ACRN-Sahel : des jeunes Nigériens à l’offensive contre les inondations et la dégradation des routes à Niamey
Image d'illustrationÀ Niamey, un collectif de jeunes ingénieurs et volontaires, regroupés au sein de l’Action Citoyenne pour la Reconstruction des villes au Niger (ACRN-Sahel), a lancé un projet inédit pour répondre aux défis chroniques d’inondations et de routes impraticables qui minent la capitale à chaque saison pluvieuse.
Un projet né d’un retour au pays
L’initiative a émergé il y a trois mois, portée par de jeunes diplômés revenus du Togo et du Burkina Faso, inspirés par les élans de mobilisation citoyenne observés dans la sous-région. Conscients que les infrastructures urbaines de Niamey souffrent d’un retard structurel considérable, ils ont choisi d’agir plutôt que d’attendre, en s’appuyant sur un réseau de pairs, d’amis et de techniciens expérimentés.
Une stratégie en trois axes
Leur plan d’action repose sur trois piliers : sensibiliser la population à l’importance du bénévolat pour mobiliser davantage de forces vives, dresser une cartographie des zones dégradées nécessitant des travaux d’assainissement, et former cinq cents jeunes, cent par commune, afin de doter la ville d’une main-d’œuvre citoyenne compétente. Des courriers ont déjà été adressés aux communes pour la tenue prochaine de ces formations.
Des débuts modestes mais prometteurs
Le projet fonctionne encore sur fonds propres, ce qui constitue un défi dans un contexte où l’engagement bénévole peine à s’imposer face à une culture de rémunération des services. Malgré cela, les membres du comité ont reçu un soutien significatif : un local mis à disposition par la mairie pour la fabrication de pavés, des dons matériels (pelles, truelles) et financiers, ainsi que des contributions en ciment, dont quarante tonnes offertes par la ville de Niamey.
Un appel à la mobilisation patriotique
Pour les initiateurs, l’enjeu dépasse la seule réparation des routes. Il s’agit d’un éveil patriotique et d’une réponse citoyenne à des problèmes que les autorités, seules, ne peuvent plus résoudre après des décennies d’accumulation de retards. Selon eux, il est temps que les Nigériens privilégient l’action concrète au discours, en se transformant en « gilets » de terrain capables de s’attaquer aux réalités quotidiennes du pays.
Vers une extension nationale
Au-delà de l’embellissement de Niamey et du désenclavement de ses quartiers, l’ambition est claire : étendre l’expérience à d’autres villes du Niger. Pour cela, les jeunes lancent un appel aux Nigériens de l’intérieur comme de la diaspora afin d’apporter un appui matériel, notamment en machines de chantier, et de rejoindre cette dynamique collective.
Une réponse citoyenne aux failles structurelles
Chaque année, les pluies mettent en lumière le manque criant d’infrastructures urbaines au Niger : routes coupées, quartiers inondés, habitats fragilisés. L’initiative de l’ACRN-Sahel vient rappeler que, face à ces défis récurrents, la solution peut naître de l’énergie citoyenne et d’un patriotisme pratique. Pour ses promoteurs, se lever ensemble et agir concrètement constitue désormais un devoir civique et la clé d’un avenir urbain plus résilient.
Boubacar Guédé ( Nigerdiaspora)