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Plaidoyer pour une approche stratégique sur le charbon au Niger : Par Ali ZADA

Ali Zada 02M. Ali ZADA, Expert en politiques publiques ; Enseignant à Swiss Umef University de Niamey.
Le débat en cours sur les réseaux sociaux relativement au projet de centrale thermique à charbon à Salkadamna me donne l’occasion de participer à partir d’un angle de vue différent de la seule problématique de la capacité de production d’’énergie qui divise l’opinion.

La controverse en cours porte sur la quantité de charbon en réserve sur le site de Salkadamna et son aptitude à soutenir une offre énergétique de 5200 MW sur 25 ans. Les experts en énergie ont confronté leur données. Mais pour moi, qu’il y ait assez ou pas assez de charbon pour un tel objectif, c’est moins la quantité d’énergie qui doit être indexée que le potentiel du minéral à offrir plusieurs autres choses que de l’énergie.

Mon angle de vue veut donc modestement mettre en exergue notre potentiel de charbon et offrir un panorama sur toutes les utilisation du charbon.

Il faut certainement plaindre que de vieilles données de l’ex-ONAREM (qu’il faut honorer à la mémoire des Nigériens), n’aient pu être réactualisées et surtout que la prospection n’ait pu continuer, car il semble de sources techniques officielles que la cinquantaine de millions de tonnes de charbon criée à Salkadamna ne concernait qu’une partie du gisement, l’autre partie, celle du Nord-Est restant à prospecter, les indices y étant présents.

Je ne sais pas vraiment comment qualifier une telle attitude. Le minimum eut été de redonner à l’organisme national de recherche géologique et minière le peu de moyens qu’il lui fallait pour poursuivre des travaux qu’il a brillamment initiés, pour en fin de compte avoir une appréciation exhaustive sur le dépôt de charbon. Cette petite initiative attend depuis plus de 30 ans que le charbon de Salkadamna fut découvert.

QU’EST CE QUI PEUT JUSTIFIER LE BLOCAGE DE LA PROSPECTION MINIERE AU NIGER ?
On ne peut pas éviter d’indexer des décennies d’un black-out français sur la recherche et la valorisation des ressources naturelles au Niger. Ce n’est point une manie de voir la main de la France partout. C’est une situation connue de tous les milieux techniques des mines. Pour la France, le Niger doit rester « spécialisé » dans l’uranium, comme la Côte d’Ivoire dans le cacao et le café, le Sénégal dans l’arachide, le Tchad, le Bénin, le Mali et le Burkina dans le coton, le Togo dans le phosphate, etc., pour ne point permettre à nos économies de se diversifier, pour nous maintenir pauvres et dépendants et pour réserver nos ressources aux générations futures de Français. Et la meilleure manière de promouvoir cette politique d’encerclement technique est d’entraver la recherche géologique et minière.

C’est ce qui explique que les 2/3 du territoire nigérien soit dans un document officiel, » classés « peu connus » au plan géologique et minier. Ainsi en est-il du Djado où l’or fut découvert par hasard, à fleur des alluvions. Pourtant, le Plan Minéral de 1984 y voyait par divers recoupements d’affirmations de géologues français en mission pour le Commissariat de l’Energie Atomique (CEA), des bancs massifs de gypse, de kaolinite, de phosphate (sans importance pour eux), outre les indices d’uranium et de cuivre qui étaient leur centres d’intérêts.

Pour aborder le vrai sujet, à supposer que nos experts nationaux en énergie ne se furent pas trompés pas en affichant un objectif de 5200 MW à Salkadamna, je pense que lancer la promotion d’un tel projet sans prendre quelques mois pour éventuellement ajouter aux réserves de charbon déjà connues n’est pas la meilleure manière de procéder. Certes la zone, de par l’insécurité grandissante, n’est plus accueillante pour des travaux de prospection et il est donc plus facile de se baser sur des données anciennes, mais si on pense y implanter une centrale à charbon, la problématique ne serait pas moins de mise. Si on pense pouvoir sécuriser un complexe thermique avec sa mine, sa centrale, sa cité ouvrière et ses lignes de distribution d’énergie, on doit pouvoir sécuriser à l’amont quelques équipes nationales de géologues le temps de mener leurs travaux.

Mais encore une fois, pour moi cela n’est qu’une facette du débat, car j’ai appelé dans l’intitulé de cet article à une approche stratégique sur le charbon au Niger.

