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Ali Mahaman Lamine Zeine, un technocrate discret et travailleur

 Ali Lamine Zeine 1Le CNSP peut remercier celui qui lui aura proposé l’ancien ministre des finances de Tandja Mamadou, Ali Mahaman Lamine Zene, comme Premier Ministre de Transition dans une situation aussi compliquée. Il est reconnu par les Nigériens, pendant le moment où ils l’ont découvert dans le gouvernement de Hama Amadou, sous la 5ème République, comme un homme sans histoire, peu visible sur les champs politiques, restant dans la sphère technique et professionnelle de ses compétences où il s’est révélé comme un technocrate accompli, un travailleur discret, vraiment sans histoire. On ne peut pas ne pas parler de cet homme qui a des convictions, quand ont sait qu’après le coup d’Etat qui a renversé Tandja Mamadou, jusqu’à l’arrivée du PNDS au pouvoir, l’on aura tout fait pour lui trouver des problèmes dans sa gestion et avoir de quoi le faire chanter, mais les limiers envoyés sur ses trousses ne purent rien trouver qui puisse le compromettre. Il n’était venu que pour servir son pays honnêtement et, jamais, il ne s’est arrêté pour parler de luim-même pour lui, l’homme ne se défend que par son travail, que par son comportement. Il venait donc pour montrer que le Niger a ces cadres valeureux et intègres, devenus rares depuis que Seini Kountché partait et que la démocratie a permis à l’élite civile de faire, dans bien de cas, la promotion de la médiocrité des hommes. On comprend que l’homme, à sa nomination, fasse l’unanimité sur sa personnalité car s’il a un parti politique, c’est sans doute le Niger, plus qu’autre chose. Il aime le travail. C’est tout. Au Niger, nous devrons reconnaitre ces hommes, décidément rares. Et les célébrer comme des modèles pour la génération qui monte.

L’humble patriote…

On savait qu’il n’aime pas trop l’extravagance des politiques, agissant dans l’ombre pour des résultats qui se vivent comme des exemples de sérieux et rigueur, résultats qu’on n’a pas besoin de décrire pour savoir qu’ils sont vrais. Quand il partait en Russie, l’homme ne s’était pas encombré de médias, partant seul avec sa délégation, pour travailler, nouer des relations solides, et peut-être, mettre en place des projets de contrats intéressants pour le pays, pour son économie, pour ses infrastructures, pour son autonomie énergétique, pour la puissance de son armée. Des Nigériens, ne comprenant rien à un tel choix, avaient critiqué chez lui le fait d’éviter les lumières des médias, voyant cela comme s’il voulait cacher quelque chose aux Nigériens, alors qu’il n’en est rien. Ces critiques, venant souvent de personnes peu sûres de la chose politique ont fini par l’amener à communiquer jusqu’à l’excès, en allant en Turquie, où on peut voir des choix d’armes, d’une logistique militaire que faisait la délégation qu’il conduisait. Il n’en fallait pas plus pour que les mêmes détracteurs reviennent pour dire que la communication n’est pas bonne. Ali Lamine Zene, aujourd’hui entouré de bonnes personnes, ne doit pas faire trop attention à ces conseillers de la rue qui brillent souvent par leurs inconstances et leur inculture politique et qui pourraient dérouter. Il n’est pas cet homme bavard et, si l’on doit de temps en temps l’écouter, c’est parce que sa fonction de chef de gouvernement l’y oblige. Comment ne pas apprécier l’intégrité d’un tel homme, quand, apprenant, à l’occasion d’un prêche, de la part d’un Uléma, que le ministre des finances qu’il fut, après avoir aidé un prestataire dont il a fait vérifier ses documents par ses services compétents avant d’ordonner de le payer pour sa prestation jugée régulière, refusait une « cola » de près de 80 millions pour l’en remercier, rassurant son interlocuteur qu’il n’a fait que le travail qu’il devrait faire.Le marabout s’en félicitait qu’on ait des commis de cette trempe dans le pays, et demandait aux fidèles qui l’écoutaient, qui d’entre eux refuserait un tel pactole ? C’est pourquoi, les uns et les autres doivent se dire que si les Nigériens sont arrivés à un tel rejet d’Issoufou et des hommes qui l’ont servi – peut-être pas tous – c’est qu’il y avait des raisons qui ne peuvent être de la méchanceté gratuite. On n’est que ce qu’on se fait. En agissant à ras de terre, ces hommes et ces femmes, venus du socialisme, se sont discrédités au point de dégoûter de ce qui pourrait être le socialisme.

