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1ère réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance des Etats du Sahel à Bamako (Mali) : Vers une architecture institutionnelle et une coordination de l’action diplomatique et politique

Le processus de concrétisation de l’Alliance des Etats du Sahel (A.E.S) se poursuit à travers les réunions d’experts et celles des ministres des pays membres de ladite organisation. C’est ainsi que les ministres en charge des Affaires étrangères se sont réunis le 30 novembre 2023 à Bamako, au Mali. Mme Olivia Ragnaghnewendé Rouamba du Burkina Faso, M. Bakary Yaou Sangaré du Niger et M. Abdoulaye Diop du Mali ont ainsi examiné les recommandations issues des travaux des Experts tenus préalablement. Il s’est agi notamment pour les chefs de la diplomatie des trois pays d’examiner le processus d’opérationnalisation stratégique de l’AES ; de déterminer les aspects relatifs aux organes à mettre en place ainsi que l’articulation entre l’expertise existante et les acquis capitalisés par l’Autorité de Développement intégré du Liptako-Gourma et l’AES et d’accorder une attention particulière à la coordination de leurs actions diplomatiques et politiques ainsi que les questions de communication, en ces temps de guerre informationnelle.

Dans son discours à l’ouverture de cette réunion, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’extérieur, M. Bakary Yaou Sangaré a rappelé les relations séculaires, fraternelles et amicales qui ont toujours existé entre les trois pays et entre les peuples du Liptako Gourma. Pour lui, cette 1ère réunion des ministres des Affaires étrangères est un tournant décisif et historique dans la marche inexorable des peuples du Liptako Gourma vers leur indépendance véritable et leur pleine souveraineté. Il a ensuite souligné que la signature de la Charte du Liptako Gourma instituant l’Alliance des Etats du Sahel (A.E.S) traduit la détermination des trois chefs d’Etat de doter cette organisation d’une architecture institutionnelle pleinement opérationnelle.

« Sous le leadership du Général de Brigade Abdourahamane Tiani, du Colonel Assimi Goïta et du Capitaine Ibrahim Traoré, l’AES est en train de prendre son envol et rien ne peut l’arrêter», a déclaré sans ambages M. Bakary Yaou Sangaré et d’ajouter que l’espoir que suscite cette organisation va au-delà des peuples de l’espace Sahelien. « L’Afrique toute entière a les yeux rivés sur cette nouvelle dynamique de coopération stratégique basée sur les principes de souveraineté, d’intégration et de solidarité agissante », a-t-il estimé. En effet, en décidant de mutualiser leurs efforts, les trois pays entendent aussi prendre leur destin en main. Du reste, initialement limitées à la sécurité et à la défense, les compétences de l’AES ont été élargies aux domaines politique, diplomatique et au développement économique, conformément à la vision des trois Chefs d’Etat.

La ministre burkinabè des Affaires étrangères a abondé dans le même sens soulignant les défis communs auxquels les trois pays sont confrontés depuis plus d’une décennie, notamment sur le plan sécuritaire. « Des armées étrangères aux moyens colossaux ont été déployées, des stratégies endogènes ont été expérimentées, des rencontres sous régionales, régionales et internationales sur la question ont été organisées sans grand succès sur le terrain de la lutte contre le terrorisme dans notre région », a-t-elle rappelé. Elle a ajouté à cela le manque de solidarité évident des instances sous régionales et régionales africaines, beaucoup plus préoccupées à prendre des sanctions injustes et inhumaines contre les populations des pays en transition politique déjà durement éprouvées par les effets néfastes du terrorisme.

Mme Olivia Ragnaghnewendé Rouamba a souligné la clairvoyance des Chefs d’Etats des trois pays pour avoir mis en place l’AES et à travers elle, une architecture de défense collective et d’assistance mutuelle dont les premiers résultats se font déjà ressentir sur le terrain ainsi que l’atteste la reprise de la ville de Kidal par les FAMas.

Procédant à l’ouverture officielle de cette réunion, le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale a exprimé tout l’honneur que ressent le peuple malien de recevoir les délégations des deux pays frères. Surtout en cette période de l’histoire de la sous-région où la menace terroriste est élevée, nos pays, berceaux de cultures riches et de communautés diverses, ont été touchés par les actions des Groupes armés terroristes. « La réaction résolue de nos Armées nationales, leur dévouement indéfectible et leur courage ont été des piliers essentiels. C’est grâce à l’engagement de nos forces armées que des progrès significatifs ont été réalisés dans la restauration de la paix et de la stabilité. Nous leur rendons un hommage appuyé car ils incarnent la résilience de nos peuples et je m’incline respectueusement à la mémoire de toutes les victimes, civiles comme militaires, de la crise au Sahel », a déclaré M. Abdoulaye Diop.

Le ministre malien a insisté sur la nécessaire coordination sans faille et une collaboration étroite dans la lutte contre le terrorisme, tout en précisant que l’AES ne se limite plus à la défense et à la sécurité. « Nous aspirons, entre autres, à faire de l’AES un espace où l’indépendance et le développement économique dans toutes leurs composantes sont solidement ancrés. Nous parviendrons à l’atteinte de ces objectifs à travers, entre autres, la poursuite de nos concertations diplomatiques et politiques », a-t-il expliqué. Il a appelé ses pairs à démontrer ensemble que l’engagement des trois pays n’est pas seulement un acte formel, mais une promesse vivante. « Le monde regarde vers nous », fait-il observer.

Le ministre malien des affaires étrangères a aussi insisté sur les nouveaux paradigmes de coopération avec nos pays, notamment le respect de notre souveraineté pleine et entière, et le refus de tout diktat extérieur, d’où qu’il vienne.

Siradji Sanda (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org