LES CONTOURS D’UNE APPROCHE STRATEGIQUE SUR LE CHARBON
J’ai écouté un vocal dans lequel l’auteur disait que même 300 MW à Salkadamna seraient de trop pour le Niger à son stade actuel. L’auteur nous refuse inconsciemment toutes ambitions d’industries lourdes électro-intensives (acier, engrais, céramiques, chimie) et en ignorant la croissance démographique et l’urbanisation qui impacteront la demande en énergie.

Par approche stratégique j’entends la mise en avant du charbon pour solutionner non un problème sectoriel -l’énergie-, bien qu’elle soit structurante pour tous les secteurs, mais pour donner à la ressource la fonction qu’elle a revêtue dans tous les grands pays industrialisés en Europe occidentale et de l’Est, en Amérique, en Ex-URSS et en Fédération de Russie, en Chine, au Japon, etc.

En effet le charbon n’est pas qu’une source d’énergie. C’est une denrée naturelle aux vertus sans égal de par ses liens productifs et intersectoriels entre l’énergie, l’acier, les engrais, les acides humiques et fulviques, les produits chimiques, les amendements de sols, la vulcanisation du latex en pneus, le raffinage de l’or et du sucre, la pharmacie, etc.

C’est dire clairement que le charbon a beaucoup plus de potentiel que le pétrole et le gaz pour un pays qui en a abondamment (comme le Niger) et qui sait le positionner dans une perspective stratégique.

A mon humble avis, il faut donc penser une politique nationale du charbon avant d’engager des projets légués par l’investissement étranger, connu pour être peu soucieux d’intégration de ses investissements dans les pays d’accueil. Le charbon a développé tous les pays qui l’ont mis dans leur stratégie. Ne l’isolons pas de la nôtre.

Aucun pays n’a eu d’industries lourdes sans du charbon qu’il extrait localement ou qu’il importe, à proximité ou à des milliers de kilomètres. Le charbon et le fer furent les « deux mamelles » de la révolution industrielle. Nous avons au Niger ces deux ressources presque autant que tout autre pays. L’absence d’industries lourdes au Niger ne s’explique donc que par une défaillance historique des premières politiques industrielles.

LES DIVERS TYPES DE CHARBONS
Il y a au moins cinq types de charbons qui se différencient par leur taux de carbone et conséquemment leur valeur calorifique :

• L'anthracite (la meilleure qualité), sans aucun indice pour l’instant au Niger ;
• Les charbons bitumineux (Solomi, In Mériza) ;
• Les charbons sub-bitumineux (comme ceux d’Anou Araren, Salkadamna, Tagalel, etc.) ;
• Les lignites (dans les puits de la bande allant de Ouallam à Bouza) ;
• Les tourbes (comme celui de Kantari -Zinder- et du Dallol Maouri).

Après une phase d’évaluation du potentiel national, il faut passer à la seconde qui consiste à intégrer l’utilisation du charbon à toutes les fonctions qu’il possède. De la production de coke métallurgique à celle d’énergie électrique, différentes qualités sont requises.

Mais l’intérêt du charbon est que même ses qualités les plus basses (les lignites et les tourbes), ont des utilisations plus importantes que la production d’énergie et de coke. S’il faut des charbons bitumineux de type anthracite pour produire de l’urée (la Chine produit plus de 60% de son urée à base de cette qualité de charbon), il faut par contre simplement des lignites et des tourbes pour produire du ciment, des amendements de sols et des acides fulviques et humiques qui apportent de la matière organique aux sols qui en sont dépourvus. Et au Niger, ce ne serait pas une utilisation moins importante que la production d’énergie.

NOTRE POTENTIEL DE CHARBON
Il est donc temps de sortir des projets isolés (comme Salkadamna) pour penser en chaines de valeur du charbon. Le potentiel est là. On peut citer comme indices prometteurs :

• Solomi, dans le carbonifère, avec du charbon cokéfiable qui peut alimenter une aciérie ;
• Tagalel dans le Continental intercalaire dans la zone de Bouza, dont les échantillons ont prouvé une qualité supérieure au lignite d’Anou Araren (selon le Plan Minéral) ;
• In Mériza, à 140 km au nord-est de Filingué, dont un échantillon a donné 10 000 kg/cal et 60% de carbone (charbon potentiellement cokéfiable) ;
• Sanam, avec un indice de charbon pratiquement sans souffre ;
• Makani et Samari Maissosso (Ouallam), où des horizons de lignite se montrent propice à la production d’énergie ;
• Près de 60 forages de puits d’eau de la zone de Ouallam et de Tahoua où dans le Continental intercalaire, des indices de lignite furent trouvés ;
• Koulki Da Jini, dans le département de Tchintabaraden, avec un indice de lignite ;
• Etc.

