Skip to main content

3ème Lettre ouverte relative aux évènements du 26 Juillet 2023 survenus au Niger

« Si nous déployons quoi que ce soit, je ne le ferai qu’à la demande du président Bazoum et en coordination avec lui. » Ces mots ont été prononcés sur les réseaux sociaux par le président de la république française à propos de la situation qui prévaut chez nous au Niger.

Ces mots qui sont d’une portée profonde frisent un crime de lèse-nation. En effet, si pour porter la guerre à un pays, l’accord du parlement du pays déclarant est prépondérant, on se demande comment et pourquoi Macron s’est permis de donner un tel pouvoir de décision à un président africain déchu au détriment de l’assemblée nationale française. Quel mépris à l’égard du peuple français de la part de son président ! Il est difficile de croire que c’est la grande France, la France de Louis XIV, de Charlemagne, de Clovis, de De Gaulle, de Robespierre, de Napoléon, de Molière, de Voltaire, de Victor Hugo, de Montesquieu et j’en passe, qui soit tombée aussi bas pour s’en prendre injustement à l’une de ses anciennes colonies à laquelle elle doit beaucoup et qui pensait qu’elle pouvait attendre d’elle assistance et protection en cas d’agression. L’attitude de la France et des pays de la CEDEAO est ridicule, absurde et immorale à l’égard de notre pays le Niger.

Le projet obsédant de Macron qui consiste à remettre Bazoum dans son fauteuil est plus que suicidaire. Avant de le mettre en exécution, il devra y réfléchir à deux fois. En effet, le Général Tiani et ses compagnons, sachant qu’on ne leur fera pas de cadeau, au premier coup de feu venant d’ailleurs, soutenus par le peuple nigérien, ne se lasseront certainement pas faire. Cela, ne fera l’ombre d’aucun doute. La France aura-t-elle l’intention de reconquérir le Niger et de nous imposer un autre dirigeant ou acceptera-t-elle de reconnaître enfin la légitimité de l’équipe de transition qui, nous sommes sûrs, remportera la victoire parce que soutenue par l’ensemble des citoyens donc du peuple ? Beaucoup d’acteurs qui jouent un rôle important dans cette crise font preuve d’une courte vue des problèmes de la vie. Ils oublient que nous allons tous disparaître mais que nos Etats, eux, resteront tant que le voudra le Créateur. Les générations qui nous remplaceront auront besoin les unes des autres comme nous en ce moment même si une passion malsaine que nous utilisons pour gérer nos rapports dit le contraire. C’est pour dire que le Niger possède une très grande variété de ressources minières dont la France a et aura toujours besoin. La jeunesse consciente qui se bat en ce moment au prix de sa vie tient simplement à faire savoir qu’elle en est la légitime propriétaire et que quiconque voudra les avoir devra désormais y mettre le prix. Et d’un ! De deux, en matière de relations internationales, le Niger utilise et utilisera tant qu’il le jugera utile et jusqu’à la fin des temps la langue française et la France n’y pourra rien. Pour ces raisons indéniables, Macron doit savoir qu’en se préparant à faire la guerre au Niger, il se prépare en même temps à porter un coup de couteau à son pays.

Nos matières premières et la langue française font que la France et le Niger ne se sépareront jamais tant que les rapports s’effectueront d’égal à égal dans le respect mutuel des souverainetés et des intérêts. Macron n’a pas le droit d’empêcher cela entre la France et le Niger futuristes. Et puis, après tout, au lieu de perdre son temps en Afrique à vouloir détruire un pays moins puissant que le sien, pourquoi Macron n’irait-il pas plutôt porter main forte à l’Ukraine avec ses militaires chassés de partout ?

Si en s’acharnant sur nous, le président français fait preuve d’un cynisme exécrable, les présidents des pays de la CEDEAO, eux, sauf leur respect, sont d’une naïveté déconcertante en acceptant d’être complices des velléités de la reconquête de l’Afrique par l’Occident. Au fond, s’il n’est pas interdit de s’informer, on aimerait bien connaître le nom de celui qui a confié au seul président français les fonctions de gardien de la démocratie en Afrique et particulièrement au Niger. En effet, à la fameuse réunion de la Baule, il était question pour les anciennes colonies françaises de respecter le principe démocratique pour prétendre à une aide de la part d’un pays d’Europe. Pourtant, longtemps avant cette réunion, Abraham Lincoln avait dit que « la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple. »

Ni la réunion de la Baule ni la déclaration de Lincoln n’interdisent à un pays de démettre de leurs fonctions les hommes qui gouvernent en son nom si tant est que ceux-ci exercent mal le pouvoir.

Locke John 1632-1704, un philosophe anglais fondateur de l’empirisme et Montesquieu Charles de Secondat 1689-1755, un philosophe français et écrivain auteur de l’Esprit des lois, ces deux hommes célèbres ont relevé que c’est un accord qui existe entre les citoyens et leur gouvernement. Que conformément à la nature de cet accord, dès l’instant où le gouvernement se conduit d’une manière arbitraire, il est donné aux citoyens le droit de le renverser et d’instaurer un nouveau.

Cette loi est divine et c’est elle que notre armée a respectée le 26 Juillet 2023. Alors où se trouve le problème au point de nous empêcher de vivre normalement comme le font la France et ses valets ? Au nom de la morale universelle, nous demandons à la France et à son président de respecter le Niger et son peuple.

Dans cette affaire, sans parti pris, l’ONU doit intervenir et trancher. Expéditeur :

Ada Bouréima

Fonctionnaire à la retraite

Cel : 96.82.96.75 - Niamey