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L'air du temps : Le Ramadan s’annonce, la surenchère aussi ! - Par Assane Soumana

Assane SoumanaA la veille de l’avènement du mois du Ramadan, les commerçants spéculateurs sont aux aguets pour guetter les moindres prétextes et opportunités pour renouer avec la surenchère. On a beau dénoncé et décrié cette pratique consistant à utiliser le mois saint du Ramadan pour amasser trop de bénéfices en provoquant une flambée mécanique des prix sur le marché. Déjà, on parle de la montée en flèche du prix du lait, dont le sac est allé de 40.000 F à 50.000 F chez certains grossistes. Comme on le sait, le mois du Ramadan correspond, aussi curieux que cela puisse paraître, à une période de surconsommation de certains produits alimentaires. Ainsi, pour des produits comme le sucre, les céréales, les produits laitiers, l’huile alimentaire, la volaille, la viande, les condiments et autres fruits et légumes, la demande se fait pressante et très forte sur le marché.

Et, comme l’occasion faisant le larron, les commerçants véreux aux dents longues ne se gênent guère pour entretenir de vastes spéculations autour de ces produits, la finalité étant de toujours faire grimper les prix. La tactique est connue, elle consiste généralement à créer sciemment une pénurie des produits, puis le tour est joué.

Le phénomène est tellement réel qu’à chaque fois, à la veille de l’avènement du Ramadan, les autorités compétentes prennent soin de convoquer les commerçants pour leur demander ’’À cause de Dieu’’, de ne pas céder à la boulimie de la surenchère. Hélas, passant outre les décisions prises par les autorités et les supplications des oulémas, les spéculateurs sans foi ni loi n’en font qu’à leur tête. Sachant que la spéculation est un acte fortement interdit par l’Islam, nos irréductibles ‘’chasseurs de riba’’ déroulent leur triste jeu, avec le jeûne…’’à la bouche’’. Dire qu’à l’appel du muezzin, ces derniers sont les premiers à envahir les mosquées pour se placer au premier rang des fidèles…

Le plus dangereux avec ce jeu de surenchère, c’est de constater qu’en général au Niger, quand les prix montent, même de façon circonstancielle, c’est pour ne plus redescendre. En effet, à  chaque fois qu’on assiste à une hausse de prix à la suite d’une situation de pénurie des produits, lorsque l’on revient à la normale, cette hausse demeure intacte et pour toujours. Du moins, jusqu’à la prochaine pénurie qui entrainera une autre hausse. Ce qui fait dire aux observateurs attentifs qu’au Niger, quand les prix grimpent, ils ne redescendent jamais.

Nous aurions voulu croire que le mois béni du Ramadan soit exempté d’un tel comportement assimilé à un grave péché. Hélas, ça n’a jamais été le cas et, cette année encore ce ne sera pas le cas. A moins que les autorités concernées par le système de régulation des prix sur le marché ne veuillent taper rudement sur la table pour leur imposer la loi de la sagesse et de la retenue.

Assane Soumana (ONEP)

27 février 2024
Publié le 03 mai 2019
Source : http://lesahel.org/