préférences pour les intérêts étrangers au détriment de ceux de son pays. Bientôt, on lui demandera de ne pas donner de l’importance à ceux qui lui conseillent de suivre la voie de la paix sociale, de la stabilité politique et institutionnelle pour donner libre cours aux complots sordides. En vérité, Bazoum sait où se trouve la voie de son salut. Et contrairement à ceux qui pensent qu’il est le produit d’un certain Issoufou Mahamadou, ceux qui savent rigolent en entendant cela. Entre Bazoum et Issoufou, si le second n’est pas le produit du premier, l’inverse est loin d’être une vérité. Et selon des confidences de salon, Bazoum Mohamed ne tardera pas à faire comprendre qu’il est l’unique capitaine à bord du bateau. Du reste, il l’aurait déjà clairement signifié à Issoufou Mahamadou qui se mordrait les doigts d’avoir si facilement cédé aux desiderata des amis communs qui lui ont intimé l’ordre de passer tranquillement la main à Bazoum. Ce dernier n’a, donc, aucune espèce de gratitude à devoir à l’endroit de son prédécesseur qui sait par ailleurs à quel point Bazoum a contribuer à lui frayer le chemin. Au Niger, mais aussi à l’extérieur.

BONKANO.