L’homme discret…

Le Premier Ministre nigérien de la transition n’aime pas trop ce que d’autres appellent le m’as-tu-vu. Un tel choix l’avait amené à refuser les appels de l’ancien régime qui, après avoir échoué à le prendre par sa gestion qu’il a fouillée de fond en comble sans déceler la moindre faute, avait voulu le débaucher pour l’amener dans l’équipe des socialistes. Mais, il les connait bien et il avait refusé de mordre à leur hameçon. Il n’est pas un chômeur et notamment comme d’autres qui n’ont de métier que dans la politique, pouvant vendre ailleurs ses compétences pour vivre dignement. Ainsi, il s’est éloigné de cette politique trop salissante pour aller travailler loin du pays et gagner plus dignement sa vie. Depuis, on ne l’a jamais entendu et on ne l’a jamais vu. Il comprenait que la politique n’est pas la seule vie pour un homme. Son âge lui permettait d’aller bosser, et de se servir de ce qu’il sait faire comme métier pour vivre. Et pour marcher dignement.

Le travailleur acharné…

Depuis qu’il arrivait, il n’avait pas eu de repos. Travaillant nuit et jour, il a, en même temps, maintenu le dialogue avec toutes les composantes sociales et les partenaires du pays, y compris la CEDEAO qu’il recevait pour lui dresser avec le sérieux qu’on lui reconnait, la situation du pays, et leur expliquer les motivations profondes d’une armée qui a, face à l’enlisement, choisi de sauver la patrie. Quand on sait les conditions dans lesquelles il prenait les commandes du gouvernement, avec notamment des sanctions que rien ne peut justifier, et qu’ils puissent, malgré l’implication hasardeuse de l’UEMOA dans le conflit de la CEDEAO contre le Niger sans que rien ne l’en oblige, payer des salaires, faire fonctionner une administration et trouver les moyens pour appuyer l’armée dans la guerre contre le terrorisme, l’on ne peut que lui tirer un chapeau. Il faut rappeler qu’Ali Mahaman Lamine Zene n’est pas qu’un premier ministre. Il est également un ministre des Finances, partagé entre voyages utiles et concertations permanentes avec ses homologues du Burkina Faso et du Mali et, ce, justement alors qu’il doit surveiller et gérer les finances publiques dans un contexte assez complexe. Les Nigériens peuvent être heureux d’un tel homme. Le CNSP aussi.

Rendons-nous hommage vivants. Quand on voit l’homme, par patriotisme sans doute, se débattre tant pour son pays, donnant au peuple à moins sentir les conséquences d’un embargo criminel, c’est qu’il doit être unique. Les Nigériens, peuvent- ils croire qu’un tel « soldat » puisse avoir le temps de venir toujours bavarder avec les gens ? Il faut aider cet homme qui est une chance pour le Niger, à garder sa sérénité pour servir le pays du mieux qu’il le peut. L’on sait que c’est par le sérieux que beaucoup de partenaires lui reconnaissent qu’ils sont restés aux côtés du Niger, prenant le temps de l’écouter avec intérêt, se disant enfin, voilà quelqu’un d’assez sérieux et qui inspire confiance dans un pays où jusqu’au haut sommet, on nous «blaguait». On lui reconnait un langage franc qui a mis en confiance les partenaires et surtout les syndicats nigériens qui ont, tous, observé une trêve afin de permettre que ce pays retrouve les chemins et qu’avec le Burkina Faso et le Mali, il puisse participer pleinement à la nouvelle épopée que voudrait écrire l’AES au coeur d’un Sahel agité.

A vouloir critiquer pour seulement dire le mal de l’autre, apprenons aussi à dire le bien quand il est vrai !

Par Alpha (Le Courrier)