On voit bien que dans des contextes géologiques différents, le pays possède des indices de charbon qui ne demandent qu’à être prospectés pour produire des données fiables sur le potentiel, avant tout élan de mise en valeur d’un site qui au demeurant pourrait faire partie d’une continuité géologique et de minéralisation. Il pourrait donc s’avérer que Salkadamna a la capacité de produire 5200 MW si une intense prospection ciblée de quelques mois ajoute à ses réserves déjà connues.

L’INDICE DE DE CHARBON DE SOLOMI
Le charbon de Solomi (département de Tchirozérine) pourrait porter les ambitions charbonnières du Niger mieux que n’importe quel autre site. Les Japonais l’ont découvert en cherchant de l’uranium. Ce que l’on en sait se trouve dans le rapport du cabinet canadien Cartier-Monenco dont je produis un extrait traduit de l’anglais :

« Solomi, à 40 km 17°37'0" N et 7°39'0" E d’Anou Araren, gisement important d'un charbon d'une qualité supérieure à 7 000 kcal/kg.

« La société d'exploration japonaise, Power Nuclear Company (PNC) avait déjà en 1982 et plus tard dans le cadre de leur exploration d'uranium, trouvé du charbon dans la zone générale de Solomi-Sekiret à des profondeurs allant jusqu'à 400 mètres.

« PNC a effectué des recherches d'uranium sur un réseau de forage de 5 km et, à plusieurs endroits, a touché des veines de charbon d'une épaisseur allant jusqu'à 7 mètres. Le charbon n'étant pas l'un des objets d'exploration de la société, peu d'informations sont disponibles sur la qualité du charbon. Les résultats des analyses d'un de leurs échantillons dont la localisation exacte est incertaine, ont indiqué que le charbon en profondeur semble être de très bonne qualité avec une teneur en cendres de 13,8%, une teneur en matières volatiles 36,2%, un carbone total 50%, un pouvoir calorifique de 7295 kcal/kg et de soufre 0,9 %. Cependant, plus d'informations seraient nécessaires pour une bonne qualité des analyses. Un calcul très approximatif estime que ce gisement pourrait contenir jusqu'à 2250 mégatonnes de charbon. Cependant, il ne serait accessible que par exploitation souterraine, une méthode peu économique à cet endroit à cette époque. En fonction de la conjoncture économique et si d'autres industries nécessitant de grandes quantités d'énergie s'implantaient dans la zone, ce gisement pourrait devenir exploitable, et serait également dans ce cas une bonne source de charbon pour la carbonisation. »

« Afin d’évaluer le potentiel du gisement de Solomi, le gouvernement du Niger a demandé au gouvernement japonais d'entreprendre une étude sur les possibilités d'utilisation du charbon de Solomi. En réponse à cette demande, une délégation japonaise a travaillé au Niger du 29 septembre au 10 octobre 1984, a visité le site de Solomi et a remporté avec elle des échantillons de charbon afin de les analyser dans ses laboratoires. La soumission de ces résultats devrait avoir été faite en avril 1985. »

C’est peut-être tout ce que l’on sait de Solomi. Les Français, je n’en doute pas pourraient avoir demandé aux Japonais de se taire sur le sujet, ainsi qu’ils s’emploient à intimider les Chinois sur Imouraren. Faut-il donc que le ministère des mines sorte pour éclairer l’opinion nationale et nous garder hors des approximations.

L’INDICE DE CHARBON D’IN MERIZA
A In Mériza, village situé à environ 140 km au Nord-Est de Filingué, le même rapport de Cartier-Monenco rapporte :

« Un puits a été creusé à In Mériza...

« Le travail de terrain effectué en 1997-89 a révélé l'existence de deux à trois veines de charbon sous un mort-terrain qui variait de 25 à 50 mètres. Les couches de charbon variaient d'environ 0,5 m jusqu'à 3,8 mètres dans des endroits. Il semblait y avoir une tendance générale pour les coutures et le mort-terrain s'épaissit en direction du nord.

