Affaire ‘’Ibou Karadjé’’ : Vers une mise en accusation des ministres épinglés dans l’enquête ?
Une vingtaine de personnes, dont des agents du ministère des Finances et du Trésor national, sont depuis le lundi 26 juillet 2021 gardées à vue à la Police Judiciaire (PJ).
Cette garde à vue est intervenue à la suite d’une série d’interpellation dans les locaux de la police judiciaire, des secrétaires de directions et des plantons des différents services rattachés à ces institutions quelques jours auparavant. Alors question : Pourquoi une interpellation des secrétaires de direction et plantons à la Police Judiciaire en premier lieu avant celle des grands patrons ?
Est-ce parce qu’ils détiennent certaines informations liées à cette affaire ?
Les secrétaires et les plantons ontils servi de courroie de transmission des pièces ayant permis de tromper la vigilance des responsables de la chaîne de dépense ? Voilà les types d’interrogations que se posent agents du ministère des finances comme ceux du Trésor.
En effet, si l’on en croit une source proche de ces institutions en charge des finances de l’Etat, les secrétaires de directions et les plantons seraient bien informés de certaines pratiques qui se passent dans les différents services publics de l’Etat et particulièrement au sujet de cette affaire d’introduction des faux documents dans le circuit de paiement. Il semble que c’est en raison de l’incroyable confiance dont ils jouissent auprès de leurs différents patrons, que ces agents ont été interpellés. Pas sûr que cela suffit comme raison pour dédouaner certains patrons qui sont en garde à vue depuis ce mardi dans les mêmes locaux de la PJ. Certains des premiers responsables du Trésor ont finalement été interpellés par rapport à cette affaire et pourraient être déférés. Des interpellations diversement interprétées par des agents des deux institutions.
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Récusation des inspecteurs en charge du dossier
Pendant ce temps, certains agents qui ont suivi de bout en bout l’évolution de cette affaire, récusent l’équipe d’inspecteurs qui avaient diligenté l’enquête. A l’appui de leur prétention, ils estiment que ces inspecteurs sont « juges et parties », car tous seraient concernés par ce dossier. Selon eux, ce scandale a commencé alors qu’ils étaient tous responsables dans la chaîne de dépense (Direction du budget) et de paiement (PGT). Tout s’est pratiquement passé sous leurs yeux, soutiennent pur et dur agents du ministère des finances comme ceux du Trésor.
Quoi qu’il en soit l’affaire a pris la tournure attendue par un grand nombre des nigériens qui appellent de tout leur voeu à la fin de l’impunité accordée dix années durant à des personnalités politiques proches du régime, alors même que celles-ci sont mises en cause dans des sales affaires de détournement des deniers publics.
Il faut le rappeler que, dans ce dossier le premier agent à être accusé est mis en détention depuis plusieurs semaines au niveau de la maison d’arrêt de Say. Son moral, très haut selon ses proches, en dit long sur son intention à coopérer avec la justice pour aider les juges à appréhender les autres gros poissons. L’opinion publique attend de voir la suite de ce feuilleton judiciaire, après cette série d’interpellations des agents et responsables du ministère des finances et ceux du Trésor. L’affaire va être plus intéressante lorsque la justice voudra entendre des noms de certains ministres cités dans le dossier.
Eventualité d’une mise en accusation des ministres mis en cause
Si d’aventure la justice devrait entendre les membres de l’actuel Gouvernement dont les noms avaient bel et bien cités dans l’affaire « Ibou Karadjé », le Président Bazoum usera de toutes les prérogatives, que lui confère la constitution de la 7e République, pour faire mettre en accusation les personnalités en question et ce en raison du privilège de juridiction dont elles bénéficient. C’est dire qu’il n’est pas exclu qu’une requête du gouvernement atterrisse à l’Assemblée Nationale aux fins de leur mise en accusation, au cas où leur degré d’implication est prouvé. C’est qui est sûr, le Président Bazoum Mohamed et le ministre de la justice sont très déterminés à faire la lumière sur cette affaire. La question qu’il faut se poser est de savoir comment est-ce qu’ils vont s’y prendre, une fois le dossier atterrit au parlement, pour arracher le vote des deux-tiers (2/3) des députés ? Pour réussir il leur faudra compter sur le vote des députés de l’opposition et ceux des partis alliés. Sans quoi l’affaire «Ibou Karadjé» connaitra le même sort que les autres sales affaires sous la présidence du prédécesseur de Bazoum, dans lesquelles les vrais auteurs de détournement et de pratiques corruptives avaient largement bénéficié du régime d’impunité du champion en bonne gouvernance Issoufou Mahamadou.
I.B