18 décembre/anniversaire de la République du Niger : Grand discours du Chef de l’Etat attendu pour fixer les orientations de la transition
Dans quelques jours, le Niger célèbrera la date anniversaire de la proclamation de la République, une date symbolique, chargée d’Histoire et notamment dans ce contexte de révolution sahélienne où les Etats, enfin rebellés, aspirent légitiment à assumer leur souveraineté internationale retrouvée depuis des décennies mais confisquée au moyen de partenariats stratégiques que la France colonisatrice avait imposés à ses anciennes colonies pour les maintenir dans son giron, non sans tenter de montrer qu’elle est encore indispensable à ces pays de son ancienne zone d’influence qui seraient incapables de sortir de l’enfance. Depuis des jours que les débats dans le pays sont faits de questionnements, de doutes, de vives polémiques. Voici donc des semaines que les Nigériens sont assoiffés de la parole rassurante du Chef de l’Etat pouvant guérir leurs malaises intérieurs. Après plus d’un an, il n’est que normal de se demander où est-ce que l’on va et surtout quelles sont les grandes lignes de cette transition dont on ignore tout de la boussole. Ces préoccupations ne sont nullement l’expression d’une impatience chez ces Nigériens mais un désir de s’assurer qu’on reste sur la voie et que, comme au Burkina, l’on reste fidèle à la révolution entamée.
Au regard de cette situation malaisée qui s’installe, le discours prochain du Chef de l’Etat, Président du CNSP, le Général Abdourahamane Tiani, est très attendu pour s’exprimer sur des questions nationales d’intérêt majeur. Ce discours, pourrait ne pas aborder forcément le sujet sur la fin probable de la transition, même si, dans certains pays de l’AES, au Mali notamment, la question est revenue, imposée par un climat national gagné par certaines impétuosités que l’on a lu chez certains acteurs du pays, cela, non sans avoir dérangé. Au Niger, il y a d’autres qui ont voulu insidieusement glisser le sujet alors qu’il y a des questions plus importantes et, c’est pourquoi, l’on a toujours soutenu l’idée selon laquelle, l’on ne peut pas appliquer de manière uniforme et mécanique les mêmes recettes dans les trois pays, chacun ayant ses spécifiés, ses réalités propres dont on ne peut pas ne pas tenir compte si tant est que l’on voudrait réussir. A un certain nombre de sujets sur lesquels les Nigériens restent dubitatifs, le Chef de l’Etat, dans les synergies décidées par le CNSP, doit apporter des réponses claires pouvant lever les doutes et recréer le même ciment de la cohésion du peuple autour de la transition que les Nigériens se sont appropriée pour réussir à faire partir les troupes étrangères et même à légitimer le coup d’Etat apparu comme un immense besoin populaire.
Être politique…
Dans sa prochaine adresse à l’attention de ses compatriotes, le Président de la transition doit donc être très politique pour aborder des sujets éminemment politiques, on ne peut plus importants à remettre en confiance un peuple qui a commencé à douter. Par exemple, il pourrait communiquer sur la Coldeff et son travail, et donner des gages quant à ce que sa mission, d’intérêt public, ne saurait être sabordée et qu’il tient, lui et ses frères du CNSP, au nom de la patrie et de la parole donnée, à faire la lumière sur la gestion dont la transition a hérité et notamment par rapport à bien de dossiers connus de l’opinion. Le Chef de l’Etat doit donc aller plus sur ces considérations qui constituent aujourd’hui un certain nombre de préoccupations auxquelles ses compatriotes s’intéressent. La cohésion nationale autour du CNSP et de son président est d’autant belle qu’on ne voudrait pas voir ce formidable chantier de la vraie renaissance de notre pays s’effondrer.
Quelles orientations pour la transition ?
C’est à une telle question que doit répondre son speech du 18 décembre 2024. Au Niger, contrairement aux deux autres pays de l’AES, les institutions de la transition tardent à se mettre en place et, après plus d’un an, les Nigériens n’en savent rien encore de ce qui se trame. On ne sait pas, non plus, quand devra avoir lieu, le forum national qui devra débattre de toutes les questions nationales, et ce, sans qu’on ne sache aussi, avec qui, il devra être tenu. Le CNSP, a-t-il tant peur des vérités que les Nigériens pourront venir déballer pour expier leurs malaises ? Il est pourtant nécessaire de crever l’abcès sans quoi, on n’aura rien fait qui soigne ce pays de ses blessures. Mieux, le dispositif judiciaire mis en place, peut-il aujourd’hui rassurer alors qu’à la venue des militaires, l’on avait critiqué et même dénoncé certaines nominations que, pourtant, pour certains autres, les dernières promotions n’ont pas véritablement corrigées pour répondre aux attentes des Nigériens, un juge, même de bon coeur, ne pouvant que difficilement, par la neutralité qu’on lui recommande, faire justice quand, des situations font de lui juge et partie. Il est donc attendu de 18 décembre que le Chef de l’Etat donne enfin les grandes orientations de la transition pour apprécier ce que le CNSP et son gouvernement ambitionnent pour le pays. Parmi ces questions, forcément, il faudrait s’attendre à une annonce de recadrage de l’équipe gouvernementale pour avoir des acteurs capables de réfléchir pour refonder les domaines qui sont à leur charge et apporter de grandes mutations en cohérence avec l’esprit de la refondation entamée par les militaires au pouvoir.
La transition a donc besoin d’être orientée pour sortir de la navigation à vue que peuvent exploiter certains esprits malins dans le dessein malveillant de discréditer ses responsables. Une bonne communication est donc nécessaire à ce niveau pour qu’on sache exactement où on en est et où on va. Il est, pour cela, important de savoir les institutions à mettre en place, les responsables qui doivent les piloter. Puis, il est nécessaire d’en savoir sur les politiques énergétiques, agro-alimentaires, minières, sur les productions laitières et de viande à mettre en place ; les infrastructures économiques et routières à construire, tant d’autres choses qui, à terme, devront changer le pays et donner plus de qualité de vie aux Nigériens. Tant il est vrai que quelques décisions sporadiques, populistes, ne suffisent pas à rassurer quand, dans la durée, rien de structurel n’est mis en place pour enclencher des dynamiques transformatrices. Il faut repenser l’idée même de refondation.
Ali Soumana (Le Courrier)