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Accords militaires USA/ Niger : Issoufou Mahamadou coupable de haute trahison

Issoufou Mahamadou justiceL’ancien président, Issoufou Mahamadou, aura connu un destin complexe. Mais, il aurait pu connaitre toutes les gloires s’il avait été humble, à aimer l’autre, à ne pas trop se surestimer pour croire qu’il serait unique, incomparable, à tout renverser comme un bulldozer. Depuis des semaines, après les événements du 26 juillet 2023, que ne fait-il pas, se croyant plus espiègle que tous pour tout déjouer alors qu’il perdait tout, espérant ainsi tout ramener à lui comme s’il serait incontournable pour ce pays et dans ses marches. Plus les jours avancent, plus les dossiers compromettants cernent l’ancien président que la majorité des Nigériens présente comme responsable de tout le mal que vit le pays. Dans le désarroi, depuis des jours, l’homme et son entourage s’agitent, cherchent des boucs émissaires, paniqués par la chute proche et prochaine d’un homme qui a pourtant fait croire qu’il est le meilleur mais que l’on finit par découvrir, les pieds trempés dans la boue et dans le sang, dans le fiel et dans la puanteur. Il n’avait jamais été capable de s’élever à la hauteur des responsabilités que le peuple lui confiait. Il a géré le Niger comme un patrimoine personnel, n’ayant que faire même d’une Assemblée nationale pour prendre des grandes décisions concernant un peuple, non des individus. Il a fait à ce pays le mal, il doit le payer. Pour l’exemple. C’est du moins ce que laisse entendre une frange importante du peuple. Pour certains, il n’y a même pas à s’apitoyer sur son sort quand on sait que c’est lui, tout seul, qui se mettait la corde au cou, croyant à un pouvoir immense qui le placerait audessus de tous pour agir comme bon lui ressemble, n’ayant de compte à rendre à personne dans un Niger conquis.

Dans le saccage du pays, l’homme est au coeur des intrigues. Sous différents visages, si ce n’est sous le sobriquet de T3 qui révèle toute la complexité de l’homme, c’est à travers bien de prête-noms et autres sociétés écrans que l’homme a mené la mafia dans le pays pour être le milliardaire qu’il est devenu et qui aura également permis à tant d’autres de son cercle de brasser de nombreux milliards. La Coldeff, depuis des jours, découvre le monstre géant dont la tête dessinée enfin, s’affiche à quelques milliers de distance du corps fait de mille et un mystères par les différentes modalités de détournements mises en place pour s’accaparer de l’argent public. Les milliardaires produits par la machine Guri, aujourd’hui, doivent faire face à leur destin, et avant tous, pensent la majorité des Nigériens, le grand chef de la mafia qui a protégé et soutenu tous les malfrats qui ont saigné le Niger et pour lesquels, maintes fois averti, il n’avait daigné donner le moindre signe d’attendrissement, il n’a fait montre que d’une faiblesse agaçante, incapable de sévir dans les rangs de ses proches. Aujourd’hui, alors que certains crient à le soutenir malgré certaines évidences qui ne plaident pas en faveur et malgré la laideur qui fut sa gestion, de loin la plus désastreuse que le Niger n’ait jamais connue, très loin de l’image du Calife Omar qu’il s’attribuait par ses vanités, il se rend compte que l’étau tragiquement se resserre contre lui. Mais, pour certains observateurs, tout ce que l’on a jusqu’ici n’est que la face cachée de l’iceberg, le désastre causé par l’homme étant monumental. Le Niger va mal. En fouillant chaque jour, au gré des coups de pelle de la Coldeff qui creuse dans le terrier bourbeux de la Renaissance, l’on découvre chaque jour la puanteur de la gestion des Renaissants. Mais n’allons pas là encore. Le seul dossier aujourd’hui sur les feux de la rampe, à savoir, la dénonciation des accords militaires avec les Etats-Unis d’Amérique, suffit largement pour accabler un homme qui se passait pour un ange, pardon, un messie. Quand on écoute le communiqué du CNSP et du gouvernement, relativement à ce dossier, l’on ne peut que se demander comment des hommes, peuvent-ils tant manquer de patriotisme et de sens de la responsabilité, pour « vendre » – le mot n’est pas de trop – leur pays à un autre sans garantie suffisante sinon que de dire qu’ils resteront au pouvoir pendant au moins trente ans. Et Dieu ne dort pas. Que les Etats-Unis ne soient pas obligés, alors qu’ils doivent rester dans le pays avec une forte présence militaire et une base de drones, d’être solidaires dans la lutte contre le terrorisme, et des Nigériens, le sachant, ont quand même signé ! C’est le comble. Peut-on faire ça à son pays ? Estce cela que les Nigériens ont demandé aux autorités de l’époque pour présider à leur destinée ? Pourquoi ? Qu’ont-ils gagné dans ce commerce et qu’ils auront caché aux Nigériens ?

Haute trahison…

Non. Pour nombre d’analystes, cela n’est autre que de la haute trahison, du parjure dont se seraient rendus coupables les anciennes autorités du pays qui permettaient à des forces impérialistes de s’installer dans le pays pour avoir à tout faire, vraiment tout, librement comme si elles devraient, tout en étant sur le sol nigérien, être sur leur territoire, sans rendre compte, presque gratuitement. Pourquoi accepter sur son territoire des armées qui ne travaillent pas pour vous et qui, plus, viennent dans le pays sans qu’on ne sache rien de la qualité des hommes qu’elles mobilisent sur le terrain, sans aucune utilité consignée dans les clauses du contrat invisible, encore moins pour sa sécurité ? Peut-on franchement faire ça à son pays ?

Issoufou avait géré ce pays comme s’il est sa propriété pour en disposer comme il veut, faisant venir pour s’y installer qui il veut, sans aucune consultation, à défaut d’un référendum, au moins requérir l’avis de la représentation nationale. Issoufou usurpait, à lui tout seul, tous les pouvoirs et pouvait faire ce qu’il veut, comme bon lui semble. C’est d’autant critique cette situation que le communiqué rendu public par les autorités nigériennes qui dénonçaient les accords militaires entre le Niger et les Etats-Unis que tout avait été fomenté et concocté en catimini, sans respecter les procédures consacrées, notamment celles qui voudraient que l’on passe préalablement par une saisine de l’Assemblée Nationale. Issoufou Mahamadou a trahi. De cet acte gravissime, il doit répondre. Plus que d’en vouloir aux Américains, pour eux, c’est d’abord à celui qui est censé faire les bons choix pour le pays et qui ne le fit pas, piétinant même la loi fondamentale, qu’il faut aujourd’hui demander des comptes. N’a-t-il pas juré d’oeuvrer au bonheur des Nigériens ? Mais que fait ici une armée sur laquelle nous n’avons aucun contrôle et qui a même l’outrecuidance de dire qu’elle n’est nullement tenue de s’associer dans la lutte contrer le terrorisme. Ses militaires servent alors à quoi ? Issoufou doit répondre et les Nigériens doivent l’entendre répondre.

Alpha (Le Courrier)