« Au total, 112 échantillons de charbon ont été analysés en laboratoire tant en Niger et au Canada. Les analyses pour la région d'In Mériza ont indiqué que la qualité des différentes coutures variait. La meilleure qualité à une profondeur d'environ 30,5 mètres a donné sur la base du poids sec une teneur en cendres de 28,4 %, une teneur en matières volatiles 40,5 %, une teneur en soufre 2,75 % et une valeur calorifique à environ 4400 kcal/kg.

« Les analyses effectuées sur d'autres échantillons ont donné à certains endroits d’excellentes valeurs :

• La teneur en cendres étant aussi faible que 6,5 % ;
• Les matières volatiles jusqu'à 60% ;
• Le carbone fixe à 30% ;
• Le carbone total à 62% ;
• Le pouvoir calorifique jusqu'à 10 000 kcal/kg ;
• Le taux de soufre aussi bas que 0,24 %. »

L’INDICE DE CHARBON DE TAGALEL
Selon le Plan Minéral, l’indice de Tagalel (Bouza) se trouverait aux coordonnées suivantes :

• Longitude 6,311000 ;
• Latitude 14,762000.

« Deux échantillons de l’indice de charbon de Tagalel (Ader-Doutchi), analysés en France et au Canada, présentent les données suivantes :

En France les analyses auraient donné :

• Soufre : non connu ;
• Pertes d'eau : 20,5 ;
• Matières volatiles : 30,6 ;
• Carbone fixe : 39,1 ;
• Cendre : 42,1 ;
• Densité : 1,405 ;
• Pouvoir calorifique : 3790.

Au Canada les analyses auraient donné :

• Soufre : 3,1 ;
• Pertes d'eau : 16,9 ;
• Matières volatiles : 22,6 ;
• Carbone fixe : 40,5 ;
• Cendre : 36,5 ;
• Densité : non connu ;
• Pouvoir calorifique : 3670.

« L'échantillon analysé au Canada a été classé comme une houille bitumineuse moyenne avec un fuel ratio de 1,79 d'après la classification Internationale de Toronto de 1913.

Selon le Plan Minéral, ce charbon de Tagalel serait de meilleure qualité que celui d’Anou Araren.

Ma conclusion est que juste quelques mois de travaux de prospection nous rapprocheraient peut-être de la découverte de gisements de bons charbons à Solomi, In Mériza et Tagalel qui conforteraient le projet de centrale thermique et nous épargneraient une discorde technique.

PLUS QUE DES MINES DE CHARBON, NOUS AVONS UN BASSIN CHARBONNIER
Les mines géantes de Garzweiler et Hambach en Allemagne fournissent réciproquement 25 et 40 millions de tonnes annuelles de lignite de moindre qualité que ceux du Niger, pour produire une énergie essentielle à ce pays qui se refuse à quitter le charbon avant 2030. Dans ce pays le minéral voyage loin pour alimenter les centrales.

Armons-nous donc d’ambition en rêvant grand eu égard à notre potentiel, car au Niger, notre bénédiction est que nous n’avons pas que du charbon en quelques mines isolées. Non, dans ce pays encore « peu connu », nous avons un exceptionnel bassin charbonnier en forme d’un grand « Y » qui étend son tronc de Ouallam à Salkadamna et lance ses deux branches au nord jusqu’à Solomi (Tchirozérine) et à l’Est jusqu’à Bouza. Et en moyenne les minéralisations se trouvent entre 40 et 50 mètres, sauf à Solomi où le charbon est à 400 mètres sous terre. Mais quand on sait que des mines de charbon sont toujours actives à 1500 mètres au Canada et sous la mer encore, on ne peut se dire que notre potentiel est à fleur de terre. Je ne connais pas de dépôts charbonniers similaires à celui du Niger dans le monde. Aussi, un projet de centrale thermique à Salkadamna doit se baser sur le fait qu’il se situerait au cœur d’un grand bassin charbonnier de classe mondiale et que la connaissance de ce potentiel lui autoriserait d’ambitionner plus que 5200 MW.

Rêvons donc grand sur notre bassin charbonnier.

