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Amères vérités : À force de pousser l’autre à bout, on finit par s’attirer la foudre

Malgré tout ce qu’on peut penser de la part du Président Bazoum Mohamed sur la conduite des affaires publiques, la vérité saute à l’oeil : il est bien meilleur que son prédécesseur. Sur tous les plans, d’ailleurs. C’est vrai, des tâtonnements, des hésitations et des atermoiements visibles peuvent laisser penser qu’il joue à divertir ses compatriotes, mais il n’en est rien. Ces tâtonnements, des hésitations et des atermoiements sont en réalité le fruit des bâtons que lui mettent dans les roues ceux qui se sentent menacés par la nature de sa gouvernance, notamment dans son aspect lutte contre la corruption. Leurs grenouillages sont si intenses que Bazoum Mohamed doit faire preuve d’intelligence, voire de ruse pour arriver à ses fins. Ce n’est une mince tâche lorsqu’on sait que sept mois ne suffisent pas pour un successeur d’Issoufou Mahamadou, dans le contexte créé et entretenu par celui-ci, pour ramener le Niger sur la voie de l’orthodoxie.

Bazoum Mohamed en est conscient et ceux qui l’accompagnent dans cette voie escarpée mais pleine de noblesse et de gratitude vis-àvis de son pays le savent également.

La tâche est à la fois immense et complexe, tant défaire les noeuds de la corruption et des infractions assimilées relève d’un parcours de combattant. Un parcours de combattant qui exige, certes, de la rigueur et de la combativité, mais également de l’intelligence. Or, justement, le Président Bazoum avance ses pions sans crier gare, dans une parfaite intelligence qu’exige le contexte. En sept mois d’exercice du pouvoir, il a amplement donné la preuve qu’Issoufou est, certes, son prédécesseur et peut-être mentor politique, mais il est incontestablement loin d’être un modèle pour lui. Ses actes, tout comme les décisions prise par l’État sous sa gouvernance, prouvent amplement que, entre le président actuel et son prédécesseur, le choix pour les Nigériens ne souffre d’aucun doute.

Isoufou Mahamadou a été un président qui n’a aucun souci pour le bien-être des Nigériens, qui n’a aucun attachement à la chose publique et à son caractère sacré ; qui n’a aucun respect pour les aspirations de ses compatriotes et aucune considération pour le respect des lois de la République qu’il a bafouées en plusieurs occasions. En bref, un mépris royal pour le Niger et ses intérêts.

Bazoum Mohamed fait preuve d’humanisme certain dans ses rapports avec les autres, y compris ses opposants – une catégorie de Nigériens que son prédécesseur traite en ennemis – il affiche une volonté indiscutable de changer les façons de faire de son mentor et mieux, fait preuve de raison là où Issoufou ne songe qu’à arroser ses amis. Il veut préserver les deniers publics de la boulimie des prédateurs tandis que son prédécesseur a encouragé tout le contraire.

L’annulation de l’échangeur du rond-point des armées par la loi modificative de finances est une preuve ultime que Bazoum, c’est tout le contraire d’un Issoufou qui avait déjà, sans le moindre souci pour l’école, la santé, l’agriculture et l’hydraulique, procédé au lancement des travaux de cet échangeur. Comme il en a fait d’autres. Non seulement, l’agenda semblait être celui d’un homme anachronique, mais il se trouve que Bazoum n’est pas d’accord avec ce projet sur bien des plans. Issoufou Mahamadou, qui apprend qu’on ne dirige pas un pays lorsqu’on se trouve à la touche, va devoir mettre de l’eau dans son vin et se faire une raison. Ce n’est plus lui, le président de la République et il doit comprendre que les privilèges indus dont il jouit ne tiennent que par la volonté de Bazoum Mohamed. Il doit apprendre à se faire toute petit lorsqu’il s’agit de sa personne et très discret face aux affaires de l’État dont il est désormais éloigné. S’il pense que, parce qu’il l’a aidé, Bazoum doit se plier à ses quatre volontés au point de ne pas exister devant, il se goure certainement. Car, il ne doit pas oublier, lui, que s’il a aidé Bazoum, c’est parce que ce dernier a été le premier à l’aider. C’est lui, Bazoum, qui lui a ouvert tant de portes et qui lui a permis de rester en «vie» (politiquement) pendant de très longues années. Bazoum Mohamed était pratiquement le seul que Issoufou ne subventionnait pas durant les années de braise.

L’ancien président, pour toutes ces raisons, doit rester tranquille et jouir tranquillement de ce qu’il a engrangé. S’il se met en tête de déranger Bazoum Mohamed et de lui rendre les choses difficiles, il risque de se créer des problèmes qu’il ne pourra ni résoudre, ni supporter. Issoufou Mahamadou a, donc, intérêt, à ne pas faire trop de chichis pour ne pas obliger son successeur à des réactions désagréables et préjudiciables pour lui. Les choses sont toujours passés ainsi. À force de pousser l’autre à bout, on finit par s’attirer la foudre.

BONKANO