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Affaire Ibou Karadje : Le président Bazoum contraint à un remaniement !

Comme vous le savez déjà, c’est le feuilleton politico-médiatique de cet été, la fameuse affaire Ibou Karadjé, ‘’le Jérôme Kerviel’’ nigérien, ce simple lampiste de la banque française BNP Paribas, poursuivi en justice pour escroquerie boursière, en lieu et place de l’institution bancaire elle-même qui ne pouvait pas ignorer les agissements coupables de son agent. C’est exactement la même situation dans l’affaire Ibou Karadjé, ce simple chef de service de la Catégorie B, un échelon très inférieur dans l’Administration, qui se retrouve, aujourd’hui, impliqué dans une histoire de LAP, ces procédures financières très particulières et délicates qui devraient requérir un niveau de responsabilité encore plus élevé. Il est vrai, depuis un certain temps, le dossier a connu plusieurs développements judiciaires avec les interpellations et la mise en mandat de dépôt d’un certain nombre de hauts cadres administratifs de la portion centrale du Ministère des Finances et du Trésor National et de la Comptabilité Publique. Ces évolutions judiciaires ont été rendues possibles par les aveux faits par celui par lequel le scandale était arrivé, Ibou Karadjé, qui n’avait pas hésité, un seul instant, à balancer des noms de complices et de fournir aux enquêteurs des preuves de toutes ces allégations.

Cependant, si réellement, on devait traiter ce dossier en toute logique, on ne voit pas comment les services de la Présidence, initiateurs de ces LAP, pourraient échapper à une mise en cause judiciaire ! En effet, l’on apprend des sources proches du dossier que plusieurs courriers de sommation avaient été, par le passé, adressés par le Ministère des Finances à la Présidence en vue de la régularisation de ces LAP. Mais, curieusement, rien n’y fut fait, et pendant plus de trois (3) ans, les pratiques frauduleuses avaient continué. A qui justement ces courriers de rappel avaient-ils été adressés ? Naturellement, au Directeur de Cabinet du Président de la République, le chef hiérarchique direct de cette administration présidentielle ! Pourquoi n’avait-il pas procédé à la régularisation de ces LAP ? Pouvait-il ne pas être au courant de la situation en tant que premier responsable administratif de l’institution ? Tous les services de la Présidence, y compris celui du Transport dont il est question dans cette affaire, ne relèvent-ils pas de sa seule compétence ?

Au regard de toutes ces questions fort embarrassantes, l’on ne saurait s’empêcher de s’interroger sur les chances de survie du gouvernement actuel, dirigé par le Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou, Directeur de Cabinet du Président de la République, au moment des faits incriminés. Dans la perspective de donner des gages de bonne foi de son engagement total à rétablir la justice sociale au Niger, le président Bazoum n’aurait d’autres choix que de procéder à un remaniement de son gouvernement. Car, en plus de la fragilité de la position du PM dans cette affaire, d’autres membres du gouvernement n’en sont pas moins sur une corde raide. On parle à cet effet de l’actuel Ministre des Finances, Ministre du Budget à l’époque des faits, signataire de certaines de ces LAP, de l’actuelle Ministre des mines, Directrice-Adjointe de Cabinet du Président de la République, au moment des faits. On pourrait ajouter le cas de l’actuel Ministre de la Communication, cité dans l’affaire des DAT (Dépôt A Terme) effectués par la SOPAMIN dans une mutuelle privée de la place, lorsqu’il était Administrateur de cette société étatique. Aujourd’hui, l’étau est en train de se resserrer sur cet ancien Administrateur de la SOPAMIN, au regard de la correspondance de l’Avocat de la Société adressée à l’Autorité de régulation de la Commission bancaire de l’UEMOA, dans laquelle la nouvelle administration de la SOPAMIN s’alarmait de ne pas retrouver la moindre trace des 3 milliards des soi-disant DAT ! A moins d’un miracle, on voit mal comment l’actuel Ministre de la Communication pourrait ne pas être concerné, soit de près, soit de loin, par cette affaire.

Voilà, chers fidèles lecteurs, les dossiers brûlants qui perturbent, aujourd’hui, les douces vacances du président Bazoum depuis son Tesker natal, au milieu des membres de sa communauté et de son troupeau de dromadaires dont il adore la compagnie ; des dossiers chauds posés sur son bureau, qui constitueraient, probablement, les priorités de la reprise de ses fonctions ! En effet, selon des milieux proches de la présidence, il se profilerait un vaste mouvement à la prochaine rentrée des classes, un ménage général à tous les niveaux, dit-on ! L’ancien prof de philo souhaiterait, sans doute, passer à la vitesse supérieure, car, le plus tôt serait toujours le mieux dans ce genre d’affaires. Mais, la question que tous les observateurs se posent, aujourd’hui, serait de savoir si le président Bazoum est réellement capable d’aller jusqu’au bout dans sa volonté de nettoyer les écuries d’Augias sans froisser son clan politique, dont certains des membres, et non des moindres, sont mêlés à des scandales politico-financiers ayant émaillé les deux quinquennats de son mentor politique, Issoufou Mahamadou. Déjà, ce dernier, mal à l’aise, ces derniers temps, du fait de tous ces déballages médiatiques, préparerait sa riposte future. Son actuel séjour dans son Tahoua natal s’inscrirait, selon certaines sources, dans cette optique, à savoir rameuter ses troupes en vue de noyauter le président Bazoum. Les manoeuvres ont bien commencé avec le limogeage du Conseiller en Communication à la Présidence, accusé par les proches de l’ex-président de vouloir ternir l’image de celui-ci en osant une comparaison entre les deux règnes. Dans ces conditions, la rupture que le président Bazoum souhaiterait marquer avec son prédécesseur et son ancien mentor politique pourrait ne jamais voir le jour, tant que l’ombre tutélaire de l’ex-président de la république continuerait à planer sur ce quinquennat naissant. Ce serait alors le grand désenchantement et la profonde désillusion pour tous nos concitoyens qui avaient, naïvement, cru aux bonnes intentions inaugurales du président Bazoum. Dans le cas échéant, l’on se dirigerait vers le scénario à la mauritanienne, où, pour que puisse naître et prospérer le neuf, il a fallu que le vieux meure !
Dan Malam