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Affaire de l'achat de l'avion présidentiel : La Justice face à l'Histoire

Mont Greboun NigerAu Niger, rarement le Parquet de Niamey s'autosaisit dans les affaires gravissimes qui compromettent les intérêts stratégiques de l'Etat. Il est toujours resté aveugle, sourd-muet et indifférent face aux révélations et dénonciations faites sur les grandes affaires concernant des personnalités qui se trouvent au sommet de l'Etat. En tout cas, l'affaire de l'Uraniumgate est un bel exemple qui renseigne sur le comportement d'une certaine justice nigérienne. Une affaire dans laquelle une importante quantité d'uranium a été frauduleusement vendue par des bandits internationaux avec la complicité des autorités de l'époque. Une affaire de 200 milliards de Fcfa qui n'avait pas suscité un quelconque émoi et le moindre intérêt judiciaire de la part des institutions judiciaires. Aujourd'hui, avec cette affaire de l'achat de l'avion présidentiel, il est nécessaire, qu'au nom de l'intérêt public, que le Parquet s'en saisisse et ouvre une information judiciaire. Dans cette sombre affaire, les autorités de l'époque auraient acheté l'avion trois fois, trois fois disonsnous bien, avec des sources de financement différentes. Il a été, d'abord, prévu 21 milliards de Fcfa dans le budget 2012 pour l'achat de l'avion. Ensuite, AREVA dit avoir donné à l'Etat 35 millions d'euro, environ 23 milliards de Fcfa, pour l'achat du même avion. Mais, l'avion a finalement été acheté à crédit aux Îles Caïmans. Une situation digne d'un gangstérisme d'Etat qui mérite d'être élucidée. Qui mieux que la justice pour faire la lumière autour de cette affaire ? Donc, au nom du principe de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance de la justice que claironnent chaque fois les magistrats et au nom du peuple souverain nigérien au nom duquel la justice est rendue, le Parquet de Niamey se doit de prendre cette affaire en main. Parce que la justice doit travailler au nom du peuple et pour le peuple. D'autant que, dans cette affaire, c'est l'intérêt de l'Etat qui a été compromis. Et l'Etat ne pourra exister sans le peuple. En le faisant, le peuple souverain le lui reconnaitra pour toujours. La justice ne doit pas attendre qu'on lui envoie les dossiers uniquement pour agir, et donner l'impression d'être téléguidée par le pouvoir exécutif dont elle ne serait alors qu'un appendice. Elle doit, dans une telle affaire, faire preuve d'indépendance et de responsabilité pour protéger les intérêts de l'Etat et du peuple souverain. Elle doit se démarquer des questions politiques pour n'agir que librement et n'obéir qu'à l'intérêt national. Hier, sous le règne de la renaissance, l'institution judiciaire était totalement à la solde du pouvoir. Les lois n'étaient appliquées que contre ceux que Hassoumi Massaoudou, l'homme au centre des scandales de l'avion présidentiel et de l'Uraniumgate, qualifiait d'''ennemis''. Du reste, la justice était braquée contre les opposants politiques, les journalistes et les acteurs de la société civile dont le seul tort était de dénoncer les pratiques mafieuses du régime.

Aujourd'hui, il faut que les magistrats rétablissent la confiance entre la justice et le peuple. En évitant tout comportement qui pourrait conduire le peuple au doute et à la méfiance. Beaucoup de nigériens pensent que la justice doit accompagner la refondation par des actes courageux d'auto saisine dans des dossiers qui ont mis en péril les intérêts du Niger. L'affaire de l'avion présidentiel pourrait donc servir d'exorde.

Alpha (Le Courrier)