Le changement de paradigme économique dans les pays de l’AES, une réforme prioritaire qui tarde
Le changement de paradigme économique dans les pays de l’AES, une réforme prioritaire qui tarde
Je ne vais pas être long dans mon propos :
- Burkina Faso, Mali et Niger auront vécu plus de soixante années d’indépendance dans un système économique libéral qui à ce jour n’a produit qu’arriération économique, pauvreté généralisée et affaiblissement de l’Etat ;
- Pour mettre en chantier la transformation économique et sociale dans les pays de l’AES, les Etats doivent changer le modèle libéral structurellement inopérant en matière de développement.
- La réforme de paradigme consisterait à ramener l’Etat au service de la production de richesse, non en régulateur mais en acteur principal, notamment en créant des entreprises publiques dans tous les grands secteurs productifs (agriculture, énergie, mines, industries, construction d’infrastructures et autres services) pour poser un socle structurant pour l’économie. L’enjeu sera de doter les trois pays des principales denrées industrielles que tout pays doit produire pour espérer réussir sa transformation économique, notamment :
- L’énergie ;
- L’acier ;
- Le ciment ;
- Les engrais.
Chacun des trois pays de l’AES est doté des ressources naturelles nécessaires pour implanter ces industries structurantes. Ensemble ils pourraient même changer la donne sur l’offre internationale de ces denrées.
Que chaque pays créé sa monnaie nationale et se lance dans la révolution économique.
Qu’on ne se trompe pas. Aucun pays de l’AES n’a encore montré de preuve qu’il s’est positionné dans une perspective de transformation économique et sociale. Economiquement nos pays font du surplace sur fond de discours révolutionnaires.
Partout dans l’AES le discours sur l’économie est vieillot et sans ambition. Les rares actions sont hétéroclites, dispersées et dépourvues de vision. La sclérose économique a encore de beaux jours devant elle. Les élites qui parlent de faire du secteur privé le « moteur du développement » n’auront rien compris au mécanisme du développement. Qu’ils fassent un tour en Chine, en Russie, en Iran, en Inde, au Vietnam et dans tous ces pays où l’Etat planifie, finance et exécute avec brio la transformation économique, pendant que l’Afrique croise les bras devant ses ressources naturelles dans l’attente d’investisseurs étrangers.
L’Etat est une puissance infaillible dans la réalisation du développement économique. Il a tous les leviers en main pour le réussir. Il n’y a plus que chez les nègres d’Afrique qu’on parle de « pays pauvres », parce que c’est sur ce continent que l’Etat, cette efficace invention de l’humanité aura été détourné de ses objectifs de réalisation du développement vers des desseins de clans et de personnes.
Il faut ramener l’Etat à sa vocation de promotion du développement. Pendant six décennies il a été victime d’un « détournement d’objectifs ».
Goita, Traoré et Tiani, les peuples de l’AES attendent encore le véritable changement.
Ali ZADA
• Expert en politiques publiques ;
• Enseignant à Swiss Umef University de Niamey.