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Affaire Ali Soumana : un appel pour la libération du journaliste incarcéré au Niger

Ali Soumana Le CourrierL’arrestation puis l’incarcération du journaliste Ali Soumana, directeur de publication de L’Hebdomadaire Le Courrier, continue de susciter une profonde indignation au Niger. Au-delà du cas personnel d’un homme de presse respecté, c’est la crédibilité de l’État de droit et l’avenir de la liberté d’expression en période de transition qui sont en jeu.

Une arrestation controversée
Le 6 septembre 2025, Ali Soumana est interpellé à Niamey à la suite d’une plainte des autorités. Deux jours plus tard, il est placé sous mandat de dépôt à la prison de Say, accusé de « diffamation » et de « complicité de diffusion par voie électronique ».
Or, selon l’ordonnance n° 2010-035 du 4 juin 2010, qui régit la liberté de la presse au Niger, « en matière de délit de presse, la détention préventive est interdite. Le juge ne peut décerner ni mandat de dépôt ni mandat d’arrêt » (article 67).
La privation de liberté dont est victime Ali Soumana apparaît donc comme une violation flagrante de la loi.

Une atteinte directe à la liberté d’expression
Ali Soumana n’a fait qu’exercer son métier : informer le public sur des sujets d’intérêt général. Le poursuivre, puis l’emprisonner pour des écrits journalistiques, revient à assimiler le travail de presse à un crime.
Les organisations professionnelles et la société civile rappellent la presse est un contre-pouvoir indispensable. Enfermer un journaliste pour un article critique, c’est envoyer un signal inquiétant à toute la profession : celui de la peur et de l’autocensure.

Les risques pour la transition
Le Niger traverse une phase cruciale de son histoire, marquée par la volonté affichée de « refonder la gouvernance » et de « mettre fin à l’impunité ». Mais comment croire en une refondation juste et équitable si les premiers à subir la rigueur de l’État sont les journalistes qui informent sur les dérives du pouvoir ?

En maintenant Ali Soumana derrière les barreaux, les autorités prennent le risque d’entacher leur image, d’affaiblir leur légitimité et de transformer une transition porteuse d’espoirs en un régime perçu comme hostile à la critique.

Un appel à sa libération
Dans cette période charnière, chaque geste compte pour renforcer la confiance entre les Nigériens et leurs institutions. La libération d’Ali Soumana apparaîtrait comme un signe d’apaisement en parfaite cohérence avec l’esprit de refondation qui guide la transition.
Aïssa Altiné (Nigerdiaspora)