Skip to main content

Amères vérités : Divergences de perceptions sur l'état préoccupant du Niger

Tout le monde le sait et l’admet, mais les choix divergent. Ce que tout le monde sait et admet, c’est que le Niger est malade, très malade. Tout le monde le sait et l’admet parce que les manifestations sont si fortes qu’elles entraînent les réticences les plus absolues. Qui ne sait pas que des milliers de Nigériens ont perdu la vie du fait d’un terrorisme sur lequel il y a beaucoup à dire ? Qui ne sait pas que ce sont des milliers d’autres, survivant à ces massacres planifiés, qui ont dû fuir leurs terroirs, après avoir été dépouillés de tout ? Qui ne sait pas que c’est plus d’un millier d’écoles, de Diffa à Tillabéry, qui ont dû fermer leurs portes du fait du terrorisme, hypothéquant ainsi l’avenir de milliers d’enfants ? Qui ne sait pas aussi que ces terroristes bénéficient de larges complicités pour s’adonner à ces tueries commanditées ? Qui ne sait pas que les forces militaires étrangères, massivement présentes sur le territoire national, ne sont d’aucune utilité pour le Niger ? Qui ne sait pas que ces terroristes sont financés, armés, formés et guidés par des forces extérieures ?

La vérité est connue. Elle ne souffre d’aucun doute, ni chez Bazoum Mohamed, le président de la République, ni chez Seïni Oumarou, le président de l’Assemblée nationale ou encore le tout dernier à s’attabler, Ibrahim Yacoubou. De même que tout le monde sait où se trouve l’argent de l’État et qui s’en est accaparé pour que le Niger soit dans cette situation difficile, tout le monde est désormais sur la même longueur d’onde quant à l’explication de la persistance de l’insécurité. C’est le fondement de la deuxième vérité absolue qui suit.

Tout le monde sait et admet que les forces militaires étrangères ne servent à rien, absolument à rien, au Niger. Et que si elles ne sont pas à l’origine de ce terrorisme importé ou si ce ne sont pas elles qui l’alimentent en le finançant et en l’armant, il y a lieu de constater que leur présence sur le sol nigérien sert tout autre intérêt que celui du Niger et de son peuple. Si, comme elles le prétendent, elles sont venues pour traquer le terrorisme international jusque sur les terres du Sahel et non l’y maintenir pour l’éloigner de leurs territoires et de leurs peuples, il n’y a pas de raison que cinq armées occidentales des plus puissantes (USA, France, Allemagne, Italie, Roumanie,) soient incapables de sécuriser les frontières du Niger. Je dis bien les frontières du Niger puisqu’on prétend que les terroristes ne sont pas hébergés au Niger mais viennent plutôt d’ailleurs, principalement du Mali.

Voyez un peu ce comportement inadmissible de l’armée française. Elle prend connaissance d’un risque notable d’attaques armées contre le Niger. Elle voit le danger se diriger en une colonne de véhicules bourrés de terroristes en provenance du Mali vers Arlit. Qu’-t-elle choisi de faire ? Elle ne neutralise pas la colonne, non. Elle monte une expédition pour rapatrier à Niamey tous les Français présents qu’elle a d’abord pris le soin de mettre à l’abri dans un camp militaire. Pourquoi l’armée française ne s’en prend-elle pas à une colonne de terroristes qui, veut-on nous faire croire, chercherait précisément des ressortissants occidentaux ? Le mensonge est grossier pour que le plus parfait idiot ne se rende compte de la supercherie.

Sur le constat que les forces militaires occidentales ne nous servent à rien et que l’armée française en particulier se livre à un jeu plus que trouble, il n’y a plus de débat. Ce ne sont pas des coups de «com» propagandistes sur une prétendue valeur ajoutée de la présence militaire française au Niger qui y changera quelque chose. Elle est inutile, pour ne pas dire qu’elle est nuisible. Car, en matière de lutte contre le terrorisme, il n’y a pas de ligne médiane possible. Ou bien vous êtes du côté du Niger, ou bien vous êtes les amis des terroristes.

La situation sécuritaire du Niger est donc très claire et les Nigériens dans leur ensemble s’entendent là-dessus. Cependant, leurs choix divergent. Il y a d’une part ceux qui ont décidé de se battre pour mettre un terme à cette duplicité de la présence militaire étrangère au Niger et il y a ceux qui ont choisi de cultiver un champ improductif pour le Niger. Les premiers savent qu’ils se battent pour une cause noble, le Niger et les Nigériens étant leur unique boussole. Les seconds, tout édifiés qu’ils sont, ont choisi de croire à des illusions ou du moins, de faire croire qu’ils croient en l’efficacité d’une coopération militaire qui nous maintient pieds et poings liés face à des hordes terroristes qui tuent par procuration. Tel est le Niger, divisé sur un sujet sur lequel nous devons tous privilégier, non pas des intérêts pécuniaires personnels et égoïstes mais l’intérêt général, c’est-à-dire la souveraineté de notre pays, la sécurité totale des citoyens et de leurs biens ainsi que l’inviolabilité des frontières nationales.

Tant qu’il y aura des Nigériens qui préfèrent tirer profits de cette situation alambiquée que de travailler à redonner à notre pays sa pleine souveraineté sur la politique et les moyens de sa défense, le Niger restera en proie au terrorisme. Et tant que le Niger restera en proie au terrorisme, ni le Mali ni le Burkina Faso ne trouveront la paix et la sérénité. C’est un cercle vicieux et infernal. Il n’y aura pas de paix pour un de ces trois pays tant qu’un seul présente une situation sujette à caution.

Des drones, des blindés, des avions et hélicoptères de combat tant chantés et prétendument commandés en Turquie se font encore attendre depuis plus d’un an alors que le Burkina Faso n’a mis que 12 jours pour boucler toutes les procédures et acquérir les équipements militaires voulus. Serait-elle la France qui a bloqué ces commandes comme les Burkinabè et les Maliens l’ont subi avant de relever la tête de dire NON ou bien c’est le Président Bazoum qui joue avec les nerfs des Nigériens ? Dans les deux cas, qui pourraient être un seul et même cas, les Nigériens ont intérêt à regarder la réalité en face et à changer de fusil d’épaule. Autrement, ils vont subir le même sort que ces populations de Chagos, chassés de leur île natale au coeur de l’Océan indien par les Etats Unis et déportés vers les Seychelles et Maurice dans des conditions épouvantables en 72 et 73. N’est-ce pas cela que nous subissons à l’ouest du pays, dans la région de Tillabéry où, par l’intermédiation de groupes terroristes, ceux qui veulent prendre nos terres demandent aux populations de quitter leurs villages ou d’être massacrés ?

Bonkano