Donc, oui ! pour 5200 MW à Salkadamna, à condition de prospecter :

• Salkadamna peut produire 5200 MW en prospectant l’autre partie de son gisement, en recevant du charbon de Solomi ou d’In Mériza à moins de 100 km. Un bon charbon peut « voyager » en restant compétitif. Après tout l’Australie exporte du charbon en Chine, en le faisant voyager du gisement au port d’embarquement distant de plusieurs centaines de kilomètres ;
• Anou Araren peut accueillir une nouvelle centrale plus ambitieuse pour remplacer celle dépassée en utilisant du charbon de Solomi à moins de 100 kilomètres ;
• Solomi peut accueillir un site de 5200 MW et même plus avec le potentiel déjà connu ;
• Etc.

Il eut donc fallu intégrer l’ambition de produire de l’énergie thermique à charbon dans une vue plus large de fourniture du minéral et cela eut demandé un préalable de travaux de prospection, sans précipitation.

INTEGRER SALKADAMNA AUX AUTRES SECTEURS ECONOMIQUES
Le projet de Salkadamna fait sa promotion dans un contexte d’émulation intra-gouvernementale où chaque ministre fait du forcing avec ses équipes pour faire preuve de volonté politique et d’innovation stratégique pour apporter du changement dans son secteur.

Mais il faut déplorer le fait que tout le monde part en rangs dispersés, alors que la réussite de chacun dépend de sa participation à une stratégie d’ensemble. Le développement est partout la résultante de liens intersectoriels fonctionnels et des réformes de politiques publiques y conduisant. L’énergie électrique, les mines, l’agriculture, l’industrie, les infrastructures de transport et de communication, la formation technique et industrielle sont des secteurs intimement liés. Aucun d’eux ne pourrait se développer seul, sans une coordination stratégique avec les autres.

En positionnant Salkadamna sous cette perspective, on n’aurait pas besoin de vendre le projet à des pays voisins, car la demande nationale cumulée des divers secteurs en énergie eut justifié 5200 MW et motivé un mécanisme de financement n’ayant pas besoin des autres.

En outre, en matière d’énergie, l’offre créé la demande. La disponibilité d’une énergie abondante et bon marché stimule les initiatives industrielles et attirent l’investissement étranger.

AU FAIT DANS QUEL MODELE D’AFFAIRE SOMMES-NOUS A SALKADAMNA ?
Si comme on entrevoit sa queue, un partenaire stratégique chinois se trouve dans le projet, on ne sait pas encore en quoi les pays voisins participeraient à son financement. Et si ces pays voisins devraient être sollicités pour participer au financement du projet, on ne voit pas encore pourquoi le partenaire stratégique chinois figure sur la photo de famille. C’est mon humble point de vue d’ignorant des contours du projet.

Les projets de type Salkadamna sont d’ordre stratégique. Les pays les soulèvent et les portent seuls, contre vents et marées, en dépit de la jalousie des autres. Les autres y adhéreront quand le service est prêt, en négociant humblement un prix de cession et en finançant éventuellement des lignes de distribution qui mènent à eux.

Il semble donc plus judicieux de penser, je dirais de « repenser » notre Salkadamna national seul et nous donner les moyens (qui ne manqueront pas) pour le réaliser dans toutes ses capacités pour fournir de l’énergie à d’autres pays. Mais j’ai grand peur de nous retrouver en face d’un autre drame comme Kandadji.

POURQUOI NE PAS ALLER SUR LA PLANETE MARS ENSEMBLE ?
Vouloir fédérer des pays africains sans capacités financières particulières autour d’un projet soit-il structurant pour eux, n’est pas réaliste. En plus du manque de capacités financières, le Tchad, le Niger, le Burkina et le Togo n’ont pas d’atomes crochus pour s’accorder rapidement sur un projet de type complexe. Et au demeurant dans tous ces pays, nous avons les mêmes administrations publiques techniquement inefficaces sur tout ce qui demande du travail de conception, de par une lourdeur structurelle, une politisation handicapante qui écarte les compétences et un manque de motivation pour toute tâche qui n’est pas directement monnayable. Et l’ombre de l’ennemi séculaire colonial et des milieux écolo-mondialistes plane toujours pour décourager quelques parties.

Le problème de l’énergie au Niger recherche d’abord des solutions de court terme. Or, avec ces pays, nous serons partis pour des années de vaines attentes, pour peut-être nous retrouver seul devant le projet.

Aussi, proposer de construire ensemble une base sur la planète Mars eut été plus réaliste.

Ali ZADA
• Expert en politiques publiques ;
• Enseignant à Swiss Umef University de